Dimanche de Pâques, les enfants sont dans le jardin pour chercher des Kinder et autres sucreries industrielles bon marché. J’ai évidemment passé l’âge de ce genre de chasse au trésor, ce qui ne m’a pas empêché ce matin de remarquer un étrange objet caché entre la ciboulette et le buisson de framboisiers. Un objet étrange, tout bleu, à l’esthétique léchée, mais totalement incongru dans un tel contexte. En m’approchant de plus près, j’ai deviné les contours d’un CD, qui n’avait évidemment rien à faire là. Et au lieu de le goûter comme un gros morceau de chocolat travesti en boitier plastique, je l’ai glissé dans mon lecteur. Grand bien m’en a pris, car si mon estomac s’est senti lésé, mes oreilles m’ont chaleureusement remercié.
BLACK DENIM RAGE a un patronyme pour le moins bizarre, mais sa démarche reste franche, et passionnée. Nous en venant de Lake Worth en Floride, ce quatuor dynamique (James "Speed Veteran" Balcazar - guitare/chant, Matthew "Thrashing Madman" Sanders - guitare, Tom Hernandez - basse et Shazam Humphrey - batterie) prône évidemment un retour aux sources d’un Thrash précis, saccadé, et gorgé de Speed Metal totalement affolé. Bien avant de pondre son premier longue-durée, le quatuor a d’abord pris le temps de s’installer, via une démo, un live et même une compilation. Mais aujourd’hui, l’heure est importante, et entre cacao pur jus et chocolat au lait fondu, BLACK DENIM RAGE utilise toutes les nuances d’une violence sympathique, que nos héros d’EXODUS n’hésitaient pas à définir comme du good friendly violent fun.
Punk, Thrash, Heavy Metal. Telles sont les trois composantes de State of Emergency, qui dans l’urgence tente de nous fédérer à la cause nostalgique, quelque part entre AGNOSTIC FRONT, EXCITER, SAVAGE GRACE et la NWOBHM. Un sacré melting-pot donc, pour un résultat en tout point homogène. Doués pour composer de petits hymnes à la gloire du mouvement Speed/Thrash des années 84/86, talentueux dans l’interprétation, les quatre américains nous offrent là l’un des manifestes les plus sincères de la vague old-school américaine. Un manifeste acceptant l’apport d’harmonies simples entre deux coups de boutoir d’une rythmique sauvage.
Inutile dès lors de s’attendre à une attaque sauvage ne faisant aucun prisonnier. Car si « Rage Militia » entame les hostilités pied au plancher, l’album trouve vite sa vitesse de croisière, entre Heavy accrocheur et accélérations qui tombent pile à l’heure. Il est donc tout à fait raisonnable de se laisser amadouer par un « The Last Breath » au mid-tempo martelé comme à la parade, d’autant que les soli se souviennent des tierces anglaises des années 80.
Ce qu’on ne peut nier aux américains, c’est leur façon de moduler la puissance selon l’effet recherché. Sans se caler fermement sur une ligne bien tracée, les floridiens testent un peu tout ce qui passe entre leurs mains, pour élaborer un cocktail revigorant et vivifiant. Esthètes de la recherche du passé loin d’être enterré, ils rivalisent de soin pour construire des évolutions logiques et addictives, et font preuve d’un panache indéniable au moment d’agencer les riffs et autres interventions en solitaire.
Un peu de MEGADETH brut de pomme, un poil de METALLICA jeune et fougueux, pas mal de références à la vague allemande de DESTRUCTION et LIVING DEATH, de l’envie, et une sincérité impossible à remettre en cause. Tel est le menu de ce State of Emergency qui nous rappelle les méfaits d’AT WAR et WARFARE, dans une version moins sommaire et adolescente. Le ressentiment est clair, les thématiques transparentes, entre conflit personnel et sociétal, pour une dénonciation d’une époque gangrénée par les disparités les moins excusables.
Un tel disque contribue certainement au réchauffement global de la planète. « Speed Overdose » fait d’ailleurs monter les degrés dans le rouge, avec ses licks virevoltant et ses BPM affolants. On sent l’énervement jusque dans les croches de caisse claire, et cette façon de modifier l’humeur d’un titre à l’autre confère à l’ensemble un parfum d’inédit dans la cohésion qui est décidément très agréable. Punk jusqu’au bout des ongles peints de Metal, BLACK DENIM RAGE attaque sans cesse les sens, et pousse à réfléchir à l’état de santé d’une société totalement dominée par ses instances dirigeantes.
« Street Metallians », bataille rangée de rue, « Scare Tactics », manifestation enragée contre un gouvernement complice de ses propres inégalités, cœurs d’enfants de chœur abusés par le curé, tout est en place, tout est exploité au maximum, et si le spectre de RAVEN se laisse parfois apercevoir entre deux couloirs, l’identité propre de ce premier album ne fait aucun doute.
Pendant quarante minutes, les américains nous bombardent de souvenirs violents, se souviennent du Crossover de D.R.I (« Black Denim Rage »), avant de quitter la scène l’air guilleret et satisfaits du travail bien fait. Un premier album enthousiaste, qui n’affiche qu’un seul objectif : vous faire plaisir dans la démence sans oublier de dénoncer quelques problématiques d’usage. Concerné et impliqué, BLACK DENIM RAGE aborde le Thrash comme le faisaient nos héros Hardcore des eighties, la rage au ventre et les slogans plein la tête.
Le lapin de Pâques n’a dès lors plus qu’à ranger sa fourrure, et se fourrer ses chocolats dans l’oignon. Pas élégant certes, mais clair.
Titres de l’album:
01. Total Riot
02. Rage Militia
03. Chemical Bullets
04. State of Emergency
05. The Last Breath
06. Speed Overdose
07. Street Metallians
08. Scare Tactics
09. Curfew City
10. Black Denim Rage
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09