On a beau se la jouer puriste et dire à qui veut bien l’entendre que plus rien ne peut arriver à la cheville de Rude Awakening (fans tardifs, acceptés, mais avec des pincettes), de Prove You Wrong (fans des années major, plus intégrés) ou de Force Fed (les vrais de vrais, qui se reconnaissent entre eux), chaque album de PRONG est une sacrée surprise qui génère un enthousiasme adolescent, alors que le trio/quatuor était encore en pleine gloire. Underground certes, mais gloire quand même. Depuis Scorpio Rising, PRONG fait avec ce qu’il a, c’est-à-dire Tommy Victor et ses sidekicks, et s’en sort plutôt pas mal, même si chaque nouvelle entrée est rangée aux côtés de la précédente assez rapidement. On ressort alors Beg to Differ, et on se souvient de cette froideur originelle, ce cette façon de jouer l’Indus comme du Metal lourd, et on se rappelle surtout du nom de ces trois héros rythmiques.
Tommy Victor, Ted Parsons et Mike Kirkland.
Ce trio avait quand même de la gueule. Et si Tommy s’est toujours arrangé pour se faire accompagner par des musiciens plus que capables, ces trois noms restent les dépositaires du secret de la salsa, telle qu’elle était servie dans les années Pigot.
Aujourd’hui, Tommy partage les duties avec Jason Christopher (basse) et le petit nouveau Griffin McCarthy (batterie). Ça n’a pas la gueule de certains line-up du passé, mais ça tient la route. Suffisamment en tout cas pour proposer de nouveaux albums, comme ce State Of Emergency qui une fois encore, nous a donné des suées à priori, et évidemment, des déceptions à posteriori. Ce qui est inévitable après tant d’années de carrière et tant d’albums devenus iconiques.
Allons-y franco. State Of Emergency est solide, mais finalement, très prévisible, et très linéaire. Même si Tommy a encore sorti de sa guitare des riffs magiques, même si son chant devient plus agressif avec le temps, le tout sent méchamment le réchauffé, et les restes sont parfois un peu brûlés. Cet avis peut sembler un peu abrupt et fondé sur un nombre d’écoutes insuffisant, mais il est pourtant réaliste. Une fois encore, Tommy a assuré le service minimum, surfant sur le groove pour mieux plomber le tableau, guère réjouissant à la base. On sent bien que le guitariste/chanteur dénonce avec autant de virulence les travers (nombreux) de son époque, mais malheureusement, le résultat n’est toujours pas à la hauteur des (hautes) attentes.
Et après tout, comment accepter ça de la part d’un homme qui a pondu des trucs aussi légendaires que « Snap Your Fingers, Snap Your Neck » ou « Beg to Differ » ?
Admettons que nous n’avons pas le choix, et qu’il faut accepter ce qu’on nous sert sans trop faire la fine bouche. Après tout, comme tous les autres, PRONG a le droit de s’asseoir sur son trône sans avoir à justifier de son rang.
Mais.
Mais une resucée qui a le méchant gout d’un disque d’inédits de KILLING JOKE n’est certainement pas le meilleur moyen de s’assurer de la fidélité de ses sujets. Sujets qui trépideront certainement à l’écoute de certains morceaux de ce nouveau discours, tous taillés pour la scène ou le répertoire fera encore des miracles. La guitare de Victor a toujours cette précision diabolique qui donne le sentiment d’avoir été perfectionnée dans une industrie Metal de haut niveau, la gravité est toujours reine, et la souplesse effective, grâce au talent de cogneur de Griffin.
On reprochera à la basse son manque de rondeur et de sensualité froide, mais on louera le caractère ombrageux du fulgurant et glacial « Light Turns Black ». On pointera du doigt le pilotage automatique, mais on s’accordera du caractère transgénérationnel d’un « Obeisance », acmé d’un disque qui a beau tourner en rond, mais qui tourne quand même rond. On se dira même que certains chapitres mériteraient de figurer sur une éventuelle anthologie, mais on finira par comprendre que tout ceci est vain, et qu’il vaut mieux mettre les souvenirs dans le sac à dos pour mieux avancer lors de cette randonnée un peu trop sage et programmée.
C’est évidemment bien meilleur que certains treks proposés par des concurrents moins habiles, la production est sans aucun doute possible efficiente et brillante, les quelques trouvailles en aération habiles (« Disconnected », merci Youth et Jaz Coleman encore une fois), et l’ensemble décoré de quelques ornements modernes, sans paraître trop opportuniste.
Mais rien ne vient vraiment nous tirer vers le haut, comme tout ce qu’a produit le groupe depuis l’orée des années 2000.
La nostalgie a ceci de cruel qu’elle tue le présent d’une comparaison avec le passé, même fugace. PRONG n’est plus cette nouveauté excitante réconciliant les amateurs de Metal, d’Indus, de Thrash, de Hardcore et de Crossover. PRONG est juste devenu un monstre sacré comme un autre, capable du meilleur, rarement du pire, mais souvent du médium, ce qui est le cas sur ce State Of Emergency qui n’a rien d’urgent.
Un nouveau disque très agréable pour les oreilles, qui caresse dans le sens du poil, qui ose un minimum de risques avec une reprise incongrue de RUSH (on peut difficilement imaginer plus éloigné de PRONG que RUSH), et qui s’en sort plutôt pas mal, évitant une fois encore les sujets qui fâchent et les défis lancés à soi-même. Mais écoutez ce disque comme vous avez écouté les précédents. Il vous satisfera sans aucun doute possible, puisqu’il est épais, solide mais modulé, et joué avec une conviction indéniable.
Ecoutez le l’esprit vierge, comme si ce nom mythique vous était inconnu. C’est vraiment la meilleure approche à avoir, quand on sait pertinemment que les tuteurs d’antan ne peuvent plus vous nourrir de force pour vous ouvrir les yeux sur une époque parfaitement ignoble et propice à toutes les peurs.
Prouvez-moi que j’ai tort. J’invoque mon droit à la différence.
Titres de l'album :
01. The Descent
02. State of Emergency
03. Breaking Point
04. Non-Existence
05. Light Turns Black
06. Who Told Me
07. Obeisance
08. Disconnected
09. Compliant
10. Back (NYC)
11. Working Man (RUSH cover)
J'ai toujours trouvé ce groupe "moyen".
A l'écoute de cet album, c'est une nouvelle fois ce que j'en pense.
Pareil je n'ai jamais compris leur "succès" (tout est relatif). Du sous Pantera de chez wish. Après, à leur débuts étaient-ils peut-être très bon sur scène... chais pas.
Ah non il y a quelques bons albums chez PRONG quand même, après ça avait une réputation de groupe à part avec une forte présence scénique. Le haut du panier des groupes que l'on écoute lorsque l'on veut creuser un style, pas le premier auquel il faut se frotter c'est certain.
Du "sous-pantera" ? Des albums comme BEG TO DIFFER ou CLEANSING valent bien n'importe quel album des alcooliques texans.
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Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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