C’est un déluge de sextolets qui nous accueille à froid sur le premier album des américains de STEEL IRON, et immédiatement, on est saisi par le potentiel des musiciens qui nous en mettent plein la vue façon DRAGONFORCE. Mais sous ses atours hyperactifs et hyper techniques, ce premier album peine à cacher la pochade Metal qu’il est réellement. Mais les amateurs de série B et de films américains des années 80 auront immédiatement saisi la référence de cette sublime pochette en se souvenant du magnifique National Lampoon's Vacation de Chevy Chase, estampillé 1983. Le trip musical prend alors une toute autre tournure et nous embarquons dans le RV de ces cinq olibrius le sourire aux lèvres, certain de se plonger dans un magical mystery tour dans le Wisconsin.
Dustin Vacuum (basse), Michael Jon Snow (guitare), Alexander von Stradivarius (guitare), Kristofer Thunderdorf (chant), et Eriko McSteng (batterie), ont beau se présenter sous un jour plutôt rigolo, ils n’en restent pas moins de redoutables musiciens, et d’habiles compositeurs. Mais après tout, on ne se lance pas dans le Comedy Metal par hasard, si l’on veut faire les choses correctement. Et à l’image des comiques du Saturday Night Live, ces cinq marsouins originaires de Milwaukee ont un sacré talent pour nous délier les zygomatiques tout en provoquant un headbanging furieux.
Musicalement, STEEL IRON et son nom en pastiche des plus ardents défenseurs du True et Power Metal, propose une sorte de Thrash étrange, hautement mélodique, comme si les MUNICIPAL WASTE étaient soudainement menés par Brian Ross. D’ailleurs, le groupe se sert de cette particularité dans sa bio, qui annonce fièrement la couleur :
« Some say we play thrashy power metal. Some say it's powerful trash metal. Whatever it is, one of us is usually wearing spandex. 100% not non-unserious at all. »
De là, Power, Thrash, Metal tout simplement, on s’en cogne du moment que la musique soit bonne et qu’elle sonne, sonne, sonne. Et de ce côté-là, pas d’inquiétude à avoir. Sans se foutre de la gueule du monde, STEEL IRON se propose de repasser vos t-shirts Metal avec un bon fer bien chauffé à blanc, et cet album est une mine de joie de vivre et de jouer un Metal débridé, mais redoutablement bien pensé et agencé. Sous leurs airs de joyeux drilles, les américains n’ont donc pas travaillé par-dessous la jambe, et ont accouché d’une œuvre qui fera bien des jaloux, spécialement dans les rangs du Power Metal, genre se prenant trop au sérieux. Ici, le sérieux est appliqué à l’instrumentation, devant autant à MANOWAR qu’à SCANNER ou SATAN, voire même BLIND GUARDIAN ou DRAGONFORCE. Du Metal à fond les ballons qui en prônant la satire, provoque un enthousiasme certain chez l’auditeur, qui sent que pour une fois, on ne le prend pas pour un crétin avide de clous et de dragons éventrés par un preux chevalier.
L’humour n’est donc pas une simple couverture pour pallier un manque de talent, mais bien une plus-value qui rend ce disque encore plus indispensable. Et si les passionnés auront évidemment pigé toutes les références et les jeux de mots, entre les clins d’œil à PANTERA (« Reironing the Steel »), à EUROPE (« The Initial Countdown »), BOSTON (« More than a Steeling »), les néophytes sauront apprécier ce trip aux frontières du Metal, qui se montre généreux en refrains fédérateurs et en couplets hargneux. Entre Thrash vraiment fumeux (« Spread Eagle (Heartborn) », ou Power Metal vraiment énervé, au choix, « To the Hilt », sacrément secoué par les puces), Heavy Metal tirant sur le Power vraiment entraînant et coloré (« Elves »), Steel Iron - The Album est une sacrée réussite qui prouve que l’on peut déconner tout en jouant une musique appliquée et débridée, ne reposant pas seulement sur des puns hasardeux et des attitudes gentiment potaches.
Les parties de guitare de Michael Jon Snow et Alexander von Stradivarius, la très solide rythmique du tandem Eriko McSteng/Dustin Vacuum, et ces nappes de chant qui se superposent font de ce premier album un véritable festival, une féérie pour les oreilles, et un voyage dans l’inconnu qui réserve de nombreuses surprises. On est ainsi choqué par la violence soudaine de « Reironing the Steel », tranche de vie qui permet à Kristofer Thunderdorf de beugler comme un vrai thrasheur, avant d’être délicatement bercé par « Steel Iron Redux ».
Alors les mecs, même si vous jouez les gentils allumés sur votre Bandcamp (« Nous écrivons des chansons sur tous les thèmes importants : les femmes, la bouffe réchauffée au micro-ondes, l’excès de boisson, les épées et les fourreaux comme métaphores sur le sexe »), vous ne dupez personne. Vous êtes des gens très sympathiques, très drôles, mais aussi plein de flair et d’une honnêteté artistique indéniable. Ah, et votre fausse/vraie reprise de BOSTON est vraiment savoureuse, et largement moins niaise que l’originale.
Titres de l’album:
01. Spread Eagle (Heartborn)
02. To the Hilt
03. Elves
04. Dragonwolf
05. The Initial Countdown
06. Reironing the Steel
07. Steel Iron Redux
08. More than a Steeling
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