Et là le fan lambda un peu inattentif sourira jusqu’aux anges de découvrir que son groupe préféré sort un nouvel album. Il l’écoutera religieusement, certainement ravi de retrouver une impulsion Punk perdue depuis les débuts du groupe, avant de tiquer un peu et de se dire qu’il a déjà entendu ça quelque part. Il réécoutera avec attention, fera un peu gaffe au titre des morceaux, et réalisera qu’il s’est collé entre les feuilles un album qu’il connaît sans doute par cœur depuis vingt ans…Et le pire, c’est qu’il n’en voudra absolument pas à Mike de ce subterfuge un peu grossier, qui sous couvert de jeux de mots lui refourgue un disque qu’il possède déjà, réemballé dans une nouvelle pochette, réarrangé avec de nouveaux musiciens…Et il aura parfaitement raison. Alors mettons les choses au point tout de suite pour éviter la moindre confusion, non, philosophiquement parlant, STill Cyco Punk After All These Years n’est pas un nouvel album de SUICIDAL. Il n’est rien de moins que le premier album solo de Mike Muir, Lost My Brain! (Once Again), retravaillé à la sauce Still Cyco After All These Years, avec des morceaux d’époque enregistrés avec des musiciens d’aujourd’hui, histoire de faire avancer le schmilblick un peu plus loin. Alors certes, et en partant du principe que le gros Mike n’avait pas envie de retourner en studio, on peut prendre la chose comme un beau paquet cadeau. Et en passant dire merci au nouveau batteur intérimaire de faire office de catalyseur créatif auprès de son nouvel employeur/collaborateur. Car c’est sous la pression d’un Dave Lombardo trop heureux de taquiner ses baguettes que Muir a accepté de faire l’aller-retour histoire de revenir avec un produit neuf sous le bandana. Et nous voilà donc avec le dit paquet sous le bras, et dans les oreilles, en guise de nouveau LP qui en est un sans en être un. De là, une seule question se pose, puisque la légitimité d’inédit de l’objet a été balayée d’un revers de fait. L’entreprise valait-elle le détour, et le disque en question le temps passé à l’écouter ? La réponse est simple. OUI. Un oui massif, et ce pour plusieurs raisons.
D’une, le fait d’avoir confié à un line-up irréprochable le soin de foutre un coup de torchon sur la poussière de la table. L’opération remise au goût du jour est une vraie réussite, et pour peu que l’album de l’époque soit passé à côté de vous comme un gamin en skate passe à côté d’une bagnole, on croirait entendre un nouveau SUICIDAL TENDENCIES, flambant neuf, et exempt de tout reproche. Production idoine, ample mais un peu sèche, qui convient parfaitement au feeling Punk des originaux, pour une relecture professionnelle bénéficiant du talent des instrumentistes impliqués. Mike évidemment, toujours en verve, Dave bien sûr, le kit déchaîné et complètement Hardcore, mais avec toujours ce coulé qui n’appartient qu’à lui, et des guitares, beaucoup, tranchantes mais fluctuantes, directes mais louvoyantes, Punk, mais carrées. Si à l’époque, on retrouvait des cadors de la trempe de Steve « Sex Pistols » Jones, Adam Siegel ou Dave Kushner, on tombe aujourd’hui sur Dean Pleasants, Jeff Pogan et Ra Diaz, soit l’instantané 2018 d’un groupe existant depuis l’orée des années 80, et une formation digne des plus grandes années du combo. Et si depuis Pogan a quitté le navire au nom des sempiternelles divergences personnelles, et sera remplacé par Ben « Dillinger » Weinman sur la tournée à venir, c’est bien lui qui assure les parties rythmiques sur cet album, lui conférant une assisse Punk/Hardcore de première bourre. Une fois la question des musiciens évacuée, précisons quelques trucs. D’abord, que les morceaux que l’on retrouve ici sont quasiment les mêmes que sur l’original, à l’exception des deux derniers, « Cyco Miko Wants You » et « Ain’t Mess’n Around », presque passés à la trappe, puisque le premier des deux connaît une seconde jeunesse sous l’appellation « Sippin’ From The Insanitea », avec de nouveaux lyrics. Ensuite, que ces morceaux, bien que similaires à leurs modèles, sont transfigurés, et permettent enfin d’apprécier une œuvre qui fut en son temps légèrement conspuée et conchiée, pour cause de bâclage, et d’anecdotisme flagrant.
Il fut reproché à l’époque à Mike, une certaine complaisance, du fait de l’arrêt brutal des activités de ST, après des œuvres légendaires de la trempe de Lights, Camera, Revolution et The Art of Rebellion. Le très, très moyen et léger Suicidal For Life ayant plus fait office de notice nécrologique aussi Punk qu’un hipster perdu dans un concert des BB BRUNES, le public et la presse avaient eu la dent dure envers ce premier album solo, arguant du fait que Mike faisait gentiment le malin après avoir serré la main de Steve Jones, ne signifiant plus grand-chose à l’époque en termes de Punk. De fait, et se basant sur des morceaux aussi rétrogrades qu’une balade dans le quartier de son enfance, la curée fut féroce, et le pauvre Mike regretta sans doute son mouvement d’échiquier, puisqu’il reforma ST peu de temps après pour corriger son erreur. Sauf qu’on se rend compte aujourd’hui que les titres de Lost My Brain! (Once Again) étaient tout sauf bâclés, et semblaient au contraire faire preuve d’une nostalgie tout à fait pertinente, et d’un flashback nous ramenant aux premières heures du Punk Hardcore californien, joyeux, exubérant, mais aux mots affutés et aux slogans réputés. Et le fait d’avoir permis à ces chansons aujourd’hui de bénéficier d’un soin particulier les révèle sous leur vrai jour, et nous déroule le tapis sous les roulettes, nous entraînant dans un backflip dans le temps aussi bon enfant que cathartique. Alors, certes, la nouveauté n’est pas vraiment réelle, mais le line-up du moment s’étant tellement bien approprié les chansons qu’on peut bien jouer le jeu et pogoter un peu.
D’abord, parce que trouver sur un même disque les noms de Mike Muir, Dave Lombardo et Dean Pleasants est un bonheur accessible qui ne se refuse pas. Les trois ensemble semblent complètement euphorisés, et décuplent l’effet initial de titres qui ne demandaient que ça. Les parties initiales de Greg Saenz se voient presque ridiculisées par le jeu fluide mais percutant de Dave, qui semble si heureux de jouer cette musique épidermique qu’il en relifte presque sa frappe, lui conférant l’aura brutale mais joyeuse qu’un disque de Punk/Hardcore nécessite. Quant aux soli de Dean, inutile de tomber dans le dithyrambe, puisque tout le monde connaît le talent du bonhomme, resté intact et crazy après toutes ces années. Du coup, et après analyse des données, on se retrouve presque face à un « nouvel album », tant les lignes rythmiques, le chant de Mike, et l’allant de l’ensemble adaptent les standards d’époque de Lost My Brain! (Once Again) aux exigences contemporaines, et permettent à cette escapade en solo de devenir partie intégrante de la grande saga SUICIDAL TENDENCIES. Tout n’est toujours pas parfait évidemment, et les morceaux les plus faibles de 1996 ne sont pas forcément les plus conséquents d’aujourd’hui, mais il est tout de même difficile de faire la fine bouche face à cette débauche d’énergie Punk, qui l’est d’ailleurs beaucoup plus qu’il y a plus de vingt ans. On pourrait presque croire à l’inédit sorti des tiroirs pour l’occasion, même si la percussion des premières années de Venice semble loin derrière, et beaucoup plus tranquille aujourd’hui. Mais on imagine sans mal comment ces chansons vont s’intégrer à merveille au répertoire du groupe lors des concerts annoncés, qui seront en outre explosés de la présence de Ben Weinman à la guitare. Vous imaginez le tableau ? SLAYER, SUICIDAL et DILLINGER ESCAPE PLAN sur la même scène ? Je pense que personne n’aurait pu rêver ça il y a quelques années. Mais c’est aussi ça le pouvoir de Mike. Rassembler autour de lui des musiciens sur qui le temps n’a pas de prise, pour peu que la passion et le fun restent intacts. Et sur ce STill Cyco Punk After All These Years les deux répondent présent.
Titres de l'album :
01. I Love Destruction
02. F.U.B.A.R.
03. All Kinda Crazy
04. Sippin’ From The Insanitea
05. It’s Always Something
06. Lost My Brain…Once Again
07. Nothin’ To Lose
08. Gonna Be Alright
09. Ain’t Gonna Get Me
10. All I Ever Get
11. Save A Peace For Me
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