Les blackeux aiment bien se regrouper en groupuscules. On se souvient de l’Inner Circle norvégien de triste mémoire, entre églises brûlées et homosexuels poignardés, mais parfois, le côté artistique prend heureusement le pas sur les exactions puériles et impardonnables…Le débat est-il pour autant d’importance ? Pour situer le contexte oui, puisque le groupe/projet du jour fait lui-même partie d’un ensemble encore plus grand que lui, le Black Plague Circle, qui compte dans ses rangs NIGRUM IGNIS CIRCULI, DEATHCIRCLE, NITERIS, CAVE RITUAL et OBSKURITATEM, et bien sûr, VOID PRAYER, nos sujets du jour.
Ce trio (K – chant/basse/mixage/mastering, H – guitares et O – batterie et artwork) nous vient de la contrée éloignée de Bosnie-Herzégovine, territoire peu connu pour ses digressions métalliques, mais qui pourrait bien trouver aujourd’hui une exposition qu’il mérite amplement.
Via ce premier album assez étrange en soi, ce groupe plus ou moins obscur (plutôt plus que moins d’ailleurs) nous propose ses vues sur un BM très cru et pourtant ambiancé, assez proche d’un Raw Black étudié, mais ayant gardé prise sur des structures légèrement « progressives », malgré un aspect très brut et lancinant.
Fasciné par les pathologies mentales et surtout les psychoses, VOID PRAYER explore les tenants et aboutissants des maladies mentales au travers d’une musique hautement abrasive, qui ne rechigne toutefois pas à incorporer quelques mélodies décharnées pour matérialiser une désolation de l’âme que la solitude ne saurait expliquer complètement.
Si leur style les rapproche de leurs frères d’armes, ils possèdent néanmoins une identité assez affirmée, s’inscrivant dans un contexte artistique d’ensemble, que la crudité domine de ce son si sec et décharné qu’on penserait parfois émaner d’une vieille crypte abandonnée ou d’une caverne isolée.
Pour autant, inutile de vous attendre à une énième variation sur un même riff faisandé et répété jusqu’à l’écœurement, puisque ce LP initial ose des changements de ton et des breaks pas forcément prévisibles, qui permettent une écoute attentive et absolument pas roborative. Certes, la violence est omniprésente, et le BM des bosniaques se veut traditionnel dans le rendu, avec cette petite touche excentrée qui leur permet de se différencier de la masse. Pas mal de grésillements, du feedback plus ou moins sous contrôle, et une ondulation de rythmiques qui oscillent entre procession lente et cavalcade épidermique, pour passer d’un BM doomy à un BM creepy, dont l’horreur latente est accentuée par les grognements sourds et lointains de K, qui se veulent réminiscences d’ABRUPTUM, de DARKTHRONE, et des premiers BATHORY.
On sent même sur certains morceaux l’influence d’albums comme Panzerfaust, notamment sur le disharmonique « Stillbirth From The Psychotic Void », qui emprunte les divagations hors de gamme des guitares qui geignent leur douleur sur un tapis rythmique pas forcément toujours calé sur le beat. Mais cette atmosphère sied admirablement à des morceaux qui se veulent malaises illustrés en chaos, et admettons que dans le rôle de patients d’un hôpital psychiatrique imaginaire, les trois membres de VOID PRAYER sont particulièrement crédibles.
Et après une intro au piano sépulcral très bien troussée, les portes s’ouvrent devant vous, vous laissant pénétrer un monde maladif, ou tout espoir de guérison semble proscrit à jamais…
« A Portal Into Nothingness » vous prévient d’ailleurs que vos prochains pas pourraient très bien vous emmener un peu trop loin, de son maelstrom de sons horrifiques qui une fois assemblés prennent des airs de symphonie maudite à base d’électrochocs et autres traitements douloureux, qui laissent l’esprit en miettes d’un BM très scandinave dans l’esprit, mais surtout attaché à ses racines de nihilisme et de solitude choisie.
Un BM aussi très abimé par les prescriptions massives, à l’image sonore d’un traumatique « Semblance of The Abyss », qui propose des thèmes parallèles ne se recoupant que par intermittence. Une fois de plus, la batterie semble se détacher des débats pour avancer comme bon lui semble, alors que la basse peine à se faire entendre au-delà des fréquences d’une guitare irrémédiablement acide.
Mais en termes de créativité, les bosniaques ont pris soin de nous ménager des alternances assez intéressantes et très éloignées des turpitudes obsessionnelles et habituelles d’un créneau fort peu réputé pour son ouverture d’esprit.
Et si les morceaux sont longs, voire très parfois, les idées ne manquent pas, mais sont plus tordues les unes que les autres. Et de fil en aiguille de chirurgien, Stillbirth From The Psychotic Void prend des airs de voyage intérieur et d’introspection dans une psyché maladive, frisant parfois le point de non-retour absolu («Maelstrom Of Dismay », qui mérite amplement son nom, et qui nous étourdit d’un fast BM limite dérangeant, mais bizarrement envoutant de son absence de balises).
L’apogée de ressentiment est sans conteste atteinte lors du final « Lost Within The Walls Of Broken Dreams », où l’on sent l’âme se perdre définitivement dans l’incurable pathologie d’un esprit à la dérive, qui ne compte et ne pourra sans doute jamais revenir à la réalité. Rythme oppressant, litanie de guitare déprimée et éprouvante, et voix qui cherche son dernier souffle dans un râle en écho. Pas forcément réjouissant ni euphorisant, mais terriblement concret dans son approche d’une concrétisation de maladie mentale en « musique ».
« Musique » oui, car celle des VOID PRAYER garde prise avec une certaine réalité, comme un fil ténu reliant à la vie tout en menaçant de céder à la moindre pression. Nous quittons alors ce monde via le passage « The Book of The Mind », qui de ses volutes synthétiques délicates nous assure un transfert sans douleur vers un temps différent, où les mots n’ont plus cours…
Malgré son Black terriblement agressif, Stillbirth From The Psychotic Void ne tombe jamais dans le piège du minimalisme facile excusant la pauvreté d’inspiration. Cette inspiration est palpable et indéniable, et permet à ce premier album d’acquérir un statut enviable, et une stature respectable. Un disque qui s’inscrit dans la logique de son appartenance au Black Plague Circle, et qui ne renie en rien la parenté avec les autres ensembles de la congrégation.
Titres de l'album:
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