Alors que les suédois d’EUROPE étaient prisonniers du paradis dans les années 80, les finlandais de TANNA eux essuient une méchante tempête au même endroit, ce qui laisserait présager que cet espace mythique idyllique ne l’est pas tant que ça. Pourtant, les TANNA en ont déjà eu un aperçu, eux qui dans les années 80 ont mené une carrière confortable dans leur propre pays, se payant le luxe d’une tournée de plusieurs centaines de dates dont le fameux Coca Cola Tour. Car l’histoire de TANNA ne date pas d’hier mais bien des mid eighties, lorsque le combo sortait ses premiers albums, tous célébrés dans sa Finlande natale. Trois LPs parus presque coup sur coup, avec Unelmien Viidakossa en 1985, Live ! en 1986 et Onnensoturi en 1988, qui n’ont évidemment pas connu de rayonnement hors du pays mais qui restent des classiques Pop-Rock du froid encore de nos jours. Le sort du groupe est intimement lié à celui de son chanteur guitariste, Tapani Tikkanen, surnommé « Tanna », qui entre 1982 et 1984 officiait déjà au sein d’un ensemble professionnel, IC ROCK, avec deux albums au compteur. En 1984, le frontman décide de changer d’horizon, mais pas forcément d’orientation et fonde donc TANNA, qui restera debout quelques années, avant que Tapani une fois encore ne change son adresse musicale avec PRAYER, groupe responsable de trois albums, Wrong Address en 2005, Danger In The Dark en 2012 et Silent Soldiers en 2018. Tout ne marchait donc pas trop mal pour lui, mais pris d’un accès de nostalgie, le finlandais décida de reformer son groupe fétiche en 2019 pour continuer l’aventure, qui connait aujourd’hui un nouveau chapitre avec la sortie de ce Storm In Paradise.
Pour ceux connaissant les débuts du groupe, rien n’a vraiment changé en trente ans. On retrouve cette même propension à jouer avec la frontière séparant la Pop-Rock de l’AOR, ce qui pourra déstabiliser les fans de JOURNEY. Le finlandais est en effet fan d’harmonies douces, et même si la guitare est omniprésente (après tout, Tapani en joue aussi donc rien d’anormal), on retrouve cette ambiance chaleureuse si symptomatique des eighties, lorsque les néons de la nuit éclairaient un joueur de saxo illuminant les histoires d’amour impossibles. J’exagère un peu le cliché, mais il est certain que la musique de TANNA est d’une autre époque, et nous ramène des décennies en arrière, malgré un réel effort pour s’adapter à son époque en termes de standards de son. Et avec plus d’une heure de musique, Tapani n’a pas lésiné sur les efforts pour célébrer son retour en grandes pompes, mais à malheureusement pris un risque énorme qui ne s’avère pas totalement payant, et ce pour plusieurs raisons. La première est évidemment que l’album est trop long, et drivé par un mid tempo permanent qui ne permet pas de mettre les compositions en avant. Un sentiment de trop grande uniformité commence à nous rendre anxieux arrivé à mi-parcours, et on finit par se demander si la chanson qu’on est en train d’écouter n’est pas la même que celle que nous apprécions quelques minutes auparavant. Ensuite, le son de l’album est assez étrange, très étouffé, avec des graves qui peinent à s’imposer, et un chant qui ondule selon une trajectoire sinusoïdale. La voix de Tapani, agréable en début de parcours finit aussi par sonner un peu monocorde passée la première demi-heure, ce qui confère à l’ensemble une patine de bande originale de film estampillé eighties pas forcément agréable.
Néanmoins, entouré des bons musiciens (Jukka Ihme – guitare, Ville Hanhisuanto – batterie, Mika Pohjola – claviers et Jaakko Konttila – basse), Tapani Tikkanen peut laisser libre cours à son inspiration, qui retrouve l’essence de ses débuts. On se laisse facilement séduire par des tranches de vie comme le soft et velouté « On the Backstreets », qui rappelle le WHITESNAKE de « Is This Love » de sa rythmique souple et courbée, ou par l’euphorique et mutin « Like Kim Kardashian » qui de son solo harmonique d’intro évoque le soleil de la Finlande délocalisé en Californie. Toujours aussi à l’aise pour écrire des tubes calibrés, le finlandais recycle des recettes en vogue il y a quelques années, et retrouve les inflexions du Springsteen le plus radio friendly avec « Run like Hell Tonight », qui évoque aussi Henry Lee Summer ou Bryan Adams. Les tubes s’amoncèlent donc, qu’ils penchent plus du côté Rock que Pop (« Mysterious Fire » qui explose d’une humeur à la TOTO/SURVIVOR), où qu’ils rebondissent sur un tempo à la Michael Sembello (« Lonely Day »). Une grande qualité a donc été apportée à la composition, mais aussi aux arrangements, toujours précis et précieux, avec des claviers en appoint qui ne bouffent jamais l’agressivité de la guitare, et des nappes vocales en cascade de chœurs qui renforcent les chapitres les plus puissants et lyriques (« Old and Grey »).
De nombreux points positifs donc, et il convient d’aborder Storm In Paradise avec patience, pour mieux le découvrir par étapes, quitte à y revenir régulièrement pour découvrir ses chansons les plus élaborées. Certes, certaines auraient pu être laissées sur le carreau du studio tant elles ressemblent à d’autres plus inspirées, mais globalement, l’équilibre positif/négatif penche clairement du bon côté, et ce grâce à des titres plus profonds et moins faciles, comme ce final « Nights on the Road », nostalgique à souhait et à la basse rappelant Mike Porcaro. Pas vraiment Pop, tout juste Hard, mais totalement AOR, ce retour de TANNA ne mérite certes pas les gros titres des webzines, mais fera plaisir aux amateurs de mélodies soft et d’ambiances sensuelles et délicates. Une façon d’envisager l’AOR sous son angle le plus professionnel, et dommage pour cette production qui gâche un peu le plaisir.
Titres de l’album:
01. Storm in Paradise
02. Silhouettes
03. Run like Hell Tonight
04. Like Kim Kardashian
05. Hispaniola (Treasure Island)
06. This Town ain’t Big Enough
07. Mysterious Fire
08. On the Backstreets
09. Sharks in the Water
10. Lonely Day
11. Old and Grey
12. The Last Mile
13. Nights on the Road
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