Vous prenez un album de DEEP PURPLE, un morceau de SODOM, vous mélangez le tout dans un shaker prêté par Mika Luttinen, et vous obtenez un mélange détonant. Non, en fait, pas du tout, et si ces trois olibrius viennent de la région du champagne, ils proposeraient plutôt une cuvée de beaujolais, très jeune, très agressif et qui pique autant la langue qu’il ne bousille les neurones. Fondé en 2013, le trio maléfique CONQUERORS (Morty : guitare/chant, Anfauglith : batterie et Ottar : basse) n’en est pas vraiment à son coup d’essai, et franchit même avec Strombringer un nouveau palier dans le professionnalisme en abordant le virage délicat du troisième album. Sauf que - et je m’excuse d’avance pour ce langage ordurier - ces trois-là s’en battent les couilles d’être professionnels et de faire attention à la qualité de leurs produits : tout ce qui compte pour eux est de faire plus de bruit que les autres, de sonner plus passéiste qu’un patch de VULTURE, et de renvoyer les BEHERIT et PROTECTOR sur les bancs du conservatoire.
Aussi fin qu’un saucisson acheté dans un supermarché, aussi goûtu qu’une bonne piquette volée dans une supérette, et aussi fun qu’une soirée passée entre potes sur un parking quelconque, Strombringer est bien plus qu’un album, c’est une ode à la spontanéité crasse, à l’imbécillité adolescente, à l’ultraviolence paillarde, et un hommage à peine déguisé aux rois et princes des années 90.
Le genre de truc à faire passer les BULLDOZER pour des jazzmen, à travestir les SABBAT japonais en gentilles geishas nounous des BABYMETAL, et qui salit tout sur son passage, même les amours les plus pures. En prenant grand soin de radicaliser leur musique, les trois amis nous offrent l’exutoire le plus efficace du marché, le Black le plus fédérateur dans la franchise, et le Thrash le plus affectueux dans les accolades viriles. Dans un style qui ne supporte ni la médiocrité ni l’investissement partiel, les CONQUERORS sont comme les sauvages qu’ils sont, et nous redonnent foi en la brutalité la plus ouverte et la plus sincère. Evidemment, pour les apprécier, il y a certaines exigences à mettre de côté. Le métissage par exemple, l’ouverture sur l’extérieur, la modulation de ton, la perfection du son, et ainsi de suite. Mais si cette débauche n’a pas forcément séduit à l’étranger (j’ai lu quelques chroniques assassines sur des sites référentiels, ce qui m’a fortement dépité), elle risque fort de trouver son public ici, en nous rappelant les débuts de la scène BM française et sa capacité à damer le pion aux européens.
Sauf qu’ici, personne ne dame le pion de personne, et Strombringer n’est qu’une étape de plus sur le parcours très personnel des CONQUERORS. Deux ans à peine après Dawn of War, les mecs nous balancent à peu près la même sauce, à la demi-croche près, et accélèrent même le propos, intensifient l’attaque, pour sonner comme une alternative imperfectible à la mollesse old-school ambiante. Ici, tout est surchauffé, prêt à exploser, tout est servi sur des plats crasseux, et l’atmosphère est délétère comme on l’aime. Alors, si d’aventure, l’ouverture de « Stormbringer » était à votre convenance, soyez heureux : le reste du répertorie le sera aussi, puisque certaines choses sont inamovibles avec les Rémois.
Alors résumons l’affaire. Un tempo qui ne varie presque jamais, et qui nous offre une performance digne de l’Igorr Cavalera des années Bestial Devastation, des mélodies qui tournoient à la DESTRUCTION, un chant digne d’IMPALED NAZARENE qui tire sur les cordes, des breaks qu’on voit venir à deux ou trois mesures d’avance, et un sens de l’à-propos qui se résume à pousser tous les potards à fond pour faire un maximum de boucan. Un boucan qui trouve parfois son apogée dans des crises de démence Black primaires (« Altar Of Tempest », un danse de Saint-Guy en plein Vatican), et qui se termine par une orgie aux verges turgescentes et aux vagins pas forcément lubrifiés (« The Fallen », merci BATHORY, mais je garde quand même la monnaie).
En gros, l’équivalent d’un rampage qui tourne très mal, qui laisse le mobilier en copeaux, les lustres en morceaux, et la fille de la maison en mollusque rampant sur le liquide séminal souillant le tapis de l’entrée. Inutile de se mentir, les CONQUERORS sont des branleurs bourrins qui dézinguent tout avec un sourire sarcastique, et qui vous laissent complètement à plat, mais heureux d’avoir eu les oreilles souillées. Un véritable orgasme à l’ancienne, sans lub, et qui transforme les tympans en point G forcé.
Titres de l’album:
01. Stormbringer
02. World Eater
03. Overlord
04. Crushing The Faith
05. Altar Of Tempest
06. Execration’s Path
07. Siege Breaker
08. The Crimson Crown
09. The Fallen
bof
brutal
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49