Et le spectacle continue, et les groupes/projets/concepts n’en peuvent plus de piocher dans le passé de quoi creuser leur propre tombe au présent. On se moque souvent du leitmotiv des vieux de la vieille, qui s’étouffent avec leur sempiternel « c’était mieux avant », comme si la nouvelle génération n’était pas digne d’intérêt, mais à force de subir la nostalgie de jeunes musiciens qui n’en peuvent plus de s’inspirer des légendes pour créer leur propre son, on finit par penser qu’ils ne sont pas si cacochymes qu’ils n’en ont l’air…Alors, le old-school, l’unique voie des années 2010 ? C’est une possibilité, et même une évidence, de plus en plus flagrante, comme si tout sens de l’innovation était tué dans l’œuf dès qu’il est comparé à la science infuse des références acclamées. Pourquoi pas après tout, et faisant partie d’une génération qui a connu l’explosion des années 80, je ne saurais contredire l’enthousiasme d’instrumentistes qui partagent ma passion, mais je finis quand même par attendre une autre alternative, sans vraiment espérer l’émergence d’un nouveau courant…Cette théorie du désespoir se voit agrémentée d’une nouvelle entrée ce matin, via le premier long de VENOMWOLF, qui de son patronyme même ne cache rien de ses accointances...One-man-band dirigé d’un gant clouté par Duncan McLaren, qui loin de se rêver champion de formule 1, manipule les instruments comme si sa vie en dépendait, VENOMWOLF se veut tribute-band aux plus grandes gloires de l’aune des années 80, célébrant à sa façon l’émergence des VENOM évidemment, mais aussi des HELLHAMMER, de BATHORY, concédant quelques fragrances des DARKTHRONE et même du TOXIC HOLOCAUST des premiers jours. Un mélange détonnant à défaut d’être étonnant, qui se formalise donc autour d’une petite douzaine de morceaux, tous bâtis sur le même moule, et aptes à faire se remuer les foules.
En substance, Stormriding Power est d’un formalisme lénifiant de naïveté. Il reprend à son compte les formulations des premiers instants de l’extrême européen, célébrant le chaos déclenché par Cronos et ses sbires, tout en clignant de l’œil en direction de la première vague Crust/D-beat scandinave, et son alter-ego anglaise. On retrouve donc la cruauté des vocaux râpeux du célèbre vocaliste/bassiste, les rythmiques primitives de Quorthon, mais aussi les tics de gosier et les riffs grossiers de Tom Warrior, le tout arrangé à la sauce paillarde contemporaine, qui oblige quand même la production à faire quelques concessions. Il n’est d’ailleurs pas vraiment étonnant de retrouver Joel Grind au mastering, puisque l’homme fait partie des influences et qu’il connaît très bien son affaire, ce qui permet à ce premier LP de décoller vers des paradis d’exubérance que rien ne semble pouvoir ternir. En restant dans un créneau temporel très raisonnable, Duncan McLaren s’offre une flexibilité indéniable, ce qui lui permet d’étirer ses maigres idées dans un contexte balisé, sans vraiment chercher à transcender ses obsessions. Type même d’album dont on connaît la fin sans avoir écouté le début, Stormriding Power est à l’image sonore de son titre, et balaie tout sur son passage d’un enthousiasme brutal et paillard, et réveille en nous d’anciennes sensations de libération, lorsque le Metal commençait à comprendre que le solfège et la rigueur n’étaient pas les clés ouvrant la porte du succès. Alors, d’accélérations foudroyantes en riffs scolaires, la machine bien huilée progresse à bon régime, et autant dire que l’on ne perd pas de temps en conjectures, et qu’on se satisfait de ces petits hymnes faisant décoller nos chevelures.
Aussi Thrash qu’il n’est Black des origines, aussi Punk qu’un refus d’accorder son instrument, ce premier LP est surtout le témoignage de la foi d’un artiste en ses convictions, et en ses possibilités. Homme-orchestre, Duncan embrasse toutes les responsabilités avec un indéniable flair, et nous offre un disque purement analogique qui sent bon le blasphème, la luxure, et la bestialité de comptoir, sans pour autant se montrer plus bas du front qu’il n’est besoin. Si ses morceaux semblent (et sont surement) construits selon le même schéma, ils font preuve d’une énergie de tous les diables, et rappellent parfois la transition pas forcément subtile entre le DARKTHRONE occulte et sa métamorphose Black n’Roll, sans pour autant tremper les orteils dans les eaux du mimétisme ridicule achevé. Doté d’une voix tout ce qu’il y a de plus écorchée, l’homme sait aussi ralentir le tempo pour brosser des ambiances plus moisies (dans le bon sens du terme), histoire d’imposer un mid-tempo plus costaud (« One With The Fire »), mais ces instants sont évidemment minoritaires, et le reste des compositions prône une violence sympathique et systématique, de l’ouverture sans ambivalence de « The Summoning », à la clôture maléfique « Bone Reaper ». Se voulant aussi créatif que les MIDNIGHT reprenant à leur compte « Sons of Satan » de VENOM, VENOMWOLF trace son chemin sans se soucier du lendemain, mais maîtrise à la perfection les saccades de la main gauche histoire d’apporter une caution Crust à son Raw Thrash poisseux comme les mains d’un adolescent après une pause sur Youporn. Pas élégant ni classe pour deux sous, mais pas non plus coincé au trente-sixième dessous, ce premier témoignage longue-durée est une belle démonstration d’efficacité et de sincérité, qui s’autorise parfois quelques soli bien agencés, histoire de ne pas passer pour le bourrin de service aux oreilles bouchées. Mais la boucherie est bien réelle, et cette petite demi-heure pas très anglaise dans le fond passe très vite, et déclenche une bouffée d’euphorie, pour peu que le classicisme ne vous gêne pas trop, et que le formalisme old-school ne vous irrite pas les tuyaux.
Mais autant apprécier Stormriding Power pour ce qu’il est, une sacrée fuite en avant qui regarde loin en arrière, et qui prône une indéniable simplicité. Une décharge les deux doigts dans la prise de la nostalgie, aussi cruelle qu’elle n’est jouissive, mais qui finalement n’est qu’une preuve de plus que l’innovation s’efface encore un peu face à l’obstination. Dommage, car cet hommage prend des allures de constat d’impuissance à s’extirper d’une somnolence condamnant le public à s’embourber dans de vieilles sonorités, et non à s’élever vers un avenir moins bien tracé.
Titres de l'album:
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15