Story of a Decayed Life

Beer Breath

08/10/2018

Autoproduction

Tenons-nous enfin nos TANKARD à la française ? Nous disposions dans le passé d’un arsenal de thrashers légèrement portés sur la cervoise, mais pour autant, aucun n’avait cru bon de consacrer son nom de baptême à ce breuvage moussu aux bulles si charnues. C’est chose faite aujourd’hui, puisque de Paris nous en vient un nouveau combo pas vraiment adepte de l’éthylotest, mais toujours prêt à lever le coude pour s’en envoyer une ou accessoirement, faire un peu de musique. Enfin, nous en vient, nous en revient plutôt puisque les origines de BEER BREATH remontent à l’année 2002, lorsque Brett et Pantin se mirent dans l’idée de composer ensemble dans le but de monter un ensemble légèrement cacophonique. Las, les deux acolyt(r)es prirent soudainement la tangente vers des plans de carrière beaucoup plus sérieux, laissant le projet sur le carreau. Mais ne renonçant pas à payer leur tournée, les deux amis ont donc quelques années plus tard (beaucoup en fait) remis les sous-bocks, recrutant quelques compères histoire de ne pas tailler le bout de gras en duo. C’est ainsi qu’en cette morne année 2018, BEER BREATH connaît une seconde jeunesse et nous offre ses vues sur la société et ses inégalités sous la forme d’un premier LP assez bref mais intense, aux entournures Death mais au propos fondamentalement Thrash. Ou les deux, mais c’est tout comme. Outre Brett et Pantin aux guitares, on retrouve donc au zinc de ce nouveau troquet Captain (chant), Charogne (basse) et Anciles (batterie), et leur Story of a Decayed Life, sans avoir le panache des plus grandes réalisations du style, coule agréablement aux oreilles, et à des allures de malt et de houblon traités façon artisanale, en famille, pour obtenir un breuvage de qualité, certes encore un peu rustre, mais qui débouche les conduits.

Un breuvage qui se boit d’ailleurs cul-sec, et qui percute immédiatement le palais, d’autant plus que sa dégustation ne prend qu’une demi-heure. Pas vraiment le temps de se la jouer tastebière raffiné, puisque les sept gorgées sont rapidement avalées, même si certaines se rapprochent de l’épaisseur de la Guinness traduite dans un langage musical  très Death n’Thrash. Difficile de classer les maîtres brasseurs dans une catégorie particulière, puisque leur son est assez massif et diffus, et leurs morceaux construits sur une alternance de plans écrasants, de sifflantes, de soudains aplatissements du foie, et de virulentes accélérations de la vessie. Et comme ces boit-sans-soif ne revendiquent d’autres influences que la bibine, l’herbe, la cuisine, les gueules de bois et autres hobbies de désœuvrés hédonistes, il est assez complexe de les situer sur une échelle de Valstar à MORBID ANGEL, autrement qu’en les classant de 1 à 7 de la cave au grenier. Sachez simplement que si leur concept se veut ludique, et que leur musique à des relents festifs, leur Death est tout à fait sérieux, et que cet album a été pensé comme une œuvre complète. Chaque morceau recèle son lot d’idées, la plupart du temps pertinentes, même si le son global un peu étouffé dans le vomi peine à restituer leurs prouesses. Nonobstant ces critiques mineures, (et le fait que certains morceaux restent un peu trop en bouche, comme le très redondant « Take Away », qui ne dévie que très rarement de son thème gravissime), Story of a Decayed Life est d’une cuvée qui mérite d’être remarquée, dans un registre extrême raisonnable, profitant de vocaux parfois bien gore qui dynamisent un peu les choses.

Mais alors, on picole ? Oui, mais on ne finit pas bourré à vomir dans l’escalier, puisque malgré des instincts souvent bestiaux, les gus savent faire glisser le goulot. Ainsi, « Beer Motherfucan Chicken » entame les hostilités façon pluralité, révélant des fragrances différentes, toutes violentes évidemment, mais allant du raclage de glotte à la ABORTED à l’inflammation du palais façon Death anglais, abordant même le degré d’alcool des CARCASS les plus raisonnables. Guitares bien grasses, mais lâchant des riffs pas fadasse, rythmique solide et subtilement grisée, et Captain, en taulier façon grogneur sympathique, qui râle pour faire déguerpir les derniers poivrots, mais qui les laisse quand même finir leur porto. Entrechoquement de chopes en licks accrocheurs, soli certes torchés mais pas racoleurs, et ensemble qui groove autant qu’il ne gueule, pour une accommodation d’un Thrash épicé dans une Leffe de Death vraiment corsée. « Until The Last Drop » confirme qu’on n’est pas ici pour gâcher, et qu’il faut tout avaler. Délié de guitare presque Mosh, pour une ambiance délétère de bar interlope, bondé de figures Death à l‘ancienne (SUFFOCATION, et même quelques membres de BENEDICTION) et de légendes Thrash européennes (Tom de SODOM, mais aussi les mecs de NOMED et d’AGRESSOR), qui trinquent tous à la santé de l’extrême, sans cloisonnement ni guerre de clan. Et à part celui de Campbell, on ne trouve ici que des motifs entêtants, comme le chant d’un pic-vert le matin suivant. The Morning After ? Oui, mais pour le moment la soirée n’est pas finie et continue d’ailleurs plutôt bien, diluant dans un Death vraiment sombre et lourd quelques gouttes d’Indus finement versées (« AA Sucks »), ou trempant ses lèvres sur un faux-col Thrash addictif et réactif (« Hobo Stalker », le faux-hit de l’album en mid-tempo trépidant sur nappes de guitares trucidant).

Et sans se vautrer dans la fange de l’amateurisme, les BEER BREATH ont su garder cet esprit underground qui rapproche leur premier album d’une véritable tranche de vie. On a le sentiment très patent de voir des potes enfin concrétiser leurs vues discographiquement parlant, et cette ambiance de camaraderie ne fait qu’ajouter une plus-value à la fête, même si celle-ci est encore loin d’être parfaite. Oui, certains plans sentent parfois le réchauffé et le répété (le riff de « Emberiza Hortulana » en étant le meilleur exemple, et assez crispant passé la minute, spécialement sur un tempo aussi pataud), mais heureusement, le quatuor à la bonne idée de terminer la beuverie par une ambiance tamisée, via les mélodies un peu nostalgiques de fin de soirée de « Morning Hangover », qui sentent bon les souvenirs de picole et les bisous à Nicole. On note à ce moment-là que ces furieux savent aussi se montrer plus modulés, et on apprécie l’ouverture vers un avenir plus surprenant et moins docile. Mais sans savoir si ce premier essai sera transformé et suivi d’une seconde tournée, on peut apprécier Story of a Decayed Life, à savoir une bonne occasion de lever son verre à la santé d’un Death/Thrash rondement mené, qui enivre mais ne laisse pas sur le bitume la gueule enfarinée et l’haleine chargée.    

     

Titres de l'album :

                          1.Beer Motherfucan Chicken

                          2.Until The Last Drop

                          3.AA Sucks

                          4.Take Away

                          5.Hobo Stalker

                          6.Emberiza Hortulana

                         7.Morning Hangover

Facebook officiel

Bandcamp officiel 


par mortne2001 le 05/12/2018 à 15:56
75 %    1157

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


unholy street ceremony
@94.239.82.244
23/06/2022, 03:32:37

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report

Wishbone Ash

mortne2001 18/03/2025

Live Report

Peter Hook and the Light

RBD 14/03/2025

Live Report

Fanzinat - Projection du Documentaire

mortne2001 23/02/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : HOLY RECORDS

Jus de cadavre 23/02/2025

Vidéos

Obscura + Gorod + Skeletal Remains

RBD 17/02/2025

Live Report

Doom, Rock'n'Roll & Vin rouge

Simony 10/02/2025

Interview
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
NecroKosmos

Concert complet à Nantes. Pas pu y aller. Crotte...

30/03/2025, 07:45

Simony

        

29/03/2025, 07:56

Simony

Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !

29/03/2025, 07:54

Simony

On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)

28/03/2025, 17:07

Zoubida

28/03/2025, 09:03

Humungus

Metalnews = RMC "Les grandes gueules"... ... ...

28/03/2025, 07:04

Zgueg

"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix. 

27/03/2025, 20:46

Jus de cadavre

"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)

27/03/2025, 20:18

MorbidPSG

Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)

27/03/2025, 19:36

Jus de cadavre

Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)

27/03/2025, 16:49

CHUCK MAURICE

Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live.  La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?

27/03/2025, 15:53

DL100

Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...

27/03/2025, 10:22

MorbidPSG

27/03/2025, 06:02

MorbidOM

Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)

26/03/2025, 20:47

Invité

La milf est de retour !

26/03/2025, 19:16

Satan

J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)

26/03/2025, 16:53

DL100

MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!

26/03/2025, 14:33

Ivan Grozny

La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.

26/03/2025, 13:42

Ivan Grozny

Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.

26/03/2025, 13:37

MorbidOM

Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)

26/03/2025, 11:24