Je ne vais quand même pas critiquer ma ville de naissance, si ? En même temps, du peu que je m’en souvienne (je l’ai quittée à trois ans à peine), les immeubles d’habitation collective étaient légion dans mon quartier, et l’ambiance était plutôt du genre confinée et bétonnée. Alors, y a-t-il quelque chose à regretter ? Je ne pense pas, j’ai bien fait de la quitter. Pourtant, si j’avais grandi là-bas et monté un groupe de Rock, j’aurais pu sonner confiné, oppressant, et sans doute, urgent. Le genre d’urgence palpable que les groupes ayant connu l’opprobre de la upper class éructent à longueur de disques crachés en tout mépris et haine. Des albums compacts, en compact ou vinyle, qui exsudent de ressentiment, de colère presque retenue, et de bruit blanc qu’ils distillent comme autant de slogans qu’on ne prononce plus, par peur d’être encore plus incompris. Et les METZ en connaissent un rayon sur la question.
Pour autant, ils viennent toujours du Canada, logique. De Toronto pour être plus précis. Alors, pas de quoi s’épancher sur une jeunesse industrielle gâchée par des années de solitude urbaine, en prétendant avoir été marqué par les STOOGES ou le MC5…N’est pas Détroit qui veut, et surtout pas le Canada, trop tranquille, trop poli, trop calme et trop joli. Tout leur contraire en fait, eux qui sont sales, bruyants, agités, et nerveux comme des chiens errants sur le qui-vive.
Mais ne leur en voulez pas, après tout, quand on signe un troisième album sur le légendaire label Sub-Pop et qu’on se fait produire par Steve Albini himself, on a des raisons de s’y croire. A Seattle ou ailleurs. Et on a raison.
Strange Peace est donc le troisième LP des METZ, et le deuxième auquel je prête une attention prosaïque. Intérêt musical évidemment, curiosité malsaine puisque j’aime bien connaître la suite d’une histoire, et surtout, entérinement de postulats précédents qui me faisaient dire que ces trois-là (Alex, Chris , Hayden, power-trio, tout bon…) étaient peut-être les dignes héritiers des MUDHONEY ou des LIZARD, à quelques kilomètres de distance. Mais depuis le dernier épisode, ni le casting ni le scénario n’ont changé, encore moins la production, toujours aussi vintage et sèche, comme exhumée des premières bandes de la maison de disques si fière de son passé/passif. On retrouve donc ce son qui arrache les oreilles et décapite les illusions mélodiques à grands coups d’une distorsion vraiment crade, et d’un chant partagé goguenard, et presque distancié. L’approche musicale n’a pas varié d’un iota non plus, puisque les morceaux sont presque aussi immédiats, et fonctionnent en direct, au premier degré. Une guitare qui se souvient des enseignements de Bob Mould, ceux des origines, et qui n’hésite pas à taquiner sa puissance d’une harmonie rachitique, parfois si répétitive qu’on a l’impression que le legs se doit d’être martelé comme un mantra (« Caterpillar », écrasant et étouffant mais c’est fait exprès, comme du SUGAR joué par les JESUS AND MARY CHAIN). Et comme d’habitude, tout commence dans un déluge de plomb rythmique, avec une entrée en matière qui vous dit de suite que vous n’aurez pas de dessert (« Mess of Wires », foutras de câbles sur une scène jonchée de grip et autres restes d’un concert homérique). L’ombre de JESUS LIZARD et des MELVINS plane toujours bas au-dessus des têtes, que son ombre menace de défriser, d’un riff feignant qui se laisse abattre, alors que la rythmique porte tout le poids du groove sur ses toms. C’est résigné, presque abattu, et pourtant méchant comme jamais. On sent que les mecs savaient d’avance quel coup fourré ils nous préparaient, et qu’ils ont lâché la purée sans attendre notre jouissance. Mais en l’anticipant, les pervers. C’est vrai qu’on aime le bruit par ici. Surtout celui d’un Post Noise qui se veut toujours aussi nihiliste.
En tout cas autant qu’une répète des SWANS enregistrée par un SONIC YOUTH en devenir…
Ce qui frappe au prime abord sur ce dangereux troisième album, c’est son imprévisibilité. Vous me direz, on a l’habitude avec ce trio là, mais avouons qu’ils ont poussé le sens de l’impromptu à son paroxysme. Alors que les noisy bands ont la sale manie de combler les trous avec des idées réchauffées et anticipées, les METZ eux, adorent nous prendre à revers. Non d’une énorme claque surprise, mais plutôt d’un pincement qui laisse un joli bleu. A l’âme, mais à la peau aussi, comme ce Rock nerveux qu’ils ont tatoué sur leurs instruments déchaînés (« Drained Lake », plus SEX SNOBS qu’une main aux fesses, et presque aussi MUDHONEY que les rêves de Cobain). Ce Rock qu’ils épurent d’album en album, et qui en devient mouvant et rampant comme un serpent dans le désert de révolte qu’est la scène aujourd’hui (« Lost In The Blank City », ils se sentent seuls, et ont presque raison puisqu’ils sont sans doute les plus intelligents des méchants). Le parallèle avec II et la filiation sont évidents, et pourtant, on sent les canadiens sur le départ, vers une autre dimension, toujours aussi opaque et revêche, mais pourtant plus facile à pénétrer. Les silences interrompent toujours les charges électriques, et les doigts dans la prise font toujours aussi mal, mais cette fois-ci, les plaies sont guéries avec une tendresse inhabituelle, comme si notre bien-être les concernait enfin. Ce qui nous donne des formats presque Power-Pop adaptés à la violence d’un Post Noise presque commercialisable, mais évidemment ruiné d’un chant toujours aussi débordant de morgue, que des chœurs séducteurs transforment à peine en point de vue interne (« Common Trash », une poubelle que les NERVES auraient pu vider s’ils avaient connu la décharge HUSKER DU des débuts). Mais ne soyons pas non plus aveugle ou trop confiant, puisque la méchanceté ressort toujours du bon côté (« Mr. Plague », des percussions tribales minimales et viscérales, sur fond de riff en feedback bien sale).
Mais de temps en temps, le trio sait apprécier un moment de calme acide, et ironique bien sûr, en clin d’œil d’un John Lydon si fier de voir que son P.I.L est toujours à bonne école Post Punk d’une nouvelle génération de cancres (« Sink », on coule, mais on respire de se noyer dans ce brouhaha sucré). De là…Quarante-sept secondes de bonheur (« Escalator Teeth », du genre THERAPY éclair), un trou qu’on creuse pour y enterrer le cadavre du Grunge sur qui personne ne vient plus pleurer (« Dig a Hole »), et une dernière folie en version longue qui nous pousse à bout, tout comme les amplis, mais qui rappelle un peu cette scène anglaise de l’orée des 90’s, qui redécouvrait les guitares après les avoir perdues en route (« Raw Material », un peu MY BLOODY VALENTINE repris par les SLEATER KINNEY, mais en oubliant de danser). En gros, en gros quoi d’ailleurs, puisque le détail l’a déjà été ?
En gros, le meilleur album d’une carrière presque à peine commencée ? Possible, mais les METZ semblent capables de faire encore mieux, et d’aller encore plus loin. Peut-être d’unir lors d’une quatrième sortie l’esprit Pop au souffle Rock, en laissant un baiser Post Hardcore sur le front ? Je les laisse faire après tout, mais je serai là, encore une fois. Non parce qu’ils portent le même nom que ma ville de naissance, mais parce qu’ils portent le Rock à ébullition. Et comme plus personne, ou presque ne fait chauffer la marmite, on a besoin d’eux. Strange Peace n’est surement pas la paix, encore moins le calme, il n’est pas étrange, mais il est illogique dans sa démence. Trop de bruit, trop de mal, mais que c’est bon…
Titres de l'album:
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