Nous devisions il y a peu sur la toile et dans ces colonnes sur le buzz qui parfois prend le pas sur la crédibilité artistique d’un groupe. Pour mettre en relief ces propos, le cas de GHOST était bien évidemment le plus volontiers cité, l’imagerie servant de paravent selon leurs détracteurs pointant du doigt une banalité musicale ne méritant pas un tel concert de louanges et un following aussi dévoué. Le cas d’école est intéressant, et le parallèle peut être établi avec une autre formation évoluant dans un créneau tout aussi occulte, bien que foncièrement différent dans le fond mais aussi la forme. Ainsi, le chapitre ZEAL & ARDOR avait déclenché il y a trois ou quatre ans un véritable tsunami qui avait pris les structures par surprise, mais aussi le public, qui resta médusé face à tant de culot instrumental, mais aussi, dubitatif quant aux réelles motivations d’un musicien qui était parvenu à secouer la planète Metal sans vraiment en faire partie. Car derrière ce pseudo se cachait en fait un musicien plus éclectique que la moyenne, Manuel Gagneux, suisse-canadien touche à tout de génie ou petit fumiste indiscipliné selon les avis, qui au départ n’avait pas du tout conçu ce projet sérieusement, mais seulement comme une blague méchamment organisée destinée à satisfaire les utilisateurs d’un chan connu. Depuis, le résultat a de loin dépassé ses espérances les plus folles, lui qui avait vaguement bricolé une trame dans sa cave, et l’homme/musicien se retrouvé exposé au grand jour, se voyant offrir un pont d’or par les labels et organisateurs de festivals, et devenant de fait l’attraction à la mode...Mais autant être honnête, tant ce premier album éponyme que sa suite en version courte nous avaient méchamment alléchés, et c’est avec une impatience non feinte que nous attendions la suite des aventures ésotérico-sataniques du bonhomme, qui décidément ne conçoit pas le Black Metal comme tout le monde…
Ainsi, Stranger Fruit se retrouve donc étalé sur le tapis de la nouveauté, toujours distribué par le label anglais MVKA pas vraiment décidé à lâcher son poulain, mais bénéficiant cette fois-ci d’un soin tout particulier. Préparé en studio par Manuel, épaulé dans sa tâche par le producteur Zebo Adams et mixé par l’incontournable Kurt Ballou himself, ce second longue-durée du faux-devenu-vrai groupe ZEAL & ARDOR est la magnifique surprise que nous espérions tous, mais aussi un revirement extraordinaire dans le parcours du couteau-suisse musical. Si le fan lambda était en droit d’exiger une logique dans la continuité du combat perpétuel entre douceur et violence, tel qu’il nous avait été présenté sur les premiers travaux du bonhomme, il se retrouvera finalement confronté à un mash-up gigantesque des influences du musicien fantasque, vraiment pas à même de céder aux caprices d’une dualité trop restrictive. La question que tous les opposants ne manqueront pas de se poser après écoute de Stranger Fruit, concernera l’affiliation de la musique qui en encombre les sillons. Est-ce encore une quelconque sorte de Black Metal, même défiguré à outrance ? La réponse n’ayant finalement aucune importance, il conviendra de préciser que non, le Black Metal n’ayant finalement que très peu de liens avec cette approche trop personnelle pour se contenter de figures imposées. Car ce second album continue le travail de vulgarisation entrepris sur les deux premières sorties, et fond dans un même creuset toutes les influences/composantes utilisées par Manuel, qui en choisissant de ne pas choisir donne naissance à une sorte de Proto Metal aux sympathies Blues et Gospel prononcées. Certes, l’imagerie, le concept et certains textes continuent d’évoluer en terrain occulte, mais il est impossible de rattacher ces chansons/électrons-libres à un courant quelconque, à moins de considérer le style de Devin Townsend ou de GHOST comme un genre à part entière. Mais rassurez-vous, ZEAL & ARDOR n’a pas plus à voir avec ces deux références qu’il n’en avait jusqu’à présent avec DARKTHRONE ou MAYHEM, et Stranger Fruit reste l’album inclassable que nous pouvions craindre/espérer, et sous cet aspect-là de la problématique, il s’avère œuvre majeure/mineure bousculant les codes, et nous emportant dans un univers où la lumière et les ténèbres cohabitent sans problème.
Construit patiemment mais de façon impulsive (la contradiction n’est pas incohérente dans le cas de Gagneux, bien au contraire), cet assemblage de seize morceaux ne dépassant pourtant pas les trois quarts d’heure de jeu est une sorte de labyrinthe géant, sorte de carte du tendre d’un monde terriblement attachant, entremêlant les chants gospel, les embardées furieuses, les accalmies presque zen, et les dissonances troublantes. On en ressort grandi, purifié, mais aussi lessivé, le disque demandant une somme d’efforts pour être appréhendé dans toute sa démesure et sa folie. Par instant, l’ensemble donne le sentiment de suivre les traces d’un Bruno MARS perdu dans un univers à la NOTRE DAME, ou de tenter de décrypter les humeurs de Devin Townsend enfermé dans un château perdu dans les brumes des Carpates, et dont le pont levis et les douves sont fermement gardées par les CARNIVAL IN COAL. Cette sensation se trouve emphatique sur des intermèdes imprévisibles comme « Waste », qui s’amuse beaucoup à empiler les effets, à superposer les couches, pour finalement offrir une mille-feuille sonore de carnaval, étrange, envoutant, mais aussi enivrant. Et les exemples ne manquent pas, chaque tronçon possédant sa direction propre, mais suivant celle plus globale de l’album. Le hasard n’a d’ailleurs rien à voir avec le fait que le premier single choisi soit le très bluesy/gospel « Gravedigger’s Chant », au piano traînant comme un Tom Waits à l’heure de la fermeture, et au rythme lancinant comme les chaînes d’un esclave qui regagne paisiblement sa mansarde. Ce morceau est assez symptomatique de la démarche nouvelle de Manuel Gagneux, qui au lieu de cloisonner les styles les a fondus dans un même chaudron, pour aboutir à un mélange aussi détonnant que naturel. Même les interludes placés à des endroits peu stratégiques (deux avant le final, « Solve » et sa boîte à musique de guingois, « Coagula » et ses chœurs à la RAMMSTEIN) apportent le petit plus indispensable à l’immersion, alors que les inserts électroniques, parfois inattendus (« The Fool ») appuient un peu plus sur l’aspect surréaliste de la chose.
Le but étant d’être logique mais sinueux, cohérent mais capricieux, il est atteint, sans conteste possible. Certes, on remarquera quelques répétitions malheureuses de çà et là, mais en tombant sur une tuerie Proto-Post de la trempe de « Ship On Fire », ou un Comic-Metal aussi Black que fun de la stature de « We Can’t Be Found », l’auditeur investi saura qu’il a fait le bon choix, et que le monde de ZEAL & ARDOR n’est pas encore prêt à être décrypté par des designers chevronnés. A partir de ce constat, et en admettant que cette musique inclassable est largement à la hauteur du décorum qui l’enrobe, il sera impossible de rejeter le travail/hobby d’un homme aussi sincère, sous prétexte que la hype a décidé de l’ériger en héros majeur d’une époque aux préoccupations mineures. Ne faites pas confiance à la mode, et suivez plutôt votre instinct. Si celui-ci vous injure de ne pas faire confiance à ZEAL & ARDOR par conviction personnelle, ne luttez pas. Mais si vous craignez simplement de vous voir opposer l’opprobre public et éthique, aimez ce disque au-delà des reproches qu’on lui adressera. Vous connaitrez l’une des expériences les plus troublantes de votre temps.
Titres de l'album:
1. Intro
2. Gravedigger's Chant
3. Servants
4. Don't You Dare
5. Fire Of Motion
6. The Hermit
7. Row Row
8. Ship On Fire
9. Waste
10. You Ain't Coming Back
11. The Fool
12. We Can't Be Found
13. Stranger Fruit
14. Solve
15. Coagula
16. Built On Ashes
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