Voilà qui va faire plaisir à certains de mes confrères de Metalnews. Je le concède, le Doom ne fait aucunement partie de mes styles de prédilection, et je ne m’y penche que très rarement de peur de sombrer dans les abysses de l’ennui. Après tout, et à de rares exception près, le genre semble inamovible depuis les premiers efforts de BLACK SABBATH, voire les exactions de TROUBLE ou ST VITUS, et se contente la plupart du temps de repousser les limites de la lenteur, ou de les troubler légèrement de prétentions lysergiques plus symptomatiques du mode de vie des musiciens que d’une réelle envie d’hybridation par aération. Mais de temps à autres, et pour m’extirper de ma zone de confort, je ne suis pas contre une rencontre fortuite avec des musiciens du cru, et c’est ainsi que ce matin, j’ai décidé de laisser leur chance aux OBSIDIAN SEA, qui d’ailleurs ont négocié en début d’année le dangereux virage du troisième album, de ceux qui confortent ou détruisent des réputations. Niveau bio, les OBSIDIAN SEA nous en viennent de Sofia, Bulgarie, pays dans lequel ils se sont formés en 2009 sous la forme d’un duo. L’ossature du groupe est donc constituée d’Anton Avramov (guitares, basse & chant) et de Bozhidar Parvanov (batterie), duo qui a représenté l’essence du groupe jusqu’en 2012, et est donc le tandem responsable de cette première démo publiée en 2010, mais aussi du premier long Between Two Deserts. 2012 a marqué l’arrivée du bassiste Ivaylo Dobrev, remplacé en 2016 par Delyan Karaivanov. Toujours power-trio à ce jour, le groupe a donc depuis proposé un second LP, Dreams, Illusions, Obsessions en 2015, avant de se murer dans un silence plus ou moins inquiétant pendant quatre ans. Mais c’est avec plaisir que nous les avons retrouvés hébergés sur le label US Ripple Music en mars dernier, pour un troisième opus qui continue le travail entrepris par les deux premiers. Les bulgares n’ont donc pas changé leur formule, et s’abreuvent toujours à la source originelle du Doom, qu’ils allègent d’un sens de la mélodie typique de l’orée des 80’s.
Se réclamant toujours des mêmes influences musicales (BLACK SABBATH, SAINT VITUS, BLACK HOLE, Paul CHAIN), de plus obscurs groupes psychédéliques et des vieux films d’horreur, les OBSIDIAN SEA ne comptent en rien bousculer la hiérarchie du Doom contemporain, qu’ils abordent d’ailleurs avec un classicisme qui en dit long sur leurs inclinaisons. On retrouve les éléments déjà présentés sur les deux premiers albums, ces riffs répétitifs mais harmonieux, ce chant un peu traînant tel qu’il fut popularisé par notre bon vieux Ozzy, cet esprit un peu Fuzz qui nous ramène aux 13Th FLOOR ELEVATORS et à la scène US de la fin des 60’s, et Strangers se veut donc résumé parfait d’une philosophie qui ne bougera pas d’un iota jusqu’à la séparation du groupe. D’ailleurs, comme à leur habitude, ils appuient ce constat par un premier titre plus aérien que la moyenne, rappelant même les débuts du revival des eighties, avec « The Birth of Fear » qui profite d’une guitare volubile et claire et d’un chant légèrement évaporé pour répandre ses effluves dans nos naseaux auditifs. On sent une volonté de ne pas rester figé sur une lourdeur pénible, et une réelle envie de composer de vrais morceaux, adoptant parfois la posture d’un groupe de Stoner un peu plus obsédé par le Heavy Metal que par le Desert Rock. C’est très plaisant, à défaut d’être novateur, et on sent un peu de KYUSS dans le moteur TROUBLE, même si la musique évoque plus les délires de la fin des swinging sixties, lorsque les hippies commençaient à découvrir les joies de l’évasion lysergique.
Mais n’oublions quand même pas que le propre du Doom est de jouer sur l’insistance d’une rythmique fixe et peu prolixe en breaks, et « Every Heart Hides a Killer » de nous le rappeler de sa tristesse de fond. Mais en optant pour des options moins monolithiques que la moyenne, OBSIDIAN SEA ancre plus volontiers sa musique dans les seventies que dans le Doom contemporain, loin des prouesses techniques de ses homologues et des prétentions progressives des plus ambitieux. Avec une production à l’ancienne qui offre à la rythmique suffisamment d’espace et d’écho mat pour s’imposer, ce troisième LP, très formel, préfère des chansons à des litanies, et ne s’impose guère au-delà d’une durée raisonnable. Evidemment, le trio ne peut toujours se brider et se retenir, et dès « A Shore Without a Sea », les huit minutes sont allègrement dépassées, mais pas pour obliger l’auditeur à contempler le paysage désolé d’une pauvre thématique étirée au-delà du raisonnable. De la construction, un peu d’imagination, du flair pour tisser des atmosphères prenantes, et surtout, beaucoup de mélodies, réduites à l’essentiel de quelques notes en arpèges, mais bien présentes. Quelques circonvolutions à la basse, un chant toujours à la limite de la cassure, et de soudaines ruptures graves, pour une relecture des meilleurs efforts du cru, à la frontière entre un SAB’ de la grande époque et ses héritiers d’une décade suivante. Et si chaque minute n’est pas remplie par des idées novatrices ou culottées, les changements de cap sont suffisamment présents pour permettre aux fans de se vider un peu la tête, trop souvent encombrée de pensées lugubres. Ici, la tristesse se veut plus mélancolique que suicidaire, et en se lâchant régulièrement sur des mid tempi, les trois bulgares évitent le piège de la redondance épuisante.
« Strangers », le title-track un peu pataud reprend les formules de « The Birth of Fear » suggérant que les SIR LORD BALTIMORE, LUCIFER'S FRIEND et autres contemporains ont toujours une fanbase très active de nos jours. Dans ses interventions en solo, la guitare d’Anton Avramov est parcimonieuse mais juste, et ne se perd jamais dans des soli interminables et trop épurés pour être intéressants. Avec une fois encore un art consommé de la cassure qui intervient pile au bon moment, et une humilité patente dans la démesure, le trio joue la modération et la raison, et propose un album de musique, de Rock plus généraliste, nous épargnant la fixation du Doom sur des problématiques pénibles. En version alourdie, le groupe profite des bienfaits d’un son léger, et « The Demolished Man » de se traîner le long d’une procession certes assombrie, mais toujours assez vaporeuse pour ne pas étouffer l’espoir. Les riffs sont certes distillés à l’économie, mais ne restent pas collés à la corde de mi, et les évolutions, aussi évidentes soient-elles sont agréables à suivre. Le final « The Play » et ses dissonances légères opte pour un psychédélisme plus moderne, dans une veine VIRUS moins prononcée, mais qui a le mérite de dévier un peu de la trajectoire. Comme je le disais donc, sans prétendre être en position de leader, le trio connait donc son boulot, et soigne sa copie pour offrir un Strangers qui sonnera familier aux tympans des fans mais qui se présente sous un jour clément, et non une sempiternelle nuit sans lune qui fait fuir le plus misanthrope des chefs de meute.
Titres de l'album :
1.The Birth of Fear
2.Every Heart Hides a Killer
3.A Shore Without a Sea
4.Strangers
5.The Demolished Man
6.The Play
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