En regardant cette pochette, le premier réflexe est de croire à un énième tribute-band eighties mis sur les rails par de jeunes musiciens un peu trop portés sur la nostalgie. Mais en écrémant les rares sites parlant de RAWKON et son nom en jeu de mot fameux, on comprend vite que le quintet n’est plus depuis longtemps, et que la nostalgie n’est donc pas sa préoccupation. Et pour cause, puisque le combo a été actif en temps et en heure, entre 1981 et 1989, faisant partie de la scène Hard Rock fertile du Nevada. Les RAWKON sont donc des contemporains des ROCK BOULEVARD et CRYSTAL AXE, dont on retrouve les œuvres posthumes ou non sur le label Metallic Blue Records, passionné par cet état et par cette époque. Je ne vous proposerai pas ici de bio des RAWKON, qui se trouve facilement sur le site du label. Disons pour faire simple que leur histoire ressemble à celles de beaucoup d’autres combos de la même époque, bien décidés à conquérir le monde, mais devant faire face à la réalité des faits : sans le soutien d’un gros label ou d’un management solide, et sans le coup de pouce du destin, les histoires sont souvent condamnées à être tuées dans l’œuf, pour le plus grand bonheur des légendes locales. Et dire que RAWKON était une légende locale n’est pas exagéré, puisque leur première cassette/EP s’est vendue comme des petits pains, faisant du quintet un espoir solide de la scène de Reno.
Mais malgré un potentiel certain, et des dates partagées avec Y&T, FATES WARNING ou WAYSTED, les originaires du Nevada qui ont peut-être descendu un mec à Reno n’ont jamais pu décoller, et se sont retrouvés le bec dans l’eau après une tournée catastrophique finie à la force du poignet, qui a vu leur tour-bus tomber en panne à de multiples reprises (les obligeant à siphonner des réservoirs pour continuer à rouler), et leurs membres rentrer chez eux pour des raisons diverses. Et c’est donc en 1989 que le combo jeta l’éponge, rejoignant d’autres groupes locaux, ou s’insérant dans des projets externes avec des membres de SLAVE RAIDER. Et aujourd’hui, ne restent plus comme témoignage que ce premier EP en tape devenu collector très recherché, et ce single deux titres proposés en double en versions différentes.
Pour rendre hommage à ce groupe méritant, le label Metallic Blue Records a donc décidé de regrouper toutes les sorties de RAWKON sur un même support, livret douze pages et rendu professionnel inclus. Vous retrouverez donc sur Street Eagles toutes les chansons composées par les américains, et pourrez donc juger de leur potentiel à l’époque. Et ce qu’on remarque au prime abord, c’est que le groupe était constitué d’individualités notables, tout en produisant une musique bien ancrée dans son époque. Une musique certes très américaine, mais à des kilomètres des attitudes poppy des plus grandes références du pays. Pas question ici de BON JOVI, de POISON, et de hits facile cosignés par Desmond Child ou Vini Poncia, mais bien de Hard-Rock saignant et de Heavy Metal trépidant, axé sur une complémentarité de guitares solides comme le Rock. Certes, parfois, le propos s’allège et rejoint les points de vue de certains cadors du refrain entêtant (« Street Eagles », morceau qui a bénéficié de véritables sons de moto pour son intro), mais la tendance générale était à l’énergie brute, et à la street credibility. Après tout, le Nevada n’était pas la Californie, et l’air était plus chaud et âpre, il n’est donc pas étonnant de constater que les RAWKON étaient plus virils que la moyenne, même si parfois un synthé rigolo en 8-bits se frayait un chemine entre les soli de guitare.
Pour faire simple et descriptif, la musique de ces cinq-là était typique de son époque, et surtout typique de musiciens s’étant réunis à l’orée des années 80. Mais il y avait quelque chose de sympathique dans cette volonté de jouer avec les codes et les barrières, au point de parfois verser dans l’AOR assumé et délicat, comme le prouve la superbe ballade « Reflections ». On pense alors à des institutions de seconde division comme ICON, TOBRUK, TKO, BLACK N’BLUE, et tous ces acteurs underground qui ont frappé à la porte du succès de masse sans la voir s’ouvrir. Le voyage est donc des plus plaisants, avec un répertoire très varié qui se montre allusif à toutes les tendances en vogue aux USA dans les années 80 du Hard-Rock modulé mais musclé. Doté d’un chanteur à la voix très aigue, d’une section rythmique solide à défaut d’être inventive, et d’un certain flair au moment de composer des chansons addictives, les RAWKON avaient donc les arguments pour faire fondre un certain public, mais ils n’ont malheureusement pas eu le temps d’attirer la lumière sur eux. Après des années passées à élaborer un répertoire, et un premier EP paru en 1987, au sommet de la vague Hair-Metal, le quintet avait pourtant de quoi accéder à une starification relative, mais a joué de malchance et a du se contenter des miettes.
Mais heureusement, l’histoire n’a pas la mémoire courte, et ce Street Eagles tombe à point nommé pour nous replonger dans un pan de l’histoire du Hard Rock US underground des années 80. Emblématique des milliers de groupes amateurs de cette période, cette compilation permet de retrouver les chansons baignant dans leur jus d’époque, avec une production pour le moins déficiente et erratique, loin des standards en vogue chez les majors. Les nostalgiques pourront pour une fois s’envoyer une tranche de vécu authentique, et non recopiée, et découvrir un groupe pas encore totalement sûr de son fait, mais déjà prometteur.
Et il y a de quoi savourer sur ce sampler qui se veut exhaustif, entre le single « Johny's Eyes » proposé en deux versions, et qui avait tout d’un tube à faire pleurer les midinettes permanentées de province, et des titres plus modulés comme le très radiophonique « I Know You Know », AOR un peu râpeux qui singe avec beaucoup de savoir-faire les recettes de BRIGHTON ROCK et JOURNEY. Pas mal de bonnes choses donc sur cet album hommage, qui reste disponible en import venu des USA à un prix relativement modique. Une façon économique de se souvenir de choses que nous n’avons pas connues, et surtout, de quoi dévier de la trajectoire old-school en suivant la courte ascension d’un poulain qui n’a pas pu terminer sa course.
Titres de l’album:
01. Scream And Shout
02. Vicez
03. Marshalls On Ten
04. Street Eagles
05. Reflections
06. Inside My Head
07. Destiny
08. I Know You Know
09. Cry No More
10. Johny's Eyes
11. Times Changin'
12. Johny's Eyes (Radio Edit)
13. Times Changin' (Radio Edit)
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