Encore un album d’inconnus super connus qui font une musique connue pour inconnus. Ou l’inverse, prenez cette phrase comme vous le souhaitez. Inconnus super connus, parce qu’il est souvent difficile de mettre un visage et un parcours sur ces noms, qui font pourtant partie de la galaxie Hard-Rock depuis des lustres. Pas vraiment des requins de studio comme les frères Porcaro dans les 70’s, mais largement de quoi se creuser la tête pour se souvenir d’où viennent ces patronymes…
Lesquels ? D’abord celui de Tony MILLS, dont vous avez souvent entendu la voix sans pouvoir automatiquement pouvoir citer un de ses groupes. SHY, TNT, SERPENTINE, ça vous dit quelque chose ? Si le Rock à tendance mélodique est votre tasse de thé, le déclic a du s’opérer, puisque l’homme dispose d’une des plus belles voix du circuit (après tout, on ne remplace pas Tony Harnell comme on dit bonjour à son facteur…), et surtout un parcours chargé depuis ses débuts. Un simple coup d’œil à sa discographie sur sa page Facebook suffit à comprendre que le vocaliste n’est pas du genre inactif…Mais est-ce pour autant que chacun de ses projets fut couronné de succès ? Pas vraiment, et à force d’hésiter entre Hard sirupeux et AOR gluant, l’homme s’est légèrement perdu en route, au point de voir certaines de ses idées abandonnées sur le bas-côté. On se souvient de l’échec artistique de CHINA BLUE, qu’il avait pourtant patiemment élaboré en compagnie de Pete NEWDECK (EDEN'S CURSE, TAINTED NATION, BLOOD RED SAINTS, THE SHOCK, j’en passe et des meilleurs et moins bons), mais surtout, de LP de la trempe d’Excess All Areas qui avait secoué les pages chroniques de Hard-Rock Magazine il y a…pile trente ans. De là à considérer cette œuvre comme l’acmé d’une carrière qui ne faisait pourtant que commencer…serait d’une injustice grave. Pourquoi ? Parce que Streets Of Chance, qui représente ce que le brillant vocaliste peut proposer de plus ciselé en termes d’AOR légèrement musclé.
Pour l’occasion, comme je le disais, Tony a su s’entourer de musiciens, de son calibre. On retrouve notamment aux guitares une pléiade de heroes, d’horizons différents, mais dont le background donne le tournis. Joel Hoekstra, qui a tricoté aux côtés de WHITESNAKE ou NIGHT RANGER, Tommy Denander, ex-lieutenant d’ALICE COOPER ou Paul STANLEY, ou Robby Roebel, ex-FRONTLINE. Ajoutez au contrat Neil FRAZER (RAGE OF ANGELS, TEN) et Pete Cry (FARCRY), et vous obtenez une jolie brochette de tricoteurs qui connaissent leur boulot, et qui savent faire rugir ou pleurer leur belle pour transcender des morceaux aux harmonies très prononcées. Mais si l’on se permet de tomber dans l’exhaustivité, en citant les bassistes Neil Frazer (REBELSTAR ROCK) et Linda Mills (DOLLS OF DISASTER), le bilan est lourd, et les capacités techniques infinies…Pourtant, on le sait, des noms et des calibres ne suffisent pas à composer un album qui tient la route sans forcer, si les compositions à la base se complaisent dans la facilité ou la médiocrité. Des reproches qu’on a souvent formulés à l’égard de Tony, en solo ou pas, mais qui deviennent complètement caduques aujourd’hui tant ce nouvel LP respire la bonne santé par tous les pores débouchés, et qui nous propose un véritable feu d’artifices AOR complètement assumé et débarrassé de tout complexe. Car oui, Streets of Chance, outre sa sublime pochette, renferme dix petits joyaux de Hard Rock mélodique à tendance AOR, qui se permettent de faire baver d’envie les cadors du genre, et qui n’auraient pas dépareillé dans le discographie du JOURNEY le plus libéré. Et qui contrairement aux rues sus mentionnées, ne doivent rien au hasard…
Première constatation, la production est léchée, mais a gardé cette approche très crue et naturelle, délibérément européenne dans l’esprit, qui ne gomme pas l’abrasivité d’une rythmique assez échevelée, ni les excès de soli qui ne s’en laissent pas compter. La voix du maître a évidemment été mise en valeur, mais pas au détriment de l’instrumental qui brille comme un diamant au soleil. Deuxième point important à relever, Tony ne s’est pas laissé aveugler par sa propre sensibilité, et ne nous a pas encombrés de ballades sirupeuses qui gâchaient parfois ses travaux les moins costauds. Ici, on cherche avant tout l’énergie, et surtout, le niveau de qualité des disques estampillés AOR qui inondaient le marché à la fin des 70’s et au début des années 80, au point de réussir l’union parfaite entre le style et un Hard Rock mélodique tendre, mais incisif. Du coup, rien à jeter, tout à apprécier, comme un chef d’œuvre qu’il serait injuste de bouder. Si les albums de SHY révélaient parfois un chanteur pas vraiment à l’aise avec l’étendue de son organe, et qui avait tendance à abuser des envolées stridentes, Streets of Chance nous offre le spectacle auditif d’un chanteur qui a bien vieilli et dont la voix à merveilleusement muri, au point de pouvoir faire la nique aux Joe Lynn Turner et autres Steve Perry.
Et avec en support un groupe de techniciens affutés qui n’ont pas bradé leur honneur contre quelques liasses de billets bien serrées, le résultat est tout simplement bluffant, et se pose déjà comme l’album de fin d’une année qui a pourtant été surchargée de LP tous aussi bien composés et enregistrés.
Dix morceaux pour quarante-trois minutes, le timing est juste parfait. Aucun titre ne traîne en longueur histoire de diluer, et reste concentré sur des idées pertinentes judicieusement exploitées. Et que l’ambiance se veuille agressive ou au contraire cajolée, la réussite est totale, comme le démontrent les approches les plus soft qui ne versent jamais dans la mièvrerie, mais plutôt dans le romantisme attendri (« The Art of Letting Go », « Battleground »). Arrangements succincts mais bien sentis, entre boucles de basses élastiques et petits licks électriques, refrains entonnés à plusieurs voix pour un voyage céleste de bon aloi, couplets qui plantent le décor et mettent tout le monde d’accord, ce nouvel effort est un véritable travail d’orfèvres qui savent tailler les pierres brutes pour en faire des bijoux qu’on s’arrache, pour peu que le classicisme le moins formel ait toujours obtenu vos faveurs. L’affaire commence d’ailleurs sous les meilleurs auspices, via un « Scars », hit incroyable qui nous replonge dans la beauté d’eighties retrouvées, celle que Tony a justement illuminées de sa voix délicate et nuancée. Et lorsque les lumières de la ville s’allument, nous laissant arpenter des trottoirs de solitude, on les foule d’un pas plutôt léger, certain de se sentir accompagné virtuellement par des chansons en mélodies d’amitié (« When the Lights Go Down »). C’est certes sans surprises, mais tellement parfait dans l’approche qu’on évite toute méprise ou faute de goût d’une leçon mal apprise (« Legacy » et son clavier introductif qui masque malicieusement un riff agressif, et qui annonce un refrain incisif). Petite tranche de nostalgie (« When We Were Young »), accès de furie qui injecte une bonne dose d’énergie (« Storm Warning », irrésistible et épidermique), pour un final lourd en forme de constat objectif (« Seventh Wonder », le plus Heavy du lot).
Tony MILLS signe là l’un des albums les plus magnifiés de sa carrière…Un disque exempt de tout défaut, qui a choisi la simplicité de motifs entêtés qui s’incrustent et qu’on retient des heures après les avoir écoutés. Une petite merveille d’AOR qui valide en quarante minutes la richesse d’une carrière loin d’être terminée, mais qui nous aura réservé de beaux moments de complicité. Comme quoi, on peut être reconnu et inconnu, ou connu mais mal reconnu, se souvenir de ce qu’on a vécu, mais toujours chercher à aller vers l’inconnu.
Ou l’inverse.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
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