Continuons je vous prie l’exploration des nouveautés du catalogue I Voidhanger Records, en abordant le cas d’un premier album pas comme les autres, et aussi intemporel qu’à cheval ente les époques. Nouveau délire baroque du clarinettiste italien Vittorio Sabelli (DAWN OF A DARK AGE, NOTTURNO), INCANTVM est une sorte d’hommage à la scène progressive occulte des années 70, tout comme au mouvement Heavy théâtral de Paul Chain et DEATH SS de l’orée des années 80.
INCANTVM se situe donc à la croisée des chemins, entre Black Metal, Doom, Rock Progressif, Metal extrême symphonique, chanson de geste grandeur nature et conte horrifique porté par une orchestration riche et pleine. Pour mettre en place ce projet, Vittorio n’a pas lésiné, et présente un groupe impressionnant pour l’accompagner. On retrouve donc Tenebra (DREARINESS) et Nequam (THE MAGIK WAY) qui se partagent le chant et les deux rôles principaux (la sorcière et le grand inquisiteur), Aeternus (HANDFUL OF HATE) à la batterie, Rubrum à la basse, mais aussi Sparda et Sakis Tolis (ROTTING CHRIST) aux chœurs, sans oublier le maître de cérémonie qui joue de sa traditionnelle clarinette, mais aussi du saxo et du piano.
Comme vous le constatez, l’instrumentation est assez inhabituelle, et ne découle pas d’un désir Folk qui aurait pu classer le projet sur les étagères de la folie champêtre. Ici, le Black Metal est tout simplement jauni par le passé, et réminiscent d’une époque où tout était permis, et où les querelles de genre n’avaient pas droit de cité. En citant des ensembles comme BLACK WIDOW, ATOMIC ROOSTER, BLACK SABBATH, HIGH TIDE et MONUMENT, ou encore THE BLACK et PENTAGRAM, le célèbre label américain nous informe que ce concept italien ne ressemblera à aucun autre, et qu’il convient de faire preuve d’ouverture pour en apprécier la richesse. Et cette richesse s’articule autour de cinq mouvements, dont trois épiques qui poussent le chronomètre dans ses derniers retranchements.
Alerté par le nom de Paul Chain, je me suis donc penché sur cette réalisation, et le voyage entrepris m’a laissé un goût délicieux en oreilles. Un voyage qui nous entraîne en arrière, à l’époque de l’inquisition, période trouble et sanglante durant laquelle des milliers de femmes furent condamnées au bûcher ou à la pendaison. Pour retranscrire cet épisode atroce de l’histoire, Vittorio Sabelli a vu grand, et nous propose une véritable symphonie, orchestrée avec flair, et interprétée avec le cœur et l’âme.
Tout commence par une intro classique, mais c’est bien sûr « Il Cerchio e il Fuoco » qui entame les hostilités d’un riff old-school et subtilement doomy. On note immédiatement la grandiloquence du propos, qui sous couvert d’un Black contemporain, renvoie aux ténèbres des années 90, lorsque le genre commençait à exploser du côté de la Norvège. Cette entame formelle n’est évidemment qu’une prise de contact violente, et très rapidement, la couleur musicale évolue vers un paysage plus dégagé, avec un piano détaché, et un saxo à l’économie, qui nous replongent dans la fertilité des années 70, lorsque les groupes progressifs osaient s’aventurer en terre inconnue et mystique. On déguste alors cette clarinette douce et cette batterie discrète, qui pendant quelques minutes nous éloignent de la violence brute, en sachant pertinemment que la brutalité s’invitera plus tard aux agapes symphoniques.
Voix parlées, silences bien placés, envie de proposer autre chose qu’un vulgaire concept album, INCANTVM, né de l’imagination d’un seul homme, est un opéra collectif, qui dévoile ses intentions petit à petit. A la manière d’un DARKTHRONE reprenant les recettes des artistes cultes des années 70 (ceux cités plus en amont), Strigae navigue entre les humeurs et les situations, et trouve toujours la tonalité juste pour traduire son propos. On pourrait presque se croire témoin d’un interrogatoire et d’une exécution sommaire tant l’ambiance du disque est paranoïaque autant que subtile, et ce premier morceau de quinze minutes est déjà l’argument massue pour convaincre de la viabilité du projet.
Jeu de clarinette ludique, passages rythmiques vintage, lenteur de circonstance, reprise abrupte à la mode 92/93, « Lamie » est encore une fois un maelstrom d’idées lumineuses, et le croisement le plus parfait entre l’évolutif ténébreux et le Black sec et nerveux. Il est franchement difficile de résister à ces transitions classiques, naturelles, douces et suaves, qui contrastent violemment avec les inclinaisons Black fondamentales. Et lorsque les deux inspirations se querellent, dans une folie de sorcellerie en combat entre le chant et la clarinette, le projet prend tout son sens et trouve son équilibre stable.
Difficile dès lors de classer le projet et le groupe dans un créneau précis. Aussi nostalgique qu’il n’est actuel, Strigae fascine, dérange, et offre une relecture passionnante et dévorante de l’inquisition. Alors que les parties Metal évoquent la souffrance et la mort, les passages classiques et mélodiques nous brossent le portrait de femmes victimes de leur époque d’obscurantisme, traduisant en pêché mortel toute velléité d’indépendance.
On en rajoute donc dans la grandiloquence des chœurs (« Il Processo »), et on garde le cap jusqu’au bout, terme d’une histoire d’importance et d’une ère impitoyable pour les femmes libres. Bel objet, superbe album, INCANTVM est une réussite indéniable, et un voyage historique dans les recoins les plus sombres de l’âme humaine.
Titres de l’album :
01. Dies Irae
02. Il Cerchio e il Fuoco
03. Lamie
04. Il Processo
05. Al Rogo! / Dies Irae
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