Il parait que les choses empirent. Economiquement, socialement, idéologiquement, environnementalement. Les signaux d’alarmes se succèdent, tirés par des biologistes, des économistes, des climatologues, des sociologues, et on dirait que tout le monde s’en cogne. C’est bien quand même de savoir qu’on va droit dans le mur sans que ça ne choque qui que ce soit. Et le pire, c’est qu’il y a un bail qu’on a été prévenus, mais finalement, tout le monde fait comme si personne n’avait rien dit à personne.
Alors oui, les choses empirent. Things get worse. It gets really worse. GETS WORSE ???
Alors, tout va mieux, et notre destin va peut-être s’améliorer. Ou pas. Mais musicalement en tout cas, on va s’en prendre une bonne, et s’affaler dans les coussins Powerviolence comme les clochards de la vie sur les cartons entassés. Et vous savez quoi ? Apprendre que c’est le bordel de la bouche même et des instruments de ces quatre-là est presque un plaisir en soi. Non, c’en est un, et depuis un bail maintenant.
Et ce ne sont pas les fans des WEEKEND NACHOS ou de THE AFTERNOON GENTLEMEN qui vont me contredire.
Ou, plus probant. Les fans de GETS WORSE tout simplement, parce que dignes d’un gourou du 21ème siècle, les bougres ont de plus en plus de disciples.
Leeds, UK, c’est de la que tout est parti il y a quelques années avec une sale démo crânienne, publié en 2012. Depuis, Tom (chant/guitare), Rich (batterie), Benj (chant/guitare) et Paul (chant/basse) ont bousculé bien des neurones au passage, et semé les graines de l’accord Powerviolence ultime via des réalisations toujours plus régulières, en solo comme en split.
Year Of The Bastard, Negative, le split avec FISSURE (pas nets eux non plus), celui avec HENRY FONDA, et puis White Horse, Yellow Belly, The Blues et Blacked Out, quatre EP impeccables, que l’on retrouve ici assemblés pour nous faire croire à un nouvel acte de lutte longue durée. Mais le leurre ne marche pas longtemps, et on se rend vite compte de l’astuce, qui finalement, passe comme une lettre à la porte. Ou à la poste. Les lettres que les originaires de Leeds envoient arrivent toujours aussi vite, à une vitesse respectable d’un Powerviolence qui synthétise tout ce que l’Angleterre a su offrir en la matière. Cet héritage Core et Grind qu’ils ont pérennisé depuis la fin des sacro-saintes années 80, et qui trouve encore écho dans les blasts et riffs au rasoir d’aujourd’hui.
Alors évidemment, pour les intimes et les habitués, les mutines et les flingués, cette compilation prend des airs de truc indispensable, d’autant plus qu’elle est distribué par les bons soins de Dead Heroes, ce label Tchèque qui trie sur le volet pour mieux repeindre de brutalité. Presque une trentaine de titres pour une superbe que le quatuor affiche avec encore plus d’emphase, emballés sous une pochette encore une fois magnifique, et débordant de véhémence qui ose. Qui ose un sax qui s’époumone façon Lost Boys sur le séminal « Berk Jerker » histoire de montrer qu’ils sont plus ouverts qu’une simple bande de brutes lambda.
Dispo en version vinyle multicolore et noir, cette pièce est une véritable aventure Powerviolence menée tambour battant qui résume un parcours sans faute. On y retrouve donc les quatre 7’’ du gang, assemblés et collés comme des triple croches à la grosse caisse, et qui défilent en maintenant la pression sur les artères. Ça joue évidemment très vite, mais aussi super lentement, glauque et joyeux, triste et heureux. En gros, c’est une quintessence même pas assumée, puisque les mecs ont toujours joué naturel, en hurlant à plusieurs comme bon leur semble, mais en décochant aussi des riffs hautement mémorisables (« Cause For Regret »).
La durée des pistes est variable, tout comme l’inspiration, qui parfois côtoie le Crust/D-beat le plus aux abois (« Black Hole »), ou le fun Grind le plus heurté et décomplexé (« Trashboat »).
Pas étonnant dès lors que les GETS WORSE soient considérés comme les chefs de chantier de la scène Néo Powerviolence mondiale, puisqu’ils ont tout pigé au truc. De la brutalité outrancière, pas mal d’humour, de la technique discernable, et une exubérance fatale qui transforme le moindre de leur morceau en hymne fatal, que tout le monde pourra beugler en cœur. Et comme en termes de production, la messe est dite, cette compilation s’affirme en tant que métonymie, et partie pour un tout, qui sublime le style et en synthétise les meilleurs aspects.
Le seul souci, est qu’il devient très difficile d’en parler, pour ne rien dire, sans se répéter. Alors, écoutons, et laissons ces anglais nous guider.
A vous de voir ensuite si vous êtes capable de gober la pilule directement, ou si un petit aménagement s’impose. Mais même en format très long de plus de quarante minutes, elle s’avale sans problème et ne reste pas coincée dans la gorge. La faute à des machins malins comme « Riff Tannen », qui s’embourbe dans la pesanteur et les cris de douleur, ou « Long Tooth », qui après une poignée de samples emprunte exactement le même chemin, en nous traînant de force sans un marigot Sludgecore vraiment éprouvant et suintant.
Alors évidemment, les accros à la musicalité vont encore râler parce qu’on encense un groupe qui a érigé le bruit en tant que dogme, mais franchement, je n’en ai rien à carrer. Moi les GETS WORSE, je les adore depuis les débuts, et ce Struggle vous permettra enfin d’avoir presque tout ce qu’ils ont sorti, sans avoir à télécharger ou acheter du vinyle sans vous arrêter. Presque une entreprise de salubrité publique pour tous les fans d’extrême atypique, et surtout, un must pour découvrir des musiciens beaucoup plus doués qu’ils n’en ont l’air. Quatre chapitres essentiels dans une seule anthologie, on achète et puis on dit bonne nuit.
Une nuit noire et agitée, mais qui vous laisse vous réveiller en pleine forme et apaisé. Ou excité selon votre caractère.
Alors, les choses vont-elles empirer ?
Pas sûr, moi je les vois plutôt s’arranger. Pendant quarante minutes au moins.
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