Ceci n’est pas une chronique, pas dans le sens littéral du terme. Mais le groupe dont nous allons parler n’a jamais été un groupe, dans le sens émotionnel du terme, il a été bien plus que ça pour nombre d’entre nous. Pas d’inédit à espérer, pas de nouvelles chansons (bien que le groupe ait récemment publié un album dont le titre en dit long), juste un regard en arrière, un regard qui va loin dans le temps, et loin dans les cœurs. Allez, avouez-le. VULCAIN pour vous, c’est un peu plus qu’un simple band français aux albums inégaux, au parcours erratique, à l’histoire simple. Je me permets d’emprunter à Claude Sautet le titre de l’un de ses films, et pour la forme, j’en utiliserai un autre. Vincent, Daniel, Marc et les autres, parce qu’ils résument bien mieux la légende qu’une analyse fouillée d’un tracé musical qui n’a pas vraiment d’équivalent chez nous. Oh, on pourrait parler de TRUST, d’ADX, de LOUDBLAST, de SATAN JOKERS, mais non, VULCAIN est unique en son genre, et pourtant, de la plus honnête des façons, sans tricher, sans effet de manche, sans compromission, et surtout, sans le ridicule achevé d’autres formations qui n’ont pas hésité à se vendre ou avoir recours à des subterfuges pour nous faire croire qu’ils furent les vrais héros d’une génération qui finalement, n’en aura eu que trois. Vincent, Daniel et Marc, les desperados du Rock français, les banlieusards qui sont venus au secours du Rock N’Roll, ceux qui ont créé le big bang, sans transition, avant de stopper la machine, pour des raisons évidentes. VULCAIN, c’est un matin comme les autres de 81, cette année mythique qui vit une rose s’afficher sur les écrans télé un soir du 10 mai, encore un matin, mais pas pour rien. Celui où les frangins Puzzio, Daniel et Vincent, ont décidé de tout donner, tout pour la musique. Dans l’Essonne, rien de transcendant ne se passe. La vie annonce la couleur de sa grisaille, et la perspective d’aller pointer à l’usine ne séduit personne. Alors, passionnés de MOTÖRHEAD, GRAND FUNK RAILROAD, TEN YEARS AFTER, AC/DC, les frangins Puzzio, mais aussi Didier Lohezic et Richard fondent leur propre ensemble, sans nom de baptême. L’idée viendra plus tard, celle d’un Dieu romain, maître de la foudre, qui symbolise à merveille la force de frappe du quatuor qui joue fort et vite, comme si sa vie en dépendait. VULCAIN. Le mythe est né, mais le mythe est humain, aux proportions raisonnables, et ne va pas tarder à faire chavirer le cœur des fans d’un Rock joué dur, mais sincèrement, sans esbroufe.
Avec une telle énergie, le groupe intéresse. Le public évidemment, lors de concerts aux proportions modestes, mais à l’impact tangible. Mais aussi les labels, et après quelques démos pour se roder, intervient une signature sur Ebony records, après un morceau sur une compile. Ainsi naquit l’un des plus grands premiers albums de l’histoire du Rock français, ce Rock N’Roll Secours qui en quelques morceaux, résumait la philosophie du groupe. Les guitares, les décibels, les potes, l’amitié, les motos, et puis la route. Sorti en 1984, trois ans après la formation du groupe désormais frappé de son kit par Franck Vilatte, Rock N’Roll Secours est une bouée lancée aux naufragés qui se noient dans un océan de riffs de façade et de gimmicks qui empestent la stratégie commerciale. Il replace le Rock, le vrai, au centre des débats, et lâche les hits, ceux que le quatuor jouera jusqu’à son dernier souffle. « Ebony », « Les Damnés », « Vulcain/L’Enfer », « Le Fils de Lucifer », et évidemment, cette « Digue du Cul » qui deviendra leur hymne de bitume et de salles enfumées, et que leurs fans reprendront jusqu’à ne plus avoir d’air dans leurs poumons. De là, commence l’histoire, et le chemin du succès qui se pave de briques d’or, avec des enregistrements au mythique studio Maunoir en Suisse, le chaperonnage d’Elie Benali, un habitué de la scène, et la création de Riff records, le label personnel du boss. Desperados, sans vraiment changer la donne, intronise un petit nouveau, jeune, mais qui cogne comme Bonham et y croit comme un disciple devenu égal. Bienvenue à Marc Varez, qui sans le savoir, sera le troisième et dernier batteur de la formation. Avec cette stabilisation, la confiance est à bloc, d’autant plus que le public Hard jugé si difficile accorde ses grâces au groupe. Big Brothers marque pourtant une rupture, VULCAIN souhaite s’adapter à son époque plus sophistiquée, et commence à chercher des pistes un peu moins évidentes. Elie leur impose une reprise, le choix se porte sur la scie radiophonique « On nous cache tout, on nous dit rien » de Dutronc, qui surprend les die-hard. Le son de l’album, plus propre, les compositions moins folles, la standardisation de l’approche n’entachent en rien la réputation, et le groupe en pleine bourre se lance alors un défi, alors qu’il a déjà joué avec les ROGUE MALE anglais et les CHARIOT du même pays. Offrir au sien la plus grosse tournée qu’il n’a jamais connue, une tournée qui passera par la Belgique, la Hollande, et pas mal d’autres coins où VULCAIN est en odeur de sainteté. Et si l’opération ne connaîtra pas le succès escompté, avec seulement les dates à l’étranger et à la Loco de Paris affichant complet, elle aura au moins le mérite de nous offrir l’un des plus grands live de l’histoire, sorte d’équivalent national de l’insurpassable No Sleep ‘Til Hammersmith de l’icône MOTORHEAD, Live Force. Car VULCAIN, même à terre, même avec des dettes à rembourser, est plus que jamais vivant. Sans savoir que le reste du parcours ne va pas être de tout repos, et que le meilleur est désormais derrière eux, tout du moins en termes de succès et de stabilité…
Didier finit par rendre les armes, remplacé par le jeune prodige Franck Pilant. Le groupe commence à se perdre en se cherchant, et publie Transition, au titre si bien nommé et à la pochette diapositive retravaillée au pochoir. L’évolution musicale est notable, mais Franck ne grattera qu’un seul été, vite remplacé par un autre petit prodige éphémère, Marco Arieta, pour enregistrer Big Bang, toujours aussi nuancé. Et puis, entre galères, petits boulots, Vincent, Daniel et Marc finissent par piger qu’à l’instar du gang de leur pote de toujours Lemmy, ils n’ont pas besoin d’aide pour jouer au maximum de leurs capacités. Alors, la formule du power trio s’impose, ainsi que le retour aux sources, symbolisé par l’adoption du seul titre possible pour marquer cette reconquête d’identité. Vulcain. Je ne reviendrai pas ici sur les dernières années qui après l’annonce que la machine allait stopper, déclenchèrent une brouille entre les musiciens, qui allait durer une décennie entière. Je ne reviendrai pas non plus sur les années Mr JACK et BLACKSTONE, mais je pourrais parler de ce retour sur la scène immense du Hellfest, auquel j’ai assisté, ou ces interviews données dans le magasin de Vincent du côté de Pigalle.
Je parlerai plutôt de ce coffret qui nous est offert par Season of Mist, le label de Vinyle, et qui regroupe comme son nom l’indique tous les albums studios du groupe, de Rock n’Roll Secours à V8. Le packaging est très sobre, un peu cheap, mais la somme qu’il coûte (30 balles) excuse cet ascétisme de présentation et cette absence d’inédits et autres raretés. Il n’y a rien dans cette boite en carton que l’on ne connaisse déjà. Il n’y a que d’autres petits cartons qui renferment trente ans d’histoire musicale, des dizaines de chansons fabuleuses, et surtout, il y émane un parfum de passion, d’implication totale, des effluves de tabac, de la sueur, un bruit de moteur, des larmes, des éclats de rire, de la sincérité, et de l’amour, osons le terme. Tiens, en l’ouvrant, j’ai même cru entendre Daniel chuchoter un « Ça va mec ? » complice, le même qu’il hurlait sur la scène de la Loco en 87. On regrettera bien sûr que VULCAIN ne nous ai pas joué la totale en oubliant deux live qui valent toujours leur pesant de plomb, mais tel est le concept de Studio Albums 1984 - 2013, du studio, rien que du studio, chose un peu surprenante pour un combo qui prenait toute son ampleur en concert. Nous avons tous un souvenir lié à VULCAIN, et si le cœur vous en dit, je vous invite à en lâcher un en commentaire de cette chronique qui n’en est pas vraiment une. Plus une accolade amicale à un groupe qui n’en était pas vraiment un non plus. Plutôt un groupe de potes, des grands frères qui ont fait notre éducation à grands coups de riffs et de mots qui frappaient en plein cœur. Alors, juste une dernière chose avant de fermer ma gueule. Merci les mecs, sincèrement, merci.
Albums :
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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11/11/2024, 10:09