D’Athènes nous en revient l’un des groupes les plus étranges du pays grec, qui depuis 2008 se complaît dans un crossover bizarre, opaque, et éminemment violent. Formé dans la capitale grecque il y a plus de dix ans, DEPHOSPHORUS a depuis le départ choisi une optique biscornue, refusant le conformisme d’un seul style, pour proposer une musique inspirée par les ouvrages de science-fiction, à l’image d’HAWKWIND et son obsession pour Michael Moorcock. Et après un Axiom qui se son format moyen entamait les hostilités en 2011, ce sont deux splits qui ont sanctionné le parcours du groupe, avant qu’il ne s’affirme enfin en longue-durée via deux albums publiés à deux ans d’intervalle, Night Sky Transform en 2012 et Ravenous Solemnity en 2014. Le coup de grâce fut enfin asséné trois années plus tard avec le virage Impossible Orbits, et Sublimation vient à point nommé nous rappeler au bon souvenir des grecs, qui décidément ne font rien comme tout le monde et ne ressemblent à personne sur le marché. Lorsqu’on entame le processus de connaissance du combo, on peut facilement croire à une énième exaction BM hellène, mais en allant sonder plus loin, on découvre que finalement, les DEPHOSPHORUS n’appartiennent à aucune autre chapelle que celle générique de l’extrême, leur musique combinant la noirceur du BM, la puissance du Death, et la folie rythmique du Grind, pour concocter un mélange homogène, mais Ô combien surprenant. Inspiré une fois encore par la littérature, Sublimation se concentre sur The Hydrogen Sonata, dernière nouvelle de l’auteur Iain M. Banks, et propose un nouveau voyage aux confins de l’espace, cet endroit où finalement, quelqu’un peut vous entendre crier. Et DEPHOSPHORUS crie, beaucoup, vraiment beaucoup.
« The most soaring, magnificent, ethereal cathedrals to reason, faith or anything else were as mere unkempt and dilapidated hovels compared to the constructions – if they could even be described as such – within the Sublime.” (Iain M. Banks, The Hydrogen Sonata) »
Ainsi est introduit ce nouvel album, qui de ses trente-six minutes sait rester raisonnable et nous éviter les dérives cosmiques interminables. Et quoique légèrement progressif lorsqu’il le souhaite, ce quatrième chapitre des aventures spatiales grecques se concentre sur la violence la plus crue, celle héritée d’un Grind soumis au nihilisme du BM norvégien des années 90, sans que les deux styles ne soient totalement assumés. Publié en CD par les polonais de Selfmadegod, ce LP aura parfaitement sa place dans la discographie du label incorruptible, tant il propose un art consommé du contrepied et de la diversité. Le principal problème de ce genre de réalisations très pointues étant leur redondance, on aurait pu craindre des itérations irritantes, spécialement lorsqu’on connaît un peu le groupe. Mais le quatuor toujours mené par ses deux leaders (Thanos Mantas - guitare, Panos Agoros - chant, tous deux présents depuis le début, John Votsis - batterie, depuis 2013 et Costas Ragiadakos - basse, depuis 2016) a toujours su éviter les écueils les plus évidents, et ose encore une fois une formule de livre fantastique mis en musique par des passionnés, qui savent toujours aussi bien mettre en corrélation les mots et les images sonores. Ainsi, l’œuvre évolue entre puissance brute et sans concession et lourdeur presque clinique, n’oubliant jamais les mélodies au placard, pour finalement représenter un point de convergence entre les VIRUS, BURZUM, et la scène Anarcho-Core anglaise des années 80. Si la comparaison vous semble malhabile ou très peu pertinente, écoutez le phénoménal « Into the Glory of Eternal Orbit », et vous changerez immédiatement d’avis. En se vautrant dans le Crust/Grind le plus nordique de la création, DEPHOSPHORUS choisit une fois de plus la voie la moins diplomatique possible pour séduire, et oblige les fans potentiels à faire l’effort d‘aller vers lui, et non l’inverse.
Pour être totalement franc, cet album peut méchamment irriter, voire plonger dans un état de rage absolue. La production, sourde mais ample colle un maximum de réverb sur le chant, et les riffs sombres qui empruntent au répertoire Sludge peuvent lasser, tout comme ces arrangements cosmiques qui semblent parfois n’être que des gimmicks pour raccrocher le wagon à la locomotive du Nostromo. Il n’empêche que « In Dimensions 7 to 11 » contient plus d’idées que la discographie entière de groupes récoltant des lauriers réguliers, proposant une sorte de Proto-Sludge spatial à connotation Crust qui fait quand même son petit effet. Avec des morceaux courts, le groupe a choisi la bonne option, lui permettant parfois de rester linéaire comme une voie de chemin de fer, ou au contraire de caser autant de virages que le circuit d’un grand prix. Et si « Devoured by Aeons » ne tarde pas à exposer le point de vue global de son immense riff que n’auraient pas renié les DEFTONES ou MASTODON, « Psychohistory » impose les dissonances, et les multiples fills et cassures d’un batteur qui n’a pas la dextérité dans son flight-case de grosse caisse. De loin, Sublimation a de faux-airs d’album des années 70 repris à son compte par une obscure formation extrême le remettant au goût d’un jour très violent. Les titres se succèdent, modulent la tonalité, jouent la pesanteur lorsque la gravité plombe (« Sublimation »), avec toujours en point de focalisation, la voix atonale et exhortée de Panos Agoros. Orchestralement, le groupe est au-dessus de tout soupçon, et utilise toutes les fragrances possibles. Boogie infernal sur « Towards the Eerie Light of the Core », allant même jusqu’à tâter du Hard Rock le plus fondamental sur le catchy « Absurd Aftermath », qui sonne comme du LIFE OF AGONY période « Weeds » repris par Varg Vikerness. En gros, un tour de l’espace en première classe, sans oublier de bien regarder les planètes qui tournent dans le mauvais sens.
Le trip se termine même par un épilogue long de plus de sept minutes, « The Mists Rose like Departing Dreams », qui ne ménage pas ses efforts pour nous immerger dans l’hyper-espace. Très longue intro menant sur un Doom aux allures funèbres, qui cache en fait un énorme crescendo à la VOÏVOD des meilleurs jours. Beaucoup de créativité donc, une essence étrange, une hypnose en apnée dans l’originalité, pour un quatrième album qui confirme la réputation unique des DEPHOSPHORUS.
Titres de l’album:
01. Devoured by Aeons
02. Psychohistory
03. Sublimation
04. Towards the Eerie Light of the Core
05. Absurd Aftermath
06. Multiple Dimension-Descriptor
07. Neural Lace
08. Into the Glory of Eternal Orbit
09. In Dimensions 7 to 11
10. The Mists Rose like Departing Dreams
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