Patronyme classique, titre d’album qui fait légèrement penser au Subconscious Terror de BENEDICTION, formation en quintette aux mines pas si patibulaires que ça, les TOXIC RUIN ont plutôt l’air de jouer franc jeu et de porter leur amour du Thrash en étendard.
Mais, puisqu’il y en a un, ne vous laissez pas abuser par les indices laissés sur le chemin, puisque la route s’avère un peu plus sinueuse que ne le laissent entendre tous ces éléments évidents.
Certes, les mecs ont souvent du tendre leurs oreilles sur les émanations sonores de la Bay Area et de la Ruhr, mais leur technique de restitution est beaucoup plus riche qu’un simple démarquage éhonté des recettes fast & raw des trois décennies passées.
Dimanche matin, un brin de toilette évidemment, mais aussi un peu d’histoire. Les TOXIC RUIN ont entamé leur carrière en 2010 sous la bannière THE RUIN, qui à l’époque enveloppait des chevaliers dévoués à l’art séculaire de la reprise Heavy Metal. 2014, gros mouvement de personnel, et les fondateurs restant décidèrent alors de glisser d’un sobriquet à un autre, histoire d’adapter leurs envies à une dénomination plus idoine et inédite. Ainsi naquit le TOXIC RUIN que l’on connaît aujourd’hui, enfin surtout depuis le mois d’août, date de sortie de leur premier LP.
Ce premier LP est donc le fuit d’une maturation de quelques années, et surtout d’un changement d’optique pour composer du matériel frais et plus personnel.
Les originaires de Sheboygan, Wisconsin ont-ils eu raison d’abandonner leurs appropriations pour se lancer dans la composition ?
La réponse est plutôt du genre positive, même si pas mal de boulot reste à faire.
Loin de se placer dans un axe Thrash pur et dur, le quintette (Chubzy McDuff – chant, Jacob Baneck et Mike Hasselman – guitares, David Miller – batterie et Stephen Behrendt – basse) joue l’ambivalence et n’a pas occulté totalement son passé de Heavy cover band, puisque l’hybridation qu’ils proposent sur ce premier album est patente.
A mi-chemin entre Thrash modéré et Heavy déchaîné, Subterranean Terror ne vous terrorisera pas de sa violence, mais saura vous séduire de son ambivalence. Le Thrash des Américains sait tirer le meilleur parti des écoles US et Européennes, et cumule les breaks Heavy et les envolées de speederie intense, qui restent toutefois assez contrôlées. Pas besoin d’en rajouter dans l’excès, sans tomber dans le trop timoré, mais dans son créneau, ce premier effort frappe assez fort, suffisamment en tout cas pour que vous vous en rappeliez une fois l’écoute terminée.
Les influences sont avouées et affichées, des sempiternels METALLICA, DEATH, ANTHRAX et PANTERA en passant par les plus récents LAMB OF GOD ou HAVOK, sans oublier quelques références plus incongrues, tels les MUNICIPAL WASTE dont ils sont tout de même assez éloignés, ou MORBID SAINT, encore un poil trop débridés pour leur chaos structuré.
Mais, en l’état, Subterranean Terror est une sacrée bonne surprise, puisque le quintette parvient sans peine à retrouver l’ambiance qui animait les meilleurs albums du genre dans cette décennie bénie des 80’s infinis. En piochant dans l’héritage des EXODUS, MEGADETH, INDESTROY et autres AGONY ou PANIC, TOXIC RUIN signe dix compos dont une intro de très grande qualité, et réussissent le pari difficile de vous maintenir éveillé pendant trois-quarts d’heure bien tapés.
Pour ça, ils n’hésitent pas à introduire pas mal de finesses techniques dans une structure de violence compacte, et alternent avec bonheur traquenards Heavy et sprints Thrash, sans jamais vraiment choisir leur camp, mais en durcissant suffisamment leur approche en mid pour la rendre hargneuse.
Chaque musicien connaît parfaitement son boulot et son rôle sur le bateau, et outre une rythmique aussi solide au marteau qu’au sécateur, le groupe peut compter sur une paire de guitaristes complémentaires qui assurent autant en duo qu’en solo.
Riffs catchy, plans qui cognent et qui sonnent, on oscille entre la marche lourde mais chaloupée des METAL CHURCH, les pas chassés croisés hystériques d’ACCUSER, et le mosh modéré des EXODUS/ANTHRAX, sans toutefois ce côté fun un peu exaspérant parfois.
Certes, certaines interventions traînent encore un peu en longueur mais le nombre d’idées à la minute est conséquent, et lorsque le timing est réduit, le groupe domine du staccato et des épaules la concurrence (« Rampage », bons plans au niveau des arrangements discrets, et violence exacerbée).
Bref, et en un mot comme en sang, entre les ruées dans les brancards franches de vieux briscards (« Immolation », celui-là EXODUS aurait pu nous le refourguer sur Force Of Habit), et les placements stratégiques qui offrent une vue dégagée sur la vallée (« Subterranean Terror », construction gigogne qui ne se refuse pas quelques plans bien alambiqués à la CYNIC/RUSH, en toute humilité), les TOXIC RUIN passent en revue le catalogue des figures imposées en y apportant leur touche brutale mais travaillée.
En passant, ils tentent même l’exercice périlleux de l’instrumental à la DEATH ANGEL/DARK ANGEL (un ange ou un autre, c’est du pareil au même) avec le tonitruant et peu complaisant « ...Of What Lies Beneath », se reprennent sur une envolée truffée de petits détails bien troussés (« Lord Of Pandemonium », mid tempo chaotique et ondulant), avant de vous quitter sur un dernier effort dense et affirmant leur présence (« Toxic Ruin », hymne perso à la mélodie bien sournoise qui doit cartonner sur scène après quelques cervoises).
Le tour du propriétaire achevé, Subconscious Terror laisse une impression très plaisante de panachage d’influences, tout en gardant une personnalité forte. Heavy méchant, Thrash fumant, technique indéniable et violence palpable, c’est la confirmation que les TOXIC RUIN ont bien fait de changer de nom et de se faire une propre raison.
Dans le style revival, c’est un premier album qui dame le pion à bien des « presque » classiques sortis à l’époque, doté d’un son ad hoc et joué par des musiciens qui en ont dans le froc et…dans la tête et les doigts. Oui, le Thrash est parfois une affaire de nuances. Alors terrifiant ou pas, je vous laisse franchir le pas et décider de vous-même.
Titres de l'album:
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