Lorsque les rois du Noise rencontrent les empereurs du Sludge, le vacarme assourdissant explose d’une haine farouche envers la musicalité et l’ordre établi. Concerto pour malaise ambiant, entre symphonie pour marteau piqueur et promotion sur l’ibuprofène, Suffocating Hallucination se présente sous des atours plus que séduisants, et permet à deux figures majeures de l’underground de s’épancher sur leurs fantasmes bruitistes les plus craspec.
Ces deux figures, on ne les présente plus. D’un côté, FULL OF HELL, à la réputation souillée d’exercices bruitistes inclassables, et de l’autre, PRIMITIVE MAN, accro à la douleur musicale et à l’oppression rythmique. Evidemment, chacun de son côté a déjà brillé du soleil noir d’une discographie sans tâche, mais parsemée de collaborations et splits en tout genre. A la manière d’un Jello Biafra s’acoquinant avec tout le monde pour sortir des albums uniques, FULL OF HELL a multiplié les formats pour occuper le terrain, tenant la main à CALM THE FIRE, CODE ORANGE KIDS, MERZBOW, NAILS, INTENSIVE CARE, et tout ce que l’ombre compte de monstres effrayants.
PRIMITIVE MAN se fait plus rare, mais ses apparitions ne sont pas sans écho. En compagnie de FISTER, XAPHAN, HEXIS, ou UNEARTHLY TRANCE, les originaires de Denver dans le Colorado n’aiment rien tant que tester leurs vices sur des pervers aussi infâmes qu’eux. Il était donc inévitable qu’ils croisent la route des terroristes d’Ocean City.
La question était alors la suivante : sur quoi pouvait déboucher une telle association de malfaiteurs, toujours prompts à irriter les tympans et provoquer des crises de tachycardie ?
La réponse prend la forme de cinq morceaux, longs, étirés au maximum, enrobés dans un album au nom sans équivoque : Suffocating Hallucination. Sauf qu’aucune hallucination ne sera provoquée par cette « musique », qui se veut au contraire lucide, impitoyable et précise. En gros, un mélange des travers des deux acteurs impliqués, qui n’ont toutefois pas poussé le bouchon aussi loin que l’on aurait pu croire.
Evidemment moins bordélique et intraitable que la colle FULL OF HELL/MERZBOW, le duo FULL OF HELL/PRIMITIVE MAN joue plus ou moins sur un seul tableau. Le Sludge éprouvant passé à la moulinette Noise, FULL OF HELL devant se plier aux exigences de ses nouveaux comparses, peu enclins à abandonner leur style de prédilection.
Il est possible d’envisager cet album comme la forme la plus extrême de Sludge moderne, sale, défigurée, mais pertinente et évolutive. Et « Trepanation for Future Joys » annonce le noir et blanc sans ambages, le long de ses neuf minutes et quelques méchamment éprouvantes. On baigne dans le jus Heavy des PRIMITIVE MAN, toujours aussi légers qu’un ananas pulvérisé par un éléphant, mais l’arrière-plan en feedback et autres grondements de colère souligne l’importance de l’ingrédient FULL OF HELL, épicé, amer, avec ces fameuses propriétés laxatives qui nous font aller aux toilettes à intervalles très réguliers.
Mais Suffocating Hallucination est tout sauf une cacophonie. Pas forcément moins intense qu’un split fantasmé entre ENCOFFINATION et NAILS, il recherche la brutalité la plus fondamentale, et cède de temps à autres à la pression d’un quatuor qui n’a jamais envisagé le Grind que sous sa forme la plus viscérale. Et lorsque les ingrédients sont dosés à parts presque égales, ça nous donne un massacre de la trempe de « Rubble Home », horreur auditive que les MELVINS et les BUTTHOLE SURFERS n’auraient pu concevoir, même après une nuit de débauche lubrique et inventive.
De fil en aiguille, cet album s’enfonce sous les chairs, et accélère parfois l’insertion de la pointe de Metal dans les veines. Shoot immédiat avec séquelles, « Bludgeon » est bien sûr un pied de nez des FULL OF HELL qui veulent bien se la jouer mammouth, mais qui exigent au moins une course poursuite hystérique. Ceci étant fait, la trame reprend son cours, et le reste de l’album hésite entre Ambient Noisy, Sludge de lépreux, et peste bubonique en stridences irritantes.
Un simple conseil : appréciez l’interlude étrange « Dwindling Will » avant de vous lancer sur la piste de l’épilogue « Tunnels to God », parce que si ces dits tunnels mènent à la droite de Dieu, personne n’est sûr qu’il s’agisse de celui à la barbe blanche qui a créé les hommes à son image. Sommet d’un disque qui prône l’excès, « Tunnels to God » envoie les NEUROSIS et ISIS en maison de repos pour jouer au gin-rami ensemble, et daigne même toiser du regard torve Mories et GNAW THEIR TONGUES.
Un défi intéressant.
Au bout du compte, sans être déçu du résultat, on admet qu’il ressemble beaucoup à ce qu’on imaginait. Suffocating Hallucination est certes très vilain, mais pas plus laid que d’autres reflets du miroir des discographies conjointes de nos deux asociaux. Tout ceci reste évidemment largement au-dessus de la moyenne, mais un dosage plus fin et équilibré entre les deux forces en présence eut été apprécié à sa juste valeur.
On a rarement ce qu’on veut. Alors autant se contenter de ce que l’on a.
Titres de l’album:
01. Trepanation for Future Joys
02. Rubble Home
03. Bludgeon
04. Dwindling Will
05. Tunnels to God
Aucun intérêt
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