Il semblerait que le seul objectif de Sentient Ruin soit de repousser à chaque sortie le seuil de tolérance à la violence la plus crue et gratuite. Depuis des années, le label d’Oakland en Californie nous assomme de ses signatures toutes plus underground les unes que les autres, et surtout, plus Noisy, plus dérangeantes, plus chaotiques, et de fil en aiguille, sans aucun lien avec une forme d’expression musicale quelconque. Y aurait-il un trône à conquérir ? Une prime de risque ? Un trophée oublié ? Je n’ai pas de réponse, mais je suis sûr qu’il y a anguille sous roche. La preuve, leurs arguments promotionnels reposent de plus en plus sur l’ignominie de leurs poulains et leur incapacité à concevoir la musique autrement que comme un vecteur d’atrocités dissonantes.
Ainsi, la dernière signature de la maison de disques s’inscrit dans cette logique de répulsion systématique, et il ne reste guère que les durs de durs pour encore supporter les assauts soniques de barbares en manque de réputation ultime. La preuve en est avec ce premier éponyme du duo SULFURIC HATRED, sorti des bouches d’égouts d’un New-York malade jusqu’au trognon, et certainement incapable de lutter contre ses plus vils instincts.
Liam McMahon (instrumentation), et Alexander Jones (chant) sont donc les deux têtes pensantes de ce nouveau projet, mais surtout, des références de l’underground local. On retrouve leur nom au générique de formations comme NINTH REALM, VILE RITUAL, VILE TONGUES, PATH TO WAR ou UNDEATH, plus ou moins connues par les masochistes de tout poil, et l’association entre les deux hommes a trouvé son point de convergence dans le traitement sans artifices d’un Black/Death si sourd et diffus que même les oreilles les plus rompues aux atrocités gravissimes n’y retrouveront pas leurs petits.
De fait, Sulfuric Hatred s’adresse vraiment aux plus méchants des vilains, et il est inutile de disséquer l’album dans son intégralité pour le comprendre. Une simple écoute de l’introductif « Merciless Subjugation (Upon Our Knives) » suffit à comprendre que le duo se rapproche des pires méfaits de REVENGE, ou des délires nocturnes de DEATHSPELL OMEGA, alors en goguette avec CRYPTAE et GOAT TERROR.
Du beau monde donc, pour une célébration mineure d’un Black/Death grouillant, bouillonnant, dégoulinant, à l’image d’une vielle cave moisie dans laquelle s’entassent des cadavres anonymes, passés au mauvais endroit au mauvais moment.
Parfait petit précis de la torture auditive, Sulfuric Hatred est un acide qui coule dans les veines, et qui marque les bras d’une trainée jaunâtre qui n’augure rien de bon pour la santé. Si les deux hommes ont clairement privilégié l’attaque frontale avec un déluge de blasts, de cris rauques, et d’impulsions épidermiques, ils acceptent néanmoins quelques nuances plus classiques, qui permettent de reprendre son souffle. Mais ces épisodes sont rares, et disséminés à travers l’album avec une parcimonie excessive.
Apprêtez-vous donc à nous noyer dans ce magma de sons, de coups de caisse claire, et dans cette mer de riffs prétextes que personne ne parvient à vraiment discerner. L’œuvre a été conçue comme un tout, chaque instrument permettant d’atteindre le point d’ébullition, et le niveau critique de torture des sens. Même les intermèdes s’apparentent à des inserts Ambient, option GODFLESH et consorts (« Transmission I »), pour mieux vous surprendre quelques secondes plus tard d’un lick funèbre et insistant (« Sanctioned Execution of Profaned Torture »).
Tout ceci fonctionne donc comme une épreuve, ou mieux, une expérience de la C.I.A à base de privation de sommeil et de coups portés avec régularité. Aussi Black qu’il n’est Death, ou l’inverse, ce premier album du duo new-yorkais est un manifeste de noirceur comme Sentient Ruin les aime tant, sans autre objectif que de vous faire souffrir et remettre en cause votre conception de l’extrême. Certes, cet album n’est pas le pire sans son genre, ni le plus éprouvant, mais sa constance a de quoi agacer, et surtout, exercer une pression sur votre santé mentale en cas d’abus prolongé.
Une première partie lapidaire, et une seconde plus construite, qui révèle des intentions encore plus néfastes. « Prostrated Human Race », pénultième piège condense le savoir-faire en explorant des pistes légèrement différentes, laissant même une basse résignée se faire une place à l’ombre d’une rythmique plus ouverte, avec toujours en contrepoint ce chant infâme et sans aucune humanité.
SULFURIC HATRED a trouvé la terre d’asile qu’il méritait amplement, et Sentient Ruin se satisfait pleinement de cette découverte qui s’inscrit dans une politique de repoussoir que le label prône depuis des années. Au risque de passer pour l’auberge espagnole des flingués les plus notables de cette pauvre planète.
Titres de l’album:
01. Merciless Subjugation (Upon Our Knives)
02. Stacked Remains in the Charnel Pits
03. World Fucking Collapsing
04. Foul Poison Insatiable
05. Forward Our Legions
06. Transmission I
07. Sanctioned Execution of Profaned Torture
08. Sulfuric Hatred
09. Fall Upon Lesser Armies
10. Prostrated Human Race
11. Transmission II
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