Une fois tous les paramètres connus, on aurait pu aborder le truc comme un énième machin Indie venu des Etats-Unis, toujours très prolixes en groupes sortis de nulle-part et destinés à y rester. Le nom, la pochette, le lettrage, la couleur, la thématique de l’enfance, et même Providence, Rhode Island tiens, patrie des MUNDANES, THE LOW ANTHEM, ARAB ON RADAR et MINDFLAYER. Mais aussi de PRIMITIVE MAN, VELVET CRUSH, ou des très vilains VITAL REMAINS. De quoi hésiter quand même. Surtout que sous la demi-heure pour un premier long, les options se resserrent.
Mais elles collent aussi à la peau de ce Hardcore passé. Un Hardcore joué comme un Rock salé, fuzzé à l’extrême, qui cite sans le vouloir vraiment la tribu d’Athens, les PIXIES, et surtout, FUGAZI et Bob Mould. Le Stoner Punk des SULLEST bouffe un peu à tous les râteliers, mais inspire confiance. On n’imagine pas la troupe nous faire les poches, ou partir sans dire au-revoir. Je sens les gars honnêtes, qui jouent leur set, se contentent de leurs deux ou trois tickets boissons, et d’encaisser leur dû sans poser de questions.
Et j’aime beaucoup les gens honnêtes. Ils se font rares de nos jours.
Etrangement (ou pas) signés sur Armageddon Label, filiale plus qu’intéressante, SULLEST se livre sur ce premier long au difficile exercice des présentations pour les néophytes. Guitares en avant, basse surgonflée, voix un peu à l’arrache et étouffée par le mix, volontairement, Sullest évoque un possible rapprochement entre le Post Punk et ce Core joué par les anciens ayant découvert les vertus de la mélodie dans un contexte agressif.
Un peu Noisy, un peu bancal, un peu artisanal, Sullest fait beaucoup de bien dans la production actuelle, surchargée de facilités et autre passe-droit de réputation à tenir sans faire d’effort. A contrario, Mike Pagano (guitare/chant), Ashley Anderson (guitare/chant), Jon Pagano (basse/chœurs) et Neil King (batterie) cherchent toujours un moyen de sonner autrement. Différemment de la masse, différemment des astuces de studio, pour ne perdre ni en crudité, ni en précision.
Présenté comme un hymne à la résilience, à la réminiscence, amer comme une limonade trop peu sucrée, mais adulte comme une facture impayée sur la table de l’entrée. Une résilience pas toujours gaie, avec des textes qui font parfois mal au bide, mais une résurgence de l’espoir quand la nuit se tasse et qu’un autre jour se prépare. Des guitares qui bossent pour mériter leur salaire, et qui saluent New-York, le Colorado, et évidemment le Rhode Island. Un peu WIRE, un peu DESCENDENTS, un peu entre-deux pour beaucoup de choses, SULLEST a de faux airs du « 1979 » de Billy Corgan, en moins complaisant et autocentré. Un voyage dans les souvenirs, qui pose des questions existentielles inévitables. On veut bien croire Mike Pagano quand il braille « Where are the good old days? Right in front of your fucking face ! », et on se joint à lui pour encaisser la réponse en pleine gueule.
Ça fait évidemment un peu mal par où ça passe, mais l’esprit Punk permet de relier aujourd’hui à avant-hier sans tomber dans le jeunisme ou les travers de mode. Cet album photo poussiéreux, qu’on exhume d’un tiroir trop rarement ouvert réconcilie les différentes écoles de pensées, entre Emo Punk, Stoner lo-fi, et plus simplement, Rock joué serré et sincère sans se soucier d’une quelconque éthique. Mais assez étrangement, tout est dit ou presque sur l’intro brève et automnale « Compline: Night Duty ». Riffs imbriqués, harmonies qui s’évanouissent dans l’aube morne, et concision dans le discours. Ne reste plus à « "Party On, Contest Winners" » de démarrer les hostilités en reliant les points pour le puzzle Hardcore.
Les titres s’amusent beaucoup, l’ambiance est bon enfant, mais le fond de l’air de famille est très frais. On a beau disserter sur le passé avec « Windows 9595 », ramener à la vie des personnages oubliés sur « Dirt Mall », la tendresse couve sous les cicatrices, et se montre lorsqu’on l’attend le moins.
Entre chien et loup, SULLEST est un regard un peu embué passé par-dessus les lunettes de soleil. Les tatouages accusent l’âge, mais l’esprit est toujours vif. Et pour cause, puisque ces quatre-là ne sont pas bien vieux. Mais assez pour savoir travailler une rythmique et des passages plus tendus, pour boucler un loop acide en plein couplet mélodique (« Darren Fairenoughsky »), ou pour provoquer Seattle sur le trépidant « Susquehanna ».
Même vieux, même usé, nous restons la somme de nos souvenirs. Des beaux, des laids, des anecdotiques et des plus délavés. Et de temps à autres, la désagréable sensation de ne jamais avoir trouvé sa place vous chatouille le cerveau, et vous brise le cœur. Mike Pagano le chante très bien d’ailleurs, avec un peu d’amertume dans la voix :
Still haven’t found a place to call my home. I wonder everyday, what will I find ?
Titres de l’album:
01. Compline: Night Duty
02. "Party On, Contest Winners"
03. Darren Fairenoughsky
04. Windows 9595
05. Susquehanna
06. Counterspell
07. Dirt Mall
08. Contact High
09. Mark Decesare’s House Party
10. "Oh No, My Smoking Hand"
11. Compline: Morning Bell
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29/04/2025, 02:27
Je veux une scène vivante et organique voilà tout. Je constate une baisse en qualité, la scène metal ressemble de plus en plus à un musé. Mon expérience c'est que tu as un bon groupe sur 4 dans une soirée live maintenant. Il y a pas si (...)
29/04/2025, 02:24
@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
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@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)
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