« Tiens, si demain matin à l’aube tu ne fais rien, je te propose une exécution sommaire ! »
« Heu, oui…laisse-moi réfléchir…Sinon, café/croissants c’est sympa aussi… »
Evidemment, une telle proposition n’a rien de concret, mais se voit plutôt comme une métaphore. Une métaphore Ô combien plus sympathique qu’un flingage en règle à peine le soleil levé, impliquant un groupe qui effectivement ne fait pas dans la dentelle. Et l’anecdote amusante, c’est que ce premier album aurait très bien pu ne jamais voir la lumière du jour, puisque le groupe l’ayant enregistré existe depuis déjà dix ans sans nous avoir offert plus qu’un EP…il y a six ans. Les américains de OATH OF CRUELTY ne sont en effet pas des plus prolifiques, mais excusez leur nonchalance. Ils officient dans de si nombreux projets qu’on ne peut pas attendre d’eux une présence effective. Comme tous les acteurs de l’extrême se laissant guider par la passion, ces instrumentistes se partagent entre un nombre assez conséquent de combos underground, et en jetant un œil à leur CV on remarque des implications diverses au sein de BLASPHERIAN, CEMETARIAN, THY FEEBLE SAVIOUR, TERRORIST, P.L.F, ADUMUS, ainsi que des participations passées dans GATES OF ENOCH, ACALVARIA, CRUSHER, MORBOSIDAD, OWL WITCH, TERMINATION FORCE, GLEET, KRIME PAYS WHEN PIGS DIE, LIONEL HUTZ, NERVOUS WRECKTUM, RACE AGAINST TIME, WRATH OF BEOWULF ou IMPRECATION. Avec ça, pas évident de proposer autre chose que deux démos et un EP (Hellish Decimation) en une décade d’existence. Mais heureusement pour nous, ils se sont réveillés à l’aune de cette nouvelle décennie pour nous montrer de quel bois ils comptaient se chauffer. Et avec une chaleur pareille, m’est d’avis que 2020 risque d’être plus que torride en leur compagnie.
OATH OF CRUELTY c’est un peu l’apogée d’un Crossover. Le Crossover le plus difficile qui soit, celui qui consiste à trouver l’équilibre parfait entre Thrash et Death, en poussant l’agression à son maximum sans perdre en efficience ce que l’on gagne en puissance et bestialité. Les règles d’origine ayant été définies par des groupes comme INCUBUS, il convient de faire très attention, le style étant très pointu et exigeant. Mais dès «Pounding Hooves Of Shrapnel » le doute n’est plus permis : cet équilibre est patent, et ramène aux miracles récents des WARFECT, corsé d’une touche de brutalité totalement sud-américaine. Originaires de Houston, Texas, les membres du groupe font tout pour que la lune les entende en toutes circonstances. Et avec un barouf pareil, la communication ne risque pas d’être rompue. Rythmique à fond les ballons, chant geignard mais réellement véhément, riffs qui tournent rond mais pas en rond, et cadence déraisonnable pour fixer les objectifs dès le départ. Le compromis entre les deux genres et parfait, et les concessions inexistantes. On sait dès le départ et en moins de trois minutes que les lascars ne sont pas là pour faire de la figuration, mais pour nous défoncer le front. Le leur est bas, mais leur approche est des plus efficaces. Des thèmes simples poussés au maximum de leur efficacité, une production un peu sourde mais brutale, et une énergie ne se démentant pas pendant juste une demi-heure. La recette d’un massacre parfait, au petit matin comme au crépuscule. D’un niveau technique largement suffisant pour la pratique d’un tel art, le quatuor (Lycanthrope - basse, Matt Mayhem - batterie, Dave of Death - guitare/chant et D.Killer - guitare) avance sans se poser de question, prône la vélocité mais ne dédaigne pas la lourdeur, et nous assomme de ses enchaînements sans temps mort. « Stabbing Forth With Invincible Damnation » enfonce le clou encore plus profond dans l’œil, et snobe la vague actuelle de Blackened Death/Thrash qui commence à nous les briser. Ici, le son est purement Thrash, comme le prouve l’intro de « Through Alchemy And Killing », que SLAYER et SODOM auraient pu entonner de concert. Un peu mosh sur les bords, mais pas vulgaire, tel est donc le talent de ces tarés qui ne font que donner des pains en passant, l’air méchant, mais le sourire complice des mecs qui savent que le boulot est bien fait.
Nonobstant toutes ces remarques positives, ne vous attendez pas à du changement. Les morceaux sont tous à peu près construits sur le même moule, à quelques variantes près. Des BPM encore plus denses, des riffs plus nombreux, et surtout, des figures de style à la batterie qui empile les fills, les cassures, les reprises dantesques et les poussées atomiques. A ce titre, affirmons que Matt Mayhem est le poumon de cette centrale nucléaire, le cœur du réacteur, et qu’il emploie toute sa dextérité à catapulter des riffs concentriques en plein ciel. On reste assez admiratif face à cette débauche de violence qui ne supporte que peu de pauses, à l’occasion d’une intro, pour planter le décor, et il n’est pas rare de penser aux radicaux DEMOLITION HAMMER et autres MORBID SAINT, les premiers à avoir défriché le terrain en empêchant l’herbe de repousser. Modèles d’efficacité, chaque titre est une perfection dans la lubricité, et « Pathogenic Winds Of Swarm » de calmer un peu le jeu, sans le ralentir. C’est d’usage, traditionnel, mais dans un créneau aussi risqué, c’est aussi un modèle, une acmé, et l’intensité ne faiblissant jamais, on ressort de l’expérience lessivé. En combinant les licks accrocheurs des meilleurs attaquants Thrash aux réflexes conditionnés des attaquants Death, Summary Execution at Dawn est un tir de barrage tout sauf gratuit, qui ne rate aucune cible. Car les texans ont eu l’intelligence de jouer la concision, chaque titre ne durant jamais plus que la somme totale de ses idées. Malgré des recherches d’ambiances et d’atmosphères, le plus important est de frapper très fort et très vite, avec de temps à autres des temporisations Heavy (« At The Tyrant's Behest »), pas moins efficaces et qui ont le mérite de varier les plaisirs.
OATH OF CRUELTY prête allégeance, et reprend même à son compte un vieux tube des monstrueux MERCILESS, « Denied Birth », lui faisant honneur de leur respect et de leur traitement sans compromis. C’est d’ailleurs une appropriation qui a parfaitement sa place dans la méchanceté ambiante, et au moment de refermer les portes au petit matin, le bilan est lourd. Des victimes, du sang, des tripes, mais le tout exécuté très proprement, avec le professionnalisme des vrais tueurs. Un album faussement simple, mais réellement efficace dans l’excès.
Titres de l’album :
01. Pounding Hooves Of Shrapnel
02. Stabbing Forth With Invincible Damnation
03. Through Alchemy And Killing
04. Pathogenic Winds Of Swarm
05. Into The Chamber Of Death
06. At The Tyrant's Behest
07. Victory Rites Of Exsanguination
08. Denied Birth (MERCILESS Cover)
09. Summary Execution At Dawn
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30