Summer Ends. Some Are Long Gone.

Trauma Bond

12/01/2025

Autoproduction

Si j’avais eu un Ipone 27, et que j’avais demandé à Firi de me balancer le son le plus brutal du moment, elle m’aurait certainement encore plus aimé, et envoyé directement dans les tympans le premier album de ce duo londonien improbable. Vraiment. On peut trouver plus étrange, on peut trouver plus bordélique, mais il est difficile de cocher autant de cases à la fois. Qu’un truc puisse être à la fois Hardcore, Sludge, Indus, Grind, Electro et Noise tient du petit miracle, et TRAUMA BOND est notre Jésus réincarné en fan d’underground. Depuis quelques années, on le sait, il existe plein d’artistes qui jouent avec les frontières de genres. Que l’on parle de BABYMETAL, de POPPY, de Chelsea WOLFE ou de je-ne-sais-qui, les barrières chutent et les puristes en prennent pour leur grade.

Dont acte.

TRAUMA BOND sur le papier, en photo et dans les faits, sont des concepts tout à fait différents. Ce portrait qui sent bon le shoegaze ou les poètes 4AD (ou une pub pour un parfum sur fond de Dream Pop), cette pochette glaçonnée qui donne des envies de succion sucrée, ce rose fuchsia sur fond blanc, tout aiguille sur la mauvaise piste, et à dessein. Mais ce couple justement ne dévoile pas les siens immédiatement, et vous happe dans son vortex de violence comme un GODFLESH en pleine marave avec NAPALM DEATH.

Je pèse mes mots, s’il vous plaît. L’épiphanie ressentie à l’écoute de Summer Ends. Some Are Long Gone. est au moins égale à la dégustation d’une galette de saison, et je peux le dire bien haut sans avoir peur du qu’en-dira-t-on : ils m’ont donné la fève. Nique ta maire.

Eloise Chong-Gargette & Tom Mitchell, beauté de l’Asie et poilu bien dégrossi, voici donc l’association du moment. Si les pages officielles rangent le tout sous l’étiquette unique du Grind, par facilité sans doute, le fruit de leurs réflexions est beaucoup plus riche et dense. Ils font du boucan, mais jamais gratuitement. Même si leur album ne coûte pas énormément.

TRAUMA BOND est donc un traumatisme, à n’en point douter. « Brushed by the Storm », le premier morceau, ressemble à s’y méprendre au bruit d’une prison surpeuplée dont les matons tremblent plus que les malfrats incarcérés. Tout ça sent la trouille, les rats qui grouillent, les draps qu’on mouille et la cuisine qu’on touille. Incantation gravissime pour effrayer ceux qui se seraient arrêté là au hasard, cette intro hideuse résume tout ce que l’underground peut proposer de plus rance, avec en cadeau, un salut respectueux vers Justin Broadrick.

Si les DAUGHTERS avaient accepté de moduler un peu plus et de rester un tantinet plus collés à leurs débuts, alors You Won’t Get What You Want aurait sonné comme ce Summer Ends. On retrouve cette volonté de déranger, d’instaurer le malaise, d’appuyer pile là où ça fait mal, et de varier les plaisirs sans baisser sa garde de son sadisme. Et le plus incroyable dans cette affaire, c’est que nos deux amis du jour ne se répètent jamais. Ou presque.

J’en conviens, les fulgurances sous la minute sont assez courantes, et symptomatiques d’un Grind moderne et gras. On sent parfois les pousses Mathcore faire une petite apparition, avant de retourner sous terre pour ne pas niveler le projet. La guitare est accordée plus grave qu’une attaque à l’infrabasse, la production est gigantesque et suffocante, les lignes de chant tout à l’avenant, mais les transitions sont travaillées, et le feedback toujours à bien placé.

C’est parfait.

Sincèrement, il va être très difficile en 2025 de se prétendre extrême sans atteindre les cimes tutoyées par cet album. Loin de moi l’idée de faire du lobbying, mais écoutez ce disque, et vous comprendrez de quoi je veux parler. Parce que « Chewing Fat » est le morceau le plus atroce et éprouvant que PRIMITIVE MAN ne composera jamais. Parce que « Repulsion » est encore plus moche et vulgaire que son groupe homonyme. Parce que « Wolfing the Lambo to the Mutton » fricote avec le Power Electronics sans en avoir l’air.

Et parce que « Dissonance » est une thérapie par la souffrance de plus de neuf minutes qui retranscrit admirablement bien la vacuité d’une existence morne sous le smog londonien.

C’est rare, mais j’y vais gaiement. 100. Note maximale. Pratique, comme ça, vous ne serez pas étonnés de retrouver le truc dans mon top de fin d’année.      

                                                                                             

Titres de l’album:

01. Brushed by the Storm     

02. Good Grief

03. Chewing Fat        

04. Regards   

05. Sun of Scum        

06. Repulsion 

07. Wolfing the Lambo to the Mutton         

08. Thumb Skin For Dinner  

09. Dissonance


Bandcamp officiel

par mortne2001 le 21/01/2025 à 17:54
100 %    114

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