Je sais que c’est difficile à croire, mais fut un temps, la Suède n’était qu’un tout petit pays qui exportait du Metal au détail, et qui se concentrait surtout sur les aspects les plus mélodiques de la musique. On y trouvait des trésors harmoniques, mais aussi quelques sales brutes Hardcore. A l’inverse, les musiciens portés sur le Thrash se comptaient sur les doigts d’une main, et en dehors d’AGONY, BATHORY, ICE AGE et une poignée d’autres, le style n’avait pas forcément le vent en poupe comme il en profite aujourd’hui. Dans cette petite vague d’envahisseurs bruyants se distinguaient les flibustiers de MEZZROW, pirates Techno-Thrash habiles et rapides, qui en un seul album se sont vu auréolés d’un statut culte instantané.
Pour info et pour l’amour de l’anecdote toujours importante, Then Came The Killing, sorti en 1990 sur le label Active Records se refile à des sommes tout à fait raisonnables sur les plateformes, ce qui est largement justifié par la qualité des compositions proposées. Non que le quintet à l’époque ait eu de quoi tenir tête aux meilleurs attaquants, mais la stabilité, la solidité de l’œuvre a très bien supporté l’épreuve du temps, au point de la retrouver dans de nombreux tops consacré à des travaux mésestimés (dont ceux publiés sur ce site).
Surfant donc sur la vague nostalgique de ces vingt dernières années, les suédois ont décidé d’interrompre une période de silence de plus de trente ans en remettant le couvert pour une nouvelle livraison de chansons solides, performantes, agressives et pugnaces. Juste avant la réédition de leur unique album, agrémenté de deux démos via Hammerheart, Conny Welén (basse, ex-HEXENHAUS) et Uffe Pettersson (chant, ex-ROSICRUCIAN) ont donc pris la décision d’aller de l’avant, et d’offrir aux thrasheurs un retour tonitruant, avec une équipe fraichement réunie.
Autour du duo de base, nous saluons donc l’arrivée de Magnus Söderman (NIGHTRAGE) et Ronnie Björnström (ex-DEFIATORY, ex-AEON) aux guitares, et de Jon Skäre (DEFIATORY, HULKOFF) à la batterie, qui complètent donc le line-up 2023. Et la sauce a pris visiblement, les cinq hommes s’entendant musicalement comme lardons en poire, produisant un Thrash de très haute teneur en classicisme, efficace comme une rouste de l’EXODUS de salle de sport, ou d’un ASSASSIN en rupture de ban Thrashcore.
Rien que du formel, mais le meilleur. Les gus n’avaient pas le droit à l’erreur au vu du statut enviable de leur unique album, et se devaient donc de réitérer la performance, tout du moins d’essayer. L’épiphanie n’est donc pas totale, autant l’admettre, mais au regard de la production actuelle, aseptisée et en roue libre, Summon Thy Demons lâche méchamment les watts, et domine le groove de la tête et des épaules.
Dans la veine du dernier OVERKILL qui ne se pose pas de question et qui rentre dans ton salon sans s’essuyer les pieds, MEZZROW retrouve ses automatismes de jeunesse, et capitalise sur l’expérience acquise en dehors du contexte légal. Car les deux instigateurs du projet, si vous avez bien lu, se sont impliqués dans deux groupes majeurs des années 90, HEXENHAUS et ROSICRUCIAN, qui eux aussi ont glané bien des lauriers avec le temps passé.
Mais alors, comment juger et classer cette nouvelle affaire sans léser les fans par des métaphores trop flatteuses, ou pénaliser les musiciens en atténuant leur performance ? En restant honnête évidemment, et en admettant immédiatement que Summon Thy Demons n’a pas l’aura de Then Came The Killing. Les deux disques peuvent se comparer selon des critères d’efficacité et de puissance, mais la mystique de l’entrée 1990 a disparu au profit d’une immédiateté qui cogne et des refrains qui sonnent.
Produit maison par Conny Welén, Ronnie Björnström et Magnus Söderman, mixé et masterisé par Ronnie Björnström (SORCERER, MESHUGGAH, 220 VOLT), Summon Thy Demons est un soleil d’été qui réchauffe les cranes au point de faire roussir les tignasses. Entre charge fatale et ralentissements fourbes, les suédois continuent le travail entrepris il y a des décennies, s’inscrivant dans une mouvance confortable qui n’exige que peu de prouesses. Dommage, on aurait bien aimé un peu plus d’audace, et pourquoi pas, quelques pirouettes Techno-Thrash, mais en revoyant ses exigeantes à la baisse, il est évident que ce second longue-durée est méchamment compact, solide et inattaquable sur la forme.
Le fond lui colle aux principes suédois des années 80, et aux préceptes américains de la même décennie. Un peu de la Bay-Area délocalisée au soleil pâle de Nyköping, pour un passage en revue de toutes les figures du genre, entre intro martiale grondante et soli éclair et mélodique.
Du beau et bon boulot, qui laisse une grosse partie de la concurrence loin derrière. A la manière d’un AGONY en pleine bourre, MEZZROW met sa technique au service d’une agressivité noble, mais n’oublie pas non plus de faire claquer la rythmique. Le résultat est donc sans appel, joyeux, euphorique, et le plaisir de retrouver ses sensations fait brûler la flamme de la passion, que l’on peut presque sentir rougir notre peau sur le monstrueux « Beneath the Sea of Silence ».
Du Thrash médium à la suédoise, mais peaufiné, calibré, et assez sauvage pour fédérer. Ce comeback n’est donc pas uniquement lié à un opportunisme de surface, et répond à des attentes très précises et pointilleuses. Aussi groovy qu’il ne bouscule, Summon Thy Demons est sans conteste possible l’album le plus efficace et inspiré de ce premier semestre 2023, aux côtés du lapidaire Scorched d’OVERKILL.
Celui-là, désolé mais vous n’avez pas le choix. Il va falloir l’acheter.
Titres de l’album:
01. King of the Infinite Void
02. Through the Eyes of the Ancient Gods
03. Summon Thy Demons
04. What Is Dead May Never Die
05. De Mysteriis Inmortui
06. Beneath the Sea of Silence
07. On Earth As in Hell
08. Blackness Fell Upon the World
09. Dark Spirit Rising
10. The End of Everything
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