Aujourd’hui, Dieu bénisse Jack Lang, c’est la fête de la musique. Demain, Dieu bénisse le Metal, c’est l’entame du Hellfest. Ne participant ni à l’un, ni à l’autre, je ne peux qu’imaginer les scènes de liesse suscitées par ces deux évènements, en choisissant de me focaliser sur le premier. Car la fête de la musique, c’est bien connu, c’est un peu le festival du grand n’importe quoi avec n’importe qui…Des stars parisiennes à Bastille ou sur les Champs aux majorettes de province, en passant par les orchestres de bal, les associations de lycéens aux cheveux gras qui peinent à massacrer « Creep » de RADIOHEAD, ou les petits concerts révélant des musiciens créatifs en devenir, tout est possible, imaginable, envisageable. Alors imaginons pour le plaisir une bande hirsute qui squatte un coin de trottoir, près d’une propriété privée, pratiquant un Metal féroce, au moins autant que les trois ou quatre mâtins jappant derrière la grille et prêts à bouffer leurs chevilles. Le chien, défense ultime des bons riverains qui en ont assez qu’on pisse sur leur pelouse ou qu’un laisse une crotte dans leur boîte aux lettres (sans compter les petits écervelés qui sonnent à des heures indues), voilà une thématique intéressante qu’une bande d’italiens furieux ont décidé de mettre à l’honneur sur leur premier EP/LP. Et c’est tout à leur honneur, la mythique canine étant l’une des plus fascinantes de l’histoire, ce que les VERANO'S DOGS pensent aussi, au jugé du laïus leur servant de biographie. Car leur nom est un double hommage/référence, l’un au cimetière de Vérone, le plus connu d’Italie, et l’autre à la symbolique du chien, créature velue censée nous accompagner de vie à trépas dans l’au-delà. Les deux concepts étant intimement liés, ils ont été logiquement associés par ce trio romain (Pablo - batterie, Ulderico - chant/basse et Pompeo - guitare) formé en 2015, et qui risque de faire grand bruit au sens propre et figuré dans l’underground extrême.
Et extrêmes les VERANO'S DOGS le sont sans conteste. Constitué d’anciens musiciens de combos obscurs comme DIRTY POWER GAME, xKATExMOSHx, NIS, ou INJURY BROADCAST, très actifs sur la scène italienne, ce trio à l’énergie de tous les diables produit le même genre de barouf qu’un énorme beauceron lancé aux trousses d’un facteur un peu trop impétueux. On les sent la bave aux lèvres, accrochés à leurs instruments, ravalant leur écume tout en lâchant les jours, prêts à en découdre avec n’importe quel public, dans n’importe quelles conditions. Et comme elle fait les larrons, autant savourer cette rondelle garantie 100% lardons, qui se fait un plaisir de cuire à point un Death/Grind à l’ancienne, sans batterie triggée, sans effets de manche, mais truffée de riffs épais, d’une rythmique onctueuse, et de vocaux régurgités avec force borborygmes et éructations cutanées. Le genre de tartine qu’on avale d’un trait, qui hume bon le Death/Grind old-school, tel que le pratiquaient/pratiquent encore des groupes comme MACHETAZO, NAPALM DEATH, PHOBIA, REPULSION, INSECT WARFARE, LOCK UP et quelques dizaines d’autres moins reconnus, mais tout aussi tendus. C’est donc la somme des influences qui permet aux romains de rejoindre la tendance, et de nous proposer l’un des LP les plus alléchants du moment, sans en avoir l’air, mais en soufflant le chaud et le bouillant par les enceintes. On retrouve avec un plaisir non feint ces parties de guitares sombres, ces cassures rythmiques succédant à des blasts bien méchants, et cette dualité vocale nous ramenant aux grandes heures du Grind originel et de DEICIDE. Sauf que les VERANO'S DOGS sont tout sauf des clowns sataniques amusant la galerie, et plus volontiers des conteurs habiles se basant sur la mythologie et l’histoire pour proposer des histoires d’horreur et autres légendes canines à mordre de désir.
Pourtant, le tout est assez classique, sans l’être. En confrontant la passion d’une violence en tourbillon, et la froideur du Death à la AUTOPSY, le trio a fait le bon choix, et évite le piège de la répétition à outrance. En se permettant des variations, des déviations, des sévices et autres services de déraison, Summoning the Hounds rappelle les chiens de l’enfer, et les laisse gambader frénétiquement sur nos pas, dans le dédale d’un vieux cimetière nocturne à peine baigné de la lumière de la lune. Celle-ci est d’ailleurs pleine, et permet à quelques lycanthropes de se joindre au bal histoire de rendre la fête encore plus folle. Celle-ci est d’ailleurs intelligemment élaborée, à base de surprises en fulgurances (« Rabid Moments », quand Médor à la rage, on ne le fait pas piquer en onze secondes, mais on le laisse mettre les intrus en nage), de longues séquences de fureur Grind agrémentée d’une colère Death maladive, à grand renfort de samples en aboiements et hurlements (« Summoning The Hounds », le meilleur du Death/Grind en trois minutes et quelques, à mi-chemin entre Legion de DEICIDE et Helvete de NASUM), en questionnement environnemental et hormonal (« Cannibalism and Agriculture », parce que bouffer bio, c’est bien, mais se faire bouffer par des chiots, c’est mieux), ou en extrapolations fantastiques se repaissant de culture horrifique classique (« The Hound ( A Lovecraft’s Tale) », un énorme riff redondant sur un duo basse/batterie inventif et tonitruant). Pour ce faire, et rester dans les limites de la créativité, on ne laisse tourner la montre au-delà des trois minutes qu’en deux occurrences, et on danse, la gigue bien sûr, celle qui permet d’éviter les crocs, mais pas les traces de morsure sur le paletot.
Et entre les jeux de mots fameux (« Holiday In Baskerville », encore les clebs, mais hors du chenil, pour une double grosse caisse qui s’en lèche les babines, merci REPULSION), et les épilogues nerveux (« The Rising of the Necrotic Hound », un peu MACABRE, un peu CARCASS, mais terriblement catchy), on se laisse prendre au jeu, mais pas en laisse. Car les VERANO'S DOGS savent laisser du mou à la liesse, pour qu’on puisse apprécier leur manque de tendresse, via une relecture des canons Death/Grind les plus fondamentaux. Et si avec un album pareil, un concept pareil, et une façon de hurler telle, ils ne se font pas bouffer l’oignon par un molosse grognon, c’est à n’y rien comprendre. Mais les chiens les aiment, alors méfiez-vous. Si vous lâchez les vôtres, ils reviendront vers vous pour se faire une pâtée de vos mollets.
Titres de l'album:
1.Summoning the Hounds
2.Keeper of Hades
3.Bark at the Grave
4.Mind Necropolis
5.Cannibalism and Agriculture
6.Holiday in Baskerville
7.Rabid Moments
8.The Hound (A Lovecraft´s Tale)
9.Deadly Whisper
10.The Rising of the Necrotic Hound
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49