Généralement, un truc qui finit en « or » est assez facile à situer sans avoir à écouter. Il y a en fait quatre-vingt-dix-neuf pour cent de chances que vous tombiez sur un énième Thrash-act bien déchaîné, puisqu’entre KREATOR, DESTRUCTOR, ANNIHILATOR, AGRESSOR, DECIMATOR, DESECRATOR, HOLY TERROR et autres INVOCATOR et INHALATOR, la règle de trois est toujours respectée, à peu de choses près.
Alors en découvrant le second album des bataves de DISTILLATOR, la piste était déjà plus ou moins balisée, et le chemin emprunté connu et apprécié. Car oui, ce trio enchaîné et cartouché (Laurens H. – guitare/chant, Frank R. – basse et Marco P. – batterie) pratique un Thrash empreint de nostalgie acérée, mais le fait avec une belle conviction et des arguments riffés assez affûtés.
Existant depuis 2013, le trio n’a pas vraiment traîné ses baskets en chemin, puisque un premier EP a suivi de quelques mois sa genèse, avant d’entamer des tournées en Finlande, au Portugal, de signer avec le label Belge Empire Records pour sortir un premier album en février 2015 (Revolutionary Cells), et de continuer sa route en Espagne, puis de partager la scène avec VEKTOR, de voguer sur la croisière 70.000 Tons of Metal, et de se balader Heavy main dans le poing avec les METAL CHURCH dans une Europe dévastée de tant de hargne concentrée.
Un parcours remarquable pour un combo qui ne l’est pas moins, et qui n’a eu cure d’une quelconque fête du travail pour lâcher sur le marché son second pamphlet, Summoning The Malicious, à peu près aussi méchant et affamé que le premier. Ou presque…
Le modus operandi n’a pourtant rien d’exotique ou de novateur. Une rythmique pilonnée, une guitare aux saccades policées, une basse gironde et osée, et un chant hargneux et scandé. Mais en dépit de ce flagrant manque d’originalité sur le papier, les DISTILLATOR n’en sont pas pour autant des brutes sans cœur, et savent composer un peu plus nuancé, comme le démontre un titre comme « Summoning The Malicious » aux circonvolutions mélodiques hypnotiques, rappelant tout autant DESTRUCTION qu’un KREATOR vraiment grognon. Ambiance délétère, harmonies amères, progression sévère, ce morceau est un modèle de construction évolutive qui prouve que les trois complices en ont dans le sac à malice, et peuvent se montrer plus fins qu’une simple assemblée de bourrins.
Niveau influences, ils jouent d’ailleurs la sécurité, en citant les immanquables DESTRUCTION, SLAYER, SEPULTURA, histoire de rester vagues, mais de leur nom à leur pochette, et de leurs licks à leurs pirouettes, tout sonne authentique et exhumé d’un vortex temporel directement branché sur les 80’s incendiées. Du Thrash, old-school évidemment, qui ne cherche pas à innover, mais bien à vous faire headbanger à la nuit tombée.
Seulement, pour susciter la folie chez le Thrasheur endormi, il faut alterner, et surtout jouer inspiré. Si Revolutionary Cells frappait fort, dense et excité, Summoning The Malicious joue parfois la redite et le prémâché en toute tranquillité.
Certains morceaux se hissent sans problème à la hauteur de leur glorieux aîné, tandis que d’autres restent un peu à la traîne et ont du mal à décoller. La faute à quoi ? Ce petit supplément d’âme damnée qui les empêche de nous consumer, et qui se contente de réciter son Heavy Thrash un peu réchauffé. Ainsi, si « Algorithmic Citizenship » représente une acmé d’intensité par l’entremise d’une basse enroulée qui dicte les débats aux deux autres soldats, dans un style OVERKILL/DESTRUCTION assez débridé, « Enter the Void » se contente de dérouler un riff redondant assez agaçant et pas vraiment performant. Il est évident que le tempo échevelé convient bien mieux aux Hollandais que le statique qui tique, ce que prouvent sans conteste les belles flambées que sont l’ouverture « Blinded by Chauvinism » au feeling EXUMER/SLAYER très prononcé, ou le très moshé « Stature Of Liberty », qui piétine les terres d’HALLOW’S EVE sans vergogne, mais avec une classe folle.
Le chant à la Schmier, et ses petits tics suraigus se montre parfois un peu trop systématique, mais sait se faire plus posé quand les interventions prennent leur temps pour s’imposer (« Mechanized Existence »). Les gaillards n’hésitent d’ailleurs pas à le prendre lorsque la foudre se fait attendre, et l’épique et sombre « The King of Kings » de nous ramener sur les récifs d’un METAL CHURCH inondés de vagues à la VEKTOR, moins houleuses mais tout aussi chargées.
Les mélodies à la METALLICA prennent alors le relais pour soutenir une structure envoutante et dissonante, qui casse un peu le moule prévisible et rappelle même un panaché très malin entre un MEGADETH levé trop tôt le matin et un WARBRINGER plus posé que ne le suggèrent ses instincts.
Mais il est évident – et les spécialistes et autres fans l’auront noté assez facilement – que Summoning The Malicious, à trop vouloir jouer dans la cour des grands, a perdu la spontanéité et la fraicheur qui rendaient Revolutionary Cells si prenant et excitant. On note de ci et là des riffs légèrement empruntés (parfois au répertoire même du groupe, ce qui est toujours gênant), des rythmiques un peu trop relâchées, et des breaks franchement trop téléphonés, symptomatiques d’un second album un peu trop pensé et pas assez spontané.
Une production un peu trop normalisée vient aussi empêcher l’ensemble de vraiment décoller, avec ses médiums un peu aigrelets et sa grosse caisse trop polie pour être rebelle, tandis que la guitare se débat parfois pour imposer son tranchant en lâchant quelques riffs dans le vent.
Seule la basse bénéficie d’un traitement plus clément, et soutient parfois à elle seule le chant, qui se perd dans des conjectures un peu floues lorsque le volume tourne fou.
En dépit de ces quelques critiques sévères, mais objectives je l’espère, ce second LP des Hollandais volants n’est pas dénué de mordant. Il est juste parfois trop laissé en pilotage automatique, ce qui sur une courte durée s’avère un peu handicapant. Il contient quand même ses moments de bravoure thrashisant, mais décevra certainement les fans les plus hardants.
Attendons de voir l’effet produit sur scène par ces nouvelles tranches de vie slayeriennes, qui prendront une ampleur nouvelle une fois reprises en chœur par une foule rebelle. Souhaitons juste que les DISTILLATOR retrouvent l’équilibre qui faisait leur fort, et réapprennent à distiller Heavy sans perdre leur Thrash dans les conduits.
Titres de l'album:
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