A la première accélération du premier morceau, j’ai été embarqué et j’ai eu la nuque brisée. C’est ainsi qu’aurait pu commencer et s’achever cette chronique, mais je me dois de revenir un peu sur ce qui m’est arrivé. En acceptant de chroniquer le second long des maniaques d’IRON FLESH, je me pensais la tâche facile. Du Swedish Death dans le texte, de la citation prise à la source, en tant que fidèle de LIK, je ne voyais pas quelle difficulté je pouvais rencontrer. Un groupe assez jeune, un parcours par étapes, un premier long en 2019, des avis visiblement positifs, et des influences patentes, le genre de petit boulot facile pour permettre une interview en background, la mission était simple. Jusqu’à cette foutue première accélération sur « Servants Of Oblivion ». Une accélération que j’aurais dû voir venir en tant que spécialiste du genre depuis les premières démos de NIHILIST, mais qui m’a pris en traitre. Cependant, tout était là pour l’éviter en douceur, l’entame lourde et chargée en menace, le riff classique et morbide, et pourtant, je me suis brisé les cervicales sur la caisse claire de Guilhem, avant que sa double grosse caisse ne me tasse les vertèbres. Oh, alors certes, les bordelais jouent du Death à la suédoise, merci pour l’avertissement en amont, mais personne ne m’avait dit qu’ils le jouaient aussi sauvagement et aussi personnellement. Parce qu’en tant que dealer de la scène Death old-school internationale, je commence à connaître les astuces et les références. Or, celles de ces quatre-là sont inédites sur la scène, et bien loin d’un simple ecstasy à la ENTOMBED un dimanche de décembre. Et à force de vanter les mérites de tracts photocopiés à la hâte, j’en avais presque oublié l’efficacité de slogans personnels et créatifs.
Mais ça aussi je l’ai pigé assez vite, en écoutant le monstrueux « Relinquished Flesh » qui ridiculise à peu près 99% de la concurrence, et même celle venue de Suède d’ailleurs. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’IRON FLESH à l’inverse de ses homologues n’a pas peur de sonner catchy en composant de véritables chansons, et pas de simples citations d’œuvres déjà connues de tous. Là est donc la force d’un second longue-durée qui accepte la loi des emprunts, mais qui les fait fructifier à sa façon, en acceptant de rendre sa musique moins rigide. Pour l’histoire, rappelons que le groupe est né de l’envie de son créateur Julien Helwin de suivre les commandements édictés dans les années 90, seul au départ, mais vite accompagné au vu de la demande de live incessante. C’est ainsi qu’après deux EP initiaux, le groupe s’est étoffé d’un solide line-up, avec Seb à la basse (ex-MY SOVEREIGN, ex-THE GREAT OLD ONES), Guilhem à la batterie (AEQUINOCTIUM SANGUINIS, ALIVE DISSECTION, ALLEGIANCE, ARCHEAN, BLACK MARCH, STRYNN, ex-BLACK STORM), Sylver à la guitare (DEATH LAB, EMPYREAL VAULT, ex-FATE OF FALLACY, RUST IN PEACE, ex-BEMSKIANT, ex-FALL OF SERAPHS, ex-HEBOÏDOPHRENIE, ex-AD PATRES (live), ex-AGRESSOR (live), ex-GOROD (live), ex-DEMENTED), et évidemment Julien à la guitare et au chant (WITHDRAWN, ex-DISKARIAL, SIBERIAN XP, ex-ANNTHENNATH, ex-HORNCROWNED, ex-OTARGOS, ex-AGRESSOR (live), ex-MITHRAS (live), ex-SETH (live), ex-MALEVOLENTIA, ex-MONUMENT OF MISANTHROPY (live), ex-DAWN CHAOS). Soit un quatuor de professionnels de la scène extrême, qui une fois ensemble, ont trouvé l’alchimie parfaite pour recycler des idées sans donner l’impression de les paraphraser.
Evidemment, l’influence scandinave se sent, inutile de le nier. Mais après l’attaque en règle du terrassant Forged Faith Bleeding, qui nous avait gentiment fauchés l’année dernière, le groupe a encore plus appuyé sur son individualité pour signer l’album de Death old-school quasi parfait. Loin du mimétisme des LIK, Summoning the Putrid varie son propos, et cache sous sa superbe pochette signée Skadvaldur & Ars Goetia Design le crescendo le plus créatif de la scène nostalgique mondiale actuelle. D’aucuns se diront d’un esprit chafouin qu’un groupe français signé par une maison de disques française a certainement acheté ces louanges d’un copinage totalement déplacé, mais la remarque est immédiatement hors-contexte. D’une parce que je n’ai aucun intérêt personnel ou financier chez Great Dane, et d’autre part, parce que je ne connais pas les membres d’IRON FLESH, et ensuite, l’argument le plus probant, le chauvinisme n’est pas chez moi un travers naturel. Je me fous se savoir si un groupe vient du Larzac ou d’un bled paumé dans la banlieue de Stockholm, et seule la musique m’intéresse. Et celle de ce quatuor est unique en son genre, et d’une puissance à réveiller la libido de Lars Goran Petrov. Preuve en est donnée lorsque le groupe se permet de s’enfoncer dans le marigot du Death le plus putride, en prônant des valeurs de lenteur bien au-delà de l’oppression. Avec un titre aussi malsain que « Demonic Enn », Summoning the Putrid se permet d’attaquer la montagne Death par son versant le plus caché, et rappelle même les plus belles ascensions du CELTIC FROST de Monotheist. Meilleur compliment ? Je ne vois pas, et certainement pas une énième allusion à ENTOMBED ou DISMEMBER.
Doté d’un son qui fait bien sûr la part belle à la HM-2, ce deuxième album n’a pas oublié une composante essentielle d’un classique du Death de l’âge d’or : la variété. Et c’est sans doute cette volonté qui a poussé Julien à composer un morceau aussi accrocheur et évolutif que « Purify Through Blasphemy », parangon de violence qui utilise tous les tempi disponibles pour sonner encore plus véhément. Et cette ambition ne se dément jamais, reste constante tout au long de l’album, au point que les quatre musiciens osent la durée en lâchant un énorme pavé de plus de huit minutes. « Death And The Reaper's Scythe » est en quelque sorte la quintessence de leur art, et l’acmé d’une œuvre qui ne se contente pas de réflexes conditionnés, et qui retient de la mort son « après », et une façon de se mouvoir tout sauf mécanique. Guitare mélodique, arrangements malins, sens du rythme incroyable, et courage de proposer un crossover terriblement intelligent. Ce qui n’évite évidemment pas les petites saillies instantanées, comme le démontre la boucherie « Incursion Of Evil », ou le massacre immédiat « Thy Power Infinite », mais loin de simples récréations, ces titres plus simples permettent de replacer le contexte sans renier les envies de départ.
Il est vraiment plaisant d’écouter un album qui sait regarder un peu plus loin que le bout de son passé célèbre et révéré. Et il est satisfaisant de constater qu’IRON FLESH n’a pas perdu de son talent pour accommoder des restes fameux, mais qui auraient un goût rance entre les mains de marmitons d’occasion. Peut-être l’album de Death old-school de l’année, je ne sais pas. Mais l’un des meilleurs en tout cas.
Titres de l’album:
01. Servants Of Oblivion
02. Relinquished Flesh
03. Demonic Enn
04. Purify Through Blasphemy
05. Cursed Beyond Death
06. Death And The Reaper's Scythe
07. Incursion Of Evil
08. Thy Power Infinite
09. Convicted Faith
Prod de dingue, mais surtout ce qui m'étonne, c'est de voir le sieur Helwin très éloigné de ses 300 bpm avant d'avoir pris sa banane et son café.
Vus live, y'avait un petit côté Dismember pas dégueu, mais c'était il y a 3 ou 4 ans, ils ont bien progressé, si j'en crois ces deux extraits, beaucoup moins scolaires. Achat envisagé, du coup, à la lecture et à l'écoute des ces deux morcifs bien différents et tout aussi enthousiasmants.
"certes, les bordelais jouent du Death à la suédoise, merci pour l’avertissement en amont" : mais de rien, toujours un plaisir !
En tout cas, content que cet album te plaise et complètement d'accord avec toi pour dire que c'est l'un des albums de Death old-school de l'année. Franchement jouissif !
Y en a des trucs à écouter en cette fin d'année !
Au vu de l'attrait de certains pour le bazar, je colle une oreille sur ces deux extraits :
Mais c'est que c'est du tout bon ça bordel !!!
J'ai donc poussé un peu plus mes investigations en écoutant le premier album et second EP : Pas mal du tout aussi. Peut-être un chouille moins intéressant, mais de grande qualité tout de même.
Bref, hâte donc de me carrer tout cet album...
PS : "« Relinquished Flesh » qui ridiculise à peu près 99% de la concurrence, et même celle venue de Suède d’ailleurs"...
C'est tellement ça.
Re-PS : "D’une puissance à réveiller la libido de Lars Goran Petrov"...
On ne tire pas sur l'ambulance mortne2001. C'est pas bien.
Merci pour les bon retours !
Hâte d' envoyer ça en live !
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Je ne suis pas au courant.. il s'est passé quelque chose récemment avec le groupe Al Namrood?
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