Le froid, la pluie, un automne qui se veut presque hivernal, des perspectives qui se resserrent, un avenir qui se dessine en pointillés, un pouvoir d’achat qui se rétrécit malgré les annonces et les effets de manche, des candidats à la présidentielle tous plus méprisables ou fantoches les uns que les autres, voilà un tableau assez sombre que je brosse avec objectivité. L’époque n’est pas à la légèreté, le brouillard persistant engloutit les rares espoirs qui émergent des limbes, et les sourires de façade laissent place à des grimaces beaucoup plus révélatrices. De fait, trouver la bande-son idoine à notre ère de désillusion n’est pas chose difficile. Il semblerait même que la production mondiale se mette au diapason de cette amertume teintée de paranoïa, et si la chair est faible, le choix est grand.
Et il existe un groupe qui supporte à lui seul tous les griefs formulés à l’encontre de la déshumanisation, en synthétisant tous les courants les plus nihilistes du Metal extrême. Pas vraiment expérimental ni avant-gardiste dans les faits, juste lucide, pluriel, et apte à stigmatiser tout ce dont nous avons besoin pour un suicide organisé, ou une anarchie programmée. Venue de Finlande, évidemment, la créature LABOR INTVS est de celles qu’on distingue à peine dans la brume, mais dont la silhouette effraie de sa largeur. Et simplement armée d’un premier album aux proportions dignes de sa carrure, la créature exhale d’un air fétide directement dans nos narines, pour bien nous faire comprendre que les marais de l’humanité vont nous avaler définitivement.
Le mystère plane sur ce concept, dont le nom cache le pseudo de son géniteur unique. LABOR INTVS est donc Labor Intvs, multi-instrumentiste sans nom, mais qui s’est autorisé toutes les libertés sur ce premier longue-durée. Et le terme n’est pas faible, puisque avec cinquante minutes de musique pour à peine sept morceaux, le musicien a rejeté toute forme de contrainte pour développer son approche d’un Death Metal joué comme du Black Metal, le tout sous couvert d‘une damnation Doom recouverte d’un linceul atmosphérique.
On ne cherche d’ailleurs pas vraiment à savoir à quels critères répond cette musique violente et viscérale, mieux, on s’en moque pour la prendre de plein fouet, et assumer nos instincts les plus masochistes. Entre Dark Death et voyage introspectif dans une psyché vraiment torturée, Sunken Crucible souffre des pathologies mentales de son concepteur, et annonce à grands renforts de riffs épais et d’accélérations brutales un âge sombre à venir, qui est peut-être déjà là.
L’auteur parle de son œuvre, avec une certaine humilité d’ailleurs, et la décrit comme une suite de répétitions et d’atmosphères, interrompue partiellement par des éclats de colère. Terreau fertile servant de base aux explorations futures, Sunken Crucible est difficile à catégoriser, mais immédiatement appréciable. Et dès le long et sinueux « Abject Spirit », annoncé sentencieusement par une intro grave, l’ambiance se plante fermement dans le sol aride, et la violence le dispute à l’oppression. Entre Black/Death et Black/Doom, ce premier morceau distille quelques éléments de réponse, mais se garde bien de dévoiler l’énigme en trop grande partie. D’ailleurs, chaque segment de cette histoire macabre est une clé qui ouvre la première porte, et il convient donc d’écouter l’album en entier pour en saisir les mystères. Un élément ne suffit pas, puisque chaque segment d’histoire se veut différent du précédent, et si la pesanteur et la suffocation rythmique sont souvent les deux arguments les pus usités, le nihilisme d’un Black norvégien n’est pas une composante à prendre à la légère. Ainsi, le torturé « Tantalust » passe par toutes les souffrances possibles, laisse un chant à rendre le DSBM le plus désenchanté gai comme un pinson, appuie sur les plaies de l’âme, avant d’exploser dans une haine viscérale lors d’un crescendo final à foutre les jetons à un sataniste suicidaire convaincu.
Une certaine beauté émerge de cette laideur évidemment, comme à chaque tentative d’en repousser les limites, les traits sont hideux, les expressions rarement humaines, mais le travail accompli est titanesque. On aime les charges virulentes, mais aussi ces périodes de faux calme troublées par des murmures, des sanglots, et des arpèges acides qui mènent soudainement à une crise de colère. Parfaitement mixé pour qu’une basse concentrique se fasse une place dans le vertige ambiant, Sunken Crucible est un crucifix planté dans le cœur de la linéarité, se jouant de la susceptibilité des puristes pour explorer toutes les pistes possibles.
Les rares mélodies exsangues, les rythmes étranges qui plaquent les riffs contre les murs suintant, cette voix écorchée digne d’une fin des temps, et cette guitare qui soudainement fait du surplace, font du ventre de cet album, « Labvrinth », un haut fait de torture mentale et de privation des sens. Le Black/Doom s’impose entre les pierres d’une vieille cathédrale en ruine, le souvenir d’une cruelle histoire remonte à la surface des souvenirs, et l’avenir apparaît encore plus sombre qu’on ne l’aurait craint.
En cinquante minutes, LABOR INTVS démontre que l’extrême qui l’est vraiment à encore des choses à dire sans sombrer dans l‘expérimentation ou la Fusion douteuse, et nous dévoile un faciès inquiétant, au regard biaisé, et aux traits creusés dans la chair. « The Final Threshold » valide les répétions annoncées sur le Bandcamp et fricote avec un Indus maléfique, tandis que « Divine Silence » plaque la conclusion la plus évidente sur la table : la race humaine mérite une fin à la hauteur de sa morgue, et périra dans les flammes d’un enfer éternel.
Sans vraiment savoir ce que cache l’âme de ce musicien finlandais sans nom, je peux affirmer que sa vision des choses est très adaptée à son époque. Une époque de chaos, de désespoir, et d’attente d’une mort certaine qui nous délivrera de la souffrance.
Titres de l’album :
01. Abject Spirit
02. Vitriol
03. Tantalust
04. In Dread Tartarus
05. Labvrinth
06. The Final Threshold
07. Divine Silence
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