La moustache, tout est dans la moustache, et j’adore les moustaches. Celles classe en pointe d’Hercule Poirot. Celles fournies et aristocratiques de Jean Rochefort. Les plus populaires et hawaïennes de Magnum. Celles de Burt Reynolds qui semblent toujours tenter de séduire les femmes. Celles des femmes des années 70, qui les portaient fournies, puisque c’est ainsi que mon père surnommait leur splendide toison pubienne. Les moustaches, toutes les moustaches, même celles de Colin Farrell dans True Detective, parce que la moustache, c’est vraiment so eternal and classy. Alors, il était évident que je devais craquer pour les américains de STEAKSAUCE MUSTACHE, qui accommodent cet artifice pileux d’une sauce de viande histoire de tremper leurs lèvres dans la gentille provocation dégustative. Car c’est vrai après tout, la moustache n’est pas très pratique pour manger sans s’en coller partout, ou pour boire sans la tremper dans le verre ou la tasse. D’ailleurs, John Lennon s’était fait faire une tasse spéciale moustachus, avec une petite ouverture pour les lèvres. Charmant non ? Mais ces olibrius là n’ont rien fait au contraire pour rendre leur récipient plus pratique à utiliser, ou à définir…Les plateformes généralistes parlent de Mathcore, ce qu’ils ne sont que partiellement, les autres peinent à mettre un nom sur ce genre qui n’en est pas un et qui en est plusieurs à la fois. Ce qui cimente le tout, c’est cette folie ambiante qui emprunte à l’extrême ses écarts, et qui profite d’une technique affûtée pour mettre en place des passages salement dégagés. Nous en venant de Medford, ville américaine et siège du comté de Jackson, dans l'Oregon, les STEAKSAUCE MUSTACHE sont de sales gosses poilus qui aiment à jouer avec leurs influences pour les régurgiter sans honte ni méfiance, et qui avec ce Superwoke nous ont préparé un menu copieux qui s’avale vite, et qui doit autant à machin qu’à truc.
En écoutant leur album, j’ai d’ailleurs pensé à des trucs. A DILLINGER ESCAPE PLAN évidemment, qui aurait viré barge pendant une fête chiante, à IWRESTLEDABEARONCE, plus calmes qu’à l’ordinaire, et à NORMA JEAN, en version potache qui regarde la culotte des filles. Et ça n’a pas manqué, mon flair légendaire ne m’a pas trahi puisqu’on retrouve ces trois noms dans la liste des éventuelles influences des gus, qui y rajoutent BOTCH, CONVERGE, DAUGHTERS, EVERY TIME I DIE, THE CHARIOT et NORMA JEAN, entre autres, ce qui permettra de choisir la bonne brosse à reluire. Dans les faits, Superwoke pourrait être la somme de tout ça, genre un réveil matin complètement déréglé qui sonne l’alarme toutes les dix secondes et qui tonitrue dans les oreilles comme une mère qui en a marre d’essayer de secouer son rejeton pour qu’il parte à l’école. Ou un super wok dans lequel un cuisinier un peu dingue a mélangé des ingrédients disparates mais qui finalement s’assimilent bien entre eux, une fois largement saupoudrés de poivre, de curry, de sel, de piment et de pili-pili. Le bouzin qui t’arrache la gueule et te laisse la gorge en feu, que des hectolitres de flotte et des boules énormes de mie de pain ne pourraient calmer. Alors, dans les faits, proto-Mathcore, déglingo-Thrash ou Néo-fusion en fusion ? Les trois à la fois, l’écurie Ipecac en goguette avec les allumés de la nouvelle violence du dernier millénaire, un brin de démence instrumentale qui s’accorde très bien d’une intelligence de Hardcore moderne, et surtout, une façon de détourner la réalité pour la faire cadrer avec la folie. Et comme en plus les gus ont eu la politesse de ne pas s’incruster plus d’une demi-heure, on déguste le tout bien secoué, sans trop se lasser ou sentir son bide gonfler. Et pourtant, Dieu sait s’ils le sont.
Et sympa aussi, parce que les critiques les plus feignasses pourront même choper sur un Bandcamp de quoi alimenter leur manque d’imagination. Le label des marsouins, Silent Pendulum Records prétend se spécialiser dans le Black, l’expérimental et le Post Metal, et finalement, Superwoke pourrait être l’accolade fraternelle entre les trois dénominations. Une sorte de Post Black expérimental et légèrement Hardcore sur les bords, et vous êtes d’accord. Black, plus par métaphore, à cause de l’intensité dégagée et des pics de démence accélérés qui jonchent la plupart des morceaux. Post, parce qu’au-delà, de tout d’abord, et du Metal aussi. Expérimental, mais pas avant-gardiste, compréhensible et attachant. Pas super original au demeurant, parce qu’on a déjà entendu ça quelque part et ailleurs aussi, mais juste assez finaud pour évoquer une nouveauté, salace en palace et salami en palissade dans une banlieue US propre sur elle, mais cachant des secrets inavouables. Un après-midi comme tant d’autres chez Miss America, un barbecue, et finalement, des convives qui tournent fou et poussent des cris en constatant que la pelouse de leur voisin est mieux tondue que la leur. Alors ça donne des crises de l’âme, comme celles de « Barnyard Brodown », qui propulse un prototype d’up tempo dans une galaxie Maxcore à fond les ballons, avec les gosses qui ricanent dans le fond. Les riffs n’en sont pas et tournent autour du concept du solo permanent, la rythmique en rajoute dans le plus pur Irony is a Dead Scene style, et ça mule. Ce qui n’est déjà pas mal. Brett, Joey, Eric et Taylor imitent un peu les SLIPKNOT en pleine crise 90’s de précision instrumentale, défiant les SOAD sur leur propre terrain d’inventivité pour provoquer un clash digne du boss du niveau 12, et ça pète. De partout sur « Denim Diaper Daddies », qui en profite quand même pour balancer la sauce d’un riff ultra épais, un peu sur les coins pendant « Balls Deep In Spiders » si méchant que Belzébuth lui-même planque son séant, et un peu Black par moments, ironiquement sur « Pass The Fist, Pacifist », aux hurlements et gesticulations vocales à faire peur à Corey Taylor pendant un stage chez Mike Patton et…
…sur le reste aussi. On passe de licks fun et jumpy, limite Skatecore sur « Space Bank » qui réconcilie les REFUSED et CONVERGE, à de légères accalmies pendant les nuages rieurs de « You Can't Piss On Hospitality », qui cavale pour rattraper l’ours voleur de miel, on rapcore sur « Dance Cops », et au final, on ne sait pas vraiment si on est content ou juste pas mécontent. Loin de moi l’idée de refiler une chronique qui ne veut rien dire, mais la musique des STEAKSAUCE MUSTACHE est justement de celles qui disent des trucs, mais parfois de façon tellement personnelle qu’on ne comprend pas. Alors, inutile de s’échiner. Post-Mathcore débridé ?
Allez, vendu.
Titres de l'album :
1.Barnyard Brodown
2.Denim Diaper Daddies
3.Balls Deep In Spiders
4.Pass The Fist, Pacifist
5.Space Bank
6.You Can't Piss On Hospitality
7.Dance Cops
8.Diesel Powered Baby
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