A force de recevoir des mails de labels internationaux, je finis par m’emmêler les pédales. Entre les infatigables Iron Bonehead, Nuclear War Now, Caverna Abysmal et autres défenseurs d’un underground qui ne demande qu’à y rester, les sorties s’accumulent, d’autant plus que les artistes de leur catalogue ne sont pas vraiment radins en termes de sorties. De LP en EP, de splits en compilations, tout y passe, pour le plus grand bonheur des amateurs de bruit, de déviances, de Black Metal barbare en errance, de Death Metal putride en dégénérescence, et autres exactions demandant un seuil de tolérance et une patience à l’épreuve des démences. Aujourd’hui, je me vois donc confronté à une énième déflagration que j’estimais provenir d’Amérique du Sud, d’où mon préambule en guise de mea-culpa. Car les bourrins du jour ne viennent ni du Brésil, ni de Colombie ni du Chili, mais bien de Floride, la terre aride d’où est mort-né le style plus enfumé de l’histoire de l’extrême, le Death Metal. Alligators, palmiers, DEATH, touristes, drogue, soleil, OBITUARY, tout le barnum indispensable pour concevoir la vie comme une succession de clichés implacable, sauf que la leçon de trépas du jour verse plutôt dans le Black Metal bruyant et subtilement guerrier, à cent lieues donc des considérations mornes et résignées du Metal de la mort. Quoique de mort, il est aussi question, puisque les CAVEMAN CULT ne versent pas vraiment dans la tendresse ou le constat social plein de lucidité et d’adresse. Fondamentalement obsédé par une approche sauvage et non bridée, ce trio infernal (R.Smith - batterie, H.Bosch - guitare et A.Antillon - chant/basse) a donc entamé sa production discographique en 2014, via une première démo, Rituals Of Sauvagery qui portait carrément bien son nom. Une seconde maquette plus tard (Barbaric Bloodlust, judicieusement intitulée elle aussi), les américains sentirent qu’il était largement temps de tremper les cornes dans le grand marigot du longue-durée à vocation occulte, et lancèrent donc plein d‘entrain sur le marché leur premier album, Savage War Is Destiny, qui définissait avec beaucoup d’acuité leur vision d’un Black Metal très brutal, et légèrement incliné du côté War où il menaçait de sombrer.
Ne le cachons pas, ce nouvel EP de la bande ne trahit en rien leurs convictions d’origine. Supremacia Primordial et son appellation gentiment hispanique se sert des premiers jets de bile de la scène sud-américaine pour agrémenter son BM de sonorités vilaines et déformées, histoire de nous faire passer un sale quart d’heure. Enfin, onze minutes pour être plus précis, et quatre morceaux qui ne renient en rien le crédo « on est bourrins et fiers de l’être » qui anime les sorties du trio depuis son émergence. Si les sites référentiels proposent de les comparer à quelques figures de proue du purgatoire (REVENGE, BLASPHEMY, ABYSMAL LORD, ANTICHRIST, NECROHOLOCAUST, ARCHGOAT, CONQUEROR, j’en passe et des plus forts), autant dire qu’ils visent juste, puisque la simple énumération de ces créatures hideuses suffit à placer le contexte que les quatre titres ne démentiront pas de leur brutalité outrancière. Rien de foncièrement novateur à se mettre entre les oreilles, mais plutôt une tradition bruitiste de bon aloi, qui parvient à synthétiser en plusieurs accès de rage le nihilisme de REVENGE et l’attitude revêche des CONQUEROR. Rythmique à direction unique, qui pilonne et martèle sans faiblir, riffs noirs comme une nuit d’insomnie en compagnie de démons cramoisis, et chant en retrait qui distille ses horribles litanies avec une gravité assez convaincante. On sombre donc très rapidement dans le versant le plus underground des ténèbres, tout en gardant une certaine prise avec la réalité mélodique histoire de ne pas se noyer dans les sons assemblés à la hâte pour faire peur aux masses.
En choisissant la brièveté, les floridiens ont fait le bon choix, tant leurs interventions sont pratiquement toutes similaires. Pas le temps de s’ennuyer donc, ni de déplorer un manque flagrant d’imagination, puisque seule prime l’efficacité et le pouvoir de choquer. Mais reconnaissons que le trio n’est pas le plus malfaisant dans son domaine, mais plutôt un des plus répétitifs, puisque sans avoir jeté un œil au tracklisting, on se demande vraiment s’il était indispensable de baptiser d’un nom différent chaque segment. Ainsi, les minutes s’égrènent sans ennui, mais sans passion, puisque ce Black Metal à roulements à bille trace sa route sans se poser de question sur sa légitimité, même si quelques soli stridents et absolument horribles viennent meubler les blancs. Ajoutez à ça quelques breaks plus Heavy que la moyenne mais toujours aussi morbides, une tendance à mal gérer l’intensité qui fait parfois couler le projet dans les tréfonds d’un brouet bordélique compact, mais heureusement, les accents hystériques et possédés du vocaliste nous permettent de tirer le projet vers le haut, spécialement lorsque quelques accroches nous extirpent de notre condition (« Metal Negro Antihumano ». Si avec ça, vous n’avez pas compris le message, relisez la bible). Beaucoup de subtilité dans la monotonie des attaques, pour un final démoniaque (« Legions Of The Black Vomit », ou comment détourner la poésie pour l’intégrer à un cadre fielleux), et un bilan en demi-teinte, puisqu’il n’est pas certain que nous aurions pu supporter dix minutes supplémentaires. Mais si l’underground est votre passion, et si vous faites preuve de complaisance, alors les CAVEMAN CULT sauront se faire une place dans votre absence d’émotion. En leur souhaitant quand même la prochaine fois de faire preuve de plus de variations. On ne sait jamais, ça pourrait séduire les moins dégénérés.
Titres de l'album:
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