Imaginons le tableau. Vous vous baladez à Stockholm, tranquille, et vous décidez d’aller boire un coup dans le premier troquet un peu Rock du coin. Vous buvez votre bière peinard en regardant les dix ou quinze poilus qui devisent de concert dans un brouhaha de seventies bien digérées. Vous vous approcher du bar pour reprendre une tournée, et vous décidez de tailler le bout de gras avec l’un des barbus présents à côté de vous. Je parierai mon vinyle original du Live Like a Suicide ?! de GUNS N’ROSES que le mec vous avouera être musicien, et avoir déjà publié un ou deux albums. C’est comme ça la Suède depuis vingt ans, avant, le métier auquel vous ne pouviez échapper était pécheur ou un truc dans le genre, aujourd’hui, c’est la musique nationale qui s’exporte le mieux, à tel point que la discographie locale commence à faire de l’ombre au géant Ikea qui se demande d’ailleurs s’il ne vendrait pas plus d’étagères Billy en diffusant des groupes du coin dans ses enceintes. Et pam, pas de bol, la chronique matinale s’attarde encore sur l’un des représentants les plus actifs et nostalgiques du pays, en abordant le cas sérieux des DEAD LORD qui nous en reviennent avec un quatrième LP dans la musette. DEAD LORD c’est un peu la métonymie parfaite, le détail qui désigne l’ensemble, le groupe qui à lui seul symbolise la productivité et la qualité de la musique d’une nation qui depuis longtemps fait la grimace aux Etats-Unis et à l’Angleterre de sa domination incontestée. Mais à raison, puisque la qualité de la production des suédois est incontestable et ce nouveau-né, sobrement baptisé Surrender démontre que les originaires de Stockholm n’ont pas perdu la main depuis leur dernière offrande In Ignorance We Trust, ni depuis la première Goodbye Repentance. D’un album tous les deux ans, nous sommes passé à trois ans d’attente, mais même en se cachant pendant dix ans, le groupe serait incapable de jouer autre chose que ce Hard Rock seventies fortement influencé par…l’Irlande.
Dans le mille, une fois encore, les LORD ont pioché dans les coffres précieux de l’irlandais métissé Phil, pour en ressortir des astuces éprouvées depuis les années 70, des riffs à la pelle, des mélodies jusqu’à plus soif, à tel point que le trio (Hakim Krim - guitare/basse/chant, Martin Nordin - guitare/basse/chœurs et Adam Lindmark - batterie) se pose aujourd’hui comme l’héritier officiel de THIN LIZZY, continuant les travaux entrepris il y a bientôt quarante ans, sans les remettre au goût du jour, mais en les agrémentant de plans empruntés à UFO ou KISS. Aucune surprise donc à attendre de ce trio qui continue sa route sans se poser de questions, et en composant des morceaux aussi efficaces que classiques. On peut évidemment douter de la validité de la démarche, en arguant du peu d’intérêt de reprendre à la lettre des structures déjà connues, mais le constat s’appliquant à tous les sous-genres nostalgiques, autant le mettre de côté pour apprécier la musique, toujours aussi veloutée et fameuse. Car ces chansons coulent en oreilles comme une gorgée de bourbon dans la gorge, et s’apprécient chaudes comme la braise. Enregistré avec Robert Pehrsson au studio Humbucker, à Stockholm, Surrender ne rend donc pas les armes comme son titre semble l’indiquer, mais affirme plutôt une fidélité à une passion qui ne se démentira jamais. Et on a beau connaître les chansons par cœur avant de les avoir écoutées, c’est toujours un délice de savourer ces tranches de vie musicales exhumées de seventies encore bien vivantes, et un plaisir sans fin de retrouver l’inspiration divine de THIN LIZZY actualisée par des musiciens en respectant les dogmes.
Alors, tout le catalogue y passe, évidemment, les riffs à la tierce, le chant calme et posé, mais avec des inflexions légèrement Soul, le rythme déhanché et un peu pataud, la basse qui roule des cordes, et ces refrains qu’on reprend main dans la main, convaincu qu’on a rien fait de mieux depuis les duels entre Brian Robertson et Scott Gorham. Bien sûr, inutile de le nier, Hakim Krim n’a pas le charisme surnaturel de feu Phil Lynott, mais il n’en manque pas pour autant de panache. Il mène ses troupes et sa barque avec humilité, conscient de se réapproprier un répertoire déjà largement couvert par le temps, mais de temps à autres, l’illusion est telle qu’on se fait prendre au jeu, certain d’écouter un inédit du LIZZY (« Messin' Up »). Le mimétisme est total, et le talent presque égal, si l’on admet qu’une simple copie peut-être jugée comme un original. Mais pourquoi bouder son plaisir quand il est si évident et facile, et ce quatrième LP, décalque pure et simple des trois premiers montre le visage d’un groupe qui connaît son reflet dans le miroir, et qui ne compte pas en changer. De là, inutile en effet de digresser pendant des heures, sauf pour signaler quelques indices étranges qui détournent des preuves évidentes, et pointer du doigt l’intro plus eighties de « Dark End of The Rainbow » et son up tempo plus sombre et moins connoté.
Le reste ? Comme d’habitude, des chansons simples, souvent en mid tempo tranquille, avec quelques exceptions notables dont ce trépidant « Bridges » sur lequel Adam Lindmark s’en donne à cœur joie en plaçant quelques fills énergiques, ou ce « Gonna Get Me » que le KISS des mid seventies aurait pu placer sur ses meilleurs albums. Une nouvelle étape qui ne franchit donc pas de pallier pour les suédois de DEAD LORD, qui continuent de jouer une musique sous influence, totalement assumée, disposant d’un son parfait, et qui avec Surrender démontrent que le fantôme de THIN LIZZY n’a pas fini de nous hanter, même lors des nuits les plus longues de l’hiver suédois.
Titres de l’album:
01. Distance Over Time
02. Letter From Allen St.
03. Authority
04. Evil Always Wins
05. Messin' Up
06. Dark End of The Rainbow
07. Bridges
08. The Loner's Ways
09. Gonna Get Me
10. Dystopia
Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)
01/05/2025, 23:51
Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"
01/05/2025, 22:41
Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)
01/05/2025, 21:22
Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)
01/05/2025, 19:06
Le nouveau line-up est top ! Mais le morceau ne me fait pas grimper au rideau... Finalement j'aime Suicidal quand c'est plus Metal que Punk, avec les solis magiques de Rocky George. Bref, je suis un nostalgique, et même si je serai intéressé pour revoir le groupe sur(...)
01/05/2025, 17:54
Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle
01/05/2025, 16:57
Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)
01/05/2025, 09:15
Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...
01/05/2025, 09:11
C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !
29/04/2025, 13:37
Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad
29/04/2025, 08:26
Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.
29/04/2025, 02:27
Je veux une scène vivante et organique voilà tout. Je constate une baisse en qualité, la scène metal ressemble de plus en plus à un musé. Mon expérience c'est que tu as un bon groupe sur 4 dans une soirée live maintenant. Il y a pas si (...)
29/04/2025, 02:24
@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
28/04/2025, 19:40
@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)
28/04/2025, 19:37