Changeons immédiatement de braquet pour ne pas tétaniser les muscles et galérer plus qu’il ne faut. Au moment d’attaquer un col fourbe, les moins courageux resteront sur le bord de la route, préférant contempler les téméraires qui partent à l’assaut d’un effort surhumain. Et vous pouvez vous compter parmi ces maniaques de la pédale si vous correspondez à l’un des cas suivants :
A) Un peu de montagne dans les cuisses ne vous fait pas peur.
B) Vous ne conchiez rien tant que la facilité.
C) Votre vélo mental vous permet d’affronter tous les obstacles.
D) Vous êtes curieux de nature et prêt à gaspiller des forces pour savoir où tout ça vous mènera.
Justement, où tout ça vous mènera ? La question est légitime et importante, et mérite d’être traitée. Car avec les américains de YAKUZA, tout est possible, y compris de se faire hara-kiri sans le vouloir vraiment, mais en négligeant les aspects les plus dangereux d’une pratique ancestrale. Le sabre étant fourni pour le combat, faites attention à ne pas le retourner contre vous.
De Chicago a émergé YAKUZA, à la fin du siècle précédent. Immédiatement, la presse et le public ont bombardé le concept « plus original de sa génération ». Et sans aller jusqu’aux extrêmes, autant dire que cette remarque était pleine de bon sens. En effet, quel autre groupe pouvait générer un tel genre-dropping comme on en voit un tous les dix ans ?
Avant-Garde Metal, Progressive Metal, Alternative Metal, Experimental Rock, Jazz Metal, Art Metal, Post-Metal.
Je pose ça ici, et je rajoute quelques possibles influences non triées sur le volet par le label
VOIVOD, KING CRIMSON, John COLTRANE, NAPALM DEATH, PINK FLOYD, HUUN HUUN TU, ENSLAVED, BRIGHTER DEATH NOW.
Et si vous ne connaissez pas déjà les YAKUZA, tout ceci peut vous effrayer au point de vous faire passer votre tour sans vraiment réfléchir à ce que vous allez manquer. Tiens imaginons que j’ai aussi la possibilité de combiner les inspirations. NEUROSIS et PARADISE LOST. SHINING et AMON DUUL II. Psychédélique vs Rock dur. A chacun sa vision des choses, mais dix ans et plus après sa dernière intervention (Beyul, 2012), YAKUZA revient en pleine possession de ses moyens pour revendiquer un maillot à pois chèrement acquis.
Entre Doom, Sludge, Progressif, Post Metal et Heavy Metal dérangé, Sutra n’a pas son Kama, mais respecte le karma. Un karma apaisé et parfaitement équilibré, entre des passions nordiques et la crudité new-yorkaise d’un Jazz Metal plus axé sur les heurts que sur la douceur. Dans la forme, et en occultant un passé glorieux, il est tout à fait possible de ne pas se montrer impressionné plus que ça par le caractère original de cet album, qui finalement paraîtra bien sage aux oreilles de ceux se noyant dans l’Avant-garde nordique. Mais en multipliant les écoutes, et en prenant garde aux petits détails, on se rend vite compte que les américains sont en marge de la production actuelle, et pas seulement de quelques centimètres.
Mais la singularité n’est rien pour la singularité. Il convient d’avoir une identité propre et un sens de l’à-propos inattaquable dans le fond. De ce côté-là, le groupe joue sur du velours, ses six albums parlant pour lui. Mais entre hier et demain, l’écart peut être très grand et difficile à combler. Ce que fait avec une aisance désarmante ce Sutra qui nous réconcilie avec la nostalgie, l’amertume et la solitude.
Toujours prompt à varier les ambiances, YAKUZA exhibe fièrement ses tatouages et ses deux auriculaires encore intacts, pour provoquer le spectre de la menace fantôme. Pas vraiment Metal finalement, et plus Rock libre qu’autre chose, YAKUZA se sert des codes pour les détourner, et les façonner à sa volonté. Cette volonté est de s’extirper du marigot de la normalité pour proposer une musique prenante, hypnotique, entre Stoner fatigué, Post-Wave résignée, et Metal extrême discipliné et froid comme un glaçon.
« Capricorn Rising » et ses allusions d’un hiver passé qui se transforme en printemps incandescent, « Into Forever » qui joue l’énergie à plein régime en mode Alternatif épileptique (on sent du NOMEANSNO et du JESUS LIZARD dans cette canfouine), « Never the Less » qui célèbre la montée des marches avec larmes sincères et arrangements délétères, tout contribue à instaurer une atmosphère étrange, entre onirisme et réalisme déformé, entre volonté de rester musical tout en s’éloignant des canons de beauté.
Alors, je ne nierai pas que tout ceci demande des efforts pour les mollets. Spécialement lorsque le groupe se permet des incartades Pop et Rock psychédéliques entre deux tranches de percussions maladives (« Walking God »). Mais puisque « 2is1 » ose la carte du non-sens et de l’affolement rythmique, puisque « Alice » se souvient de ses chaînes, et puisque « Embers » arpège acide et vocalise fragile, Sutra devient un monument érigé en la gloire d’un Rock affranchi, qui se moque de l’appartenance à un clan quelconque.
On pouvait croire que dix ans était un laps de temps trop grand pour encore faire la différence, mas c’était sans compter sur la capacité de YAKUZA à changer de braquet pour attaquer sans forcer.
Titres de l’album:
01. 2is1
02. Alice
03. Echoes from the Sky
04. Embers
05. Capricorn Rising
06. Burn Before Reading
07. Walking God
08. Into Forever
09. Psychic Malaise
10. Never the Less
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