La méchanceté, l’absence d’empathie, la vilénie, le contrôle, l’envie, etc…Des péchés capitaux pour la plupart, de sérieux travers pour les agnostiques. Mais parfois, lorsque l’art puise dans l’essence du mal, il arrive qu’il en retire une substance sombre mais riche, apte à nourrir les fantasmes les plus inavouables de nos personnalités cachées.
C’est un peu le tour de force pas si complexe que les Australiens de SIBERIAN HELL SOUNDS sont parvenus à accomplir avec leur nouvel EP, Svengali, qui finalement, n’est que ténèbres, manipulation mentale et musicale, et véhémence de propos et de ton.
Vous me direz avec pertinence qu’ils ne sont pas les premiers à se concentrer sur le mal incarné en bruit organisé, et vous n’aurez pas complètement tort. Seulement, et veuillez prendre ceci en considération, ils sont certainement les premiers à le faire avec le sourire aux lèvres et avec une telle aisance dans la déviance…
Précisions. Svengali, dans la littérature, est un personnage apparu dans le roman Trilby de George du Maurier, publié à la fin du dix-neuvième siècle. C’est une figure de veulerie et de tromperie, qui « incarne l'archétype du personnage maléfique manipulateur, capable d'amener les gens à faire ce qu'il désire. ». En gros, une sorte de gourou de l’indécence qui prend le pouvoir sur votre libre arbitre pour vous pousser à agir dans son sens et ses intérêts. Un politicien ? Un gourou de secte ? Pervers narcissique ? Un peu de tout ça, en tout cas, une figure faussement paternelle fort peu recommandable, qu’on craint de croiser au coin d’une rue ou d’une conversation virtuelle…
Pour illustrer le concept, le trio austral SIBERIAN HELL SOUNDS (DG – chant, DY – guitares et PV – batterie) a choisi de ne pas choisir et de continuer son parcours entamé en 2013, et ponctué d’une bonne dose de EP et de splits, mais qui pour l’instant ne compte aucun longue durée à son actif. Mais admettons que le format court leur sied à merveille, ce que prouve ce quatrième extended play qui ne joue pas dans la finesse, mais bien dans la brutalité sourde et outrancière se situant au confluent de plusieurs courants tous aussi véhéments les uns que les autres.
J’ai appelé ceci par facilité excessive du Blackened Grind. C’est le ton, le son, mais on pourrait aussi parler de Hardcore Indus vraiment glauque, de Sludge parfois assourdissant et dissonant, et à vrai dire, de toutes les mouvances extrêmes contemporaines qui vous triturent le cerveau en espérant vous assommer de leur discours cacophonique.
Mais les Australiens sont loin d’être sots, et savent manier la plume et l’épée. La première est acide, la seconde tranchante et un peu rouillée sur les bords, et se plante régulièrement dans les rochers posés par NAILS ou TRAP THEM, avec un brin de CONVERGE en pleine crise de démence avancée. Il n’est évidemment pas évident du tout qu’ils parviennent à convaincre les plus sensibles d’entre vous du bien-fondé de leur démarche tant leur musique est abrasive et compacte, réfutant toute forme d’harmonie, même dans un état catatonique ou larvé.
Non, leur but est de vous concasser les neurones par des attaques permanentes, que ces dernières se basent sur une violence accentuée par des cavalcades de blasts digne d’un Black Grind terrifiant, ou par des riffs aplatis par la renonciation à toute volonté d’ouverture.
Cinq morceaux pour un opéra morbide et ténébreux en cinq actes, qui s’ils présentent évidemment des similitudes, se permettent quelques nuances perceptibles, qui ne font d’ailleurs qu’approfondir le trou creusé dans lequel les Australiens aimeraient bien vous pousser.
En parlant de pousser, ils n’hésitent pas à le faire avec les frontières bruitistes, bien que leurs titres évitent le piège du chaos désorganisé.
On pense de temps à autres, à un cauchemar commun entre les TERRA TENEBROSA et OATHBREAKER (« Svengali », le morceau final qui a tout d’une nuit d’horreur durant laquelle les pires images affleurent la surface de votre conscience), mais l’identité des SIBERIAN HELL SOUNDS s’est suffisamment affirmée de EP en EP pour ne pas avoir à systématiquement chercher à l’extérieur de quoi situer leur propos.
Et après une longue intro assez inquiétante, « Ripen » plante le décor désolé d’une âme en proie aux affres de questions d’influence sans réponses, au travers d’un crossover générique entre Black misanthropique, Crust épileptique, et Sludgecore boueux et frénétique. Accords glacials directement inspirés de la scène Norvégienne, brusques changements de rythme pour coller à la peau décatie d’un Crust vraiment en sale état, et quelques compressions presque Deathcore dans l’esprit. C’est donc un mélange fatal qui s’injecte directement de vos oreilles à vos veines pour une contamination que les quatre morceaux suivants rendent irréversible.
Hésitant entre longues suites structurées et coups de folie instantanés (« Hypnoterror », véritable pamphlet de la douleur, sombre, malsain, et mixé comme un amalgame entre tous les ingrédients les plus nauséabonds que la musique contemporaine violente peut proposer), le trio ne choisit que ce qu’il peuvent proposer de plus sombre, de plus malséant, et de plus moribond, pour illustrer la légende de ce personnage mythique qui domptait l’esprit pour utiliser le corps à mauvais escient.
L’opération est donc réussie, et la transposition maligne et néfaste. Avec Svengali, les SIBERIAN HELL SOUNDS proposent une version apocalyptique d’un Black teinté de Grind et de Chaotic Core du bout du monde, largement plus intense que certains chantres de l’hypnose cacophonique aux diplômes pourtant mis en avant régulièrement.
Cet EP est comme un regard sombre qui fixe vos pupilles pour les dilater, et qui sonde vos pensées les plus ignobles pour les utiliser à son compte. Pas joli-joli tout ça, mais efficace et traumatique. Une sorte de thérapie inversée, dont on ressort un peu chamboulé, mais qui nous faire comprendre que parfois, une simple mauvaise rencontre peut faire basculer un destin.
Et plus simplement, cinq morceaux très vilains qui risquent de vous faire passer un excellent moment coupable.
Titres de l'album:
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