Vous avez sans doute déjà vu ce genre de films, dans lesquels une pauvre fille se voit prendre pour modèle par une psychopathe qui petit à petit, va s’ingérer dans sa vie privée pour tenter de prendre sa place. Elle commence par la flatter, puis par s’habiller comme elle, prendre ses tics et imiter sa voix, pour finalement débarquer un jour dans le lit conjugal, habitée par son rôle et persuadée qu’elle peut la remplacer…
Classique mais parfois flippant, ce type de thriller est monnaie courante dans la production de téléfilms US, qui inonde régulièrement les après-midi de M6 ou de W9. C’est certes plaisant, mais terriblement peu inspiré dans le fond…
Il existe aussi des réalisateurs qui singent leurs modèles de caméra au point de tomber dans le mimétisme flagrant, et le symptôme touche aussi des artistes qui poussent l’hommage dans ses derniers retranchements pour finalement, sonner plus casher que leur inspiration.
C’est une optique qui n’est pas forcément inintéressante, mais qui s’avère assez troublante en termes de créativité, et qui pose une question fondamentale. Peut-on louer les efforts fournis par un groupe qui est parvenu à tellement bien imiter son pygmalion involontaire qu’il finit par lui ressembler quasiment trait pour note ?
Difficile à dire…
Dans le cas des THEM, la problématique est épineuse. Groupe/concept né en 2008 sous l’impulsion de Troy Norr (COLDSTEEL) qui mit sur pied un tribute-band à KING DIAMOND, le groupe est petit à petit devenu plus indépendant et affranchi plus ou moins de ses obligations de reprises, jusqu’à devenir une entité à part entière qui n’en est pas vraiment une.
Avec un line-up de prestige, comprenant dans ses rangs Kevin Talley (batterie, SUFFOCATION), Markus Ullrich à la guitare et Richard Seibel aux claviers (tous deux de LANFEAR), Markus Johansson à la guitare aussi (SYLENCER) et Mike LePond à la basse (SYMPHONY X), et un premier album de compositions originales, nous étions donc en droit de nous attendre à une véritable épiphanie musicale, gardant un lien ténu avec son passé mais cherchant désespérément à s’en affranchir suffisamment pour affirmer sa personnalité.
Sauf que même animé d’intentions libertaires, Troy Norr est resté scotché à son principe de base, et continue de rendre hommage à King Diamond au travers de chansons perso, au point de sortir un premier album qui n’aurait certainement pas fait tâche dans la discographie du Danois. Pire même, Sweet Hollow aurait sans doute, signé par le maître des ténèbres, représenté le pinacle de sa carrière, et se serait vu rangé aux côtés des Them et autres Conspiracy sans que personne ne trouve rien à y redire.
Alors, lorsqu’on est confronté à un album de ce type, deux options s’offrent à vous. Occulter complètement l’ombre dans laquelle évoluent les musiciens et les considérer comme une entité solaire à part entière, ou admettre ce parrainage persistant et en tenir compte au moment de juger de la pertinence de l’œuvre en question. Le choix est difficile, mais puisqu’il faut prendre parti, j’ai préféré ignorer les analogies trop flagrantes, et j’ai donc pris la décision de faire comme si.
Comme si King Diamond n’avait jamais existé, dans un parallèle à la Jean-Philippe, et d’écrire en acceptant la dimension dans laquelle Sweet Hollow va certainement vous plonger si vous êtes fan des vocalises de Castafiore de l’occulte de notre ami maquillé à la Gene Simmons.
De ce point de vue-là, ce premier album « original » est une franche réussite. Il faut dire qu’avec des années de pratique mimétique et un casting haut de gamme, l’erreur n’était ni permise ni envisageable. Le créneau du Heavy Metal horrifique étant un genre à part entière et assez peu représenté (de façon pertinente il va sans dire), il est toujours très ardu de s’en extirper pour proposer un excellent disque de Heavy Metal à tendance Power, ce que les THEM sont pourtant parvenus à faire.
Et parfois, leur personnalité parvient à surnager dans l’océan d’emprunts qui les noie sous des flots de révérence, comme à l’occasion du très mélodique «Dead Of Night », qui ne doit pas grand-chose à son icône, et qui développe de belles qualités harmoniques à la OPETH/PARADISE LOST sans en avoir l’air.
Enrobé d’une production énorme qui met tout le monde sur le même plan et qui offre une patine brillante à toutes les interventions, Sweet Hollow aligne les hits de l’impossible, et parvient même à intervalles réguliers à faire oublier son but initial.
Mais lorsqu’on tend l’oreille sur des morceaux de bravoure comme l’irrésistible « Forever Burns » (dont la vidéo avait mis le feu aux poudres il y a quelques mois), il est impossible de résister à ce déluge rythmique Power propulsé par le duo Kevin Talley/Mike LePond, sous lequel les guitares incendiaires de Markus Ullrich et Markus Johansson font gronder le tonnerre et déclenchent des feux de joie un peu partout dans la nuit. Le chant de Troy est évidemment très impliqué dans sa personnification du Roi Diamant, mais lorsque le bonhomme laisse de côté ses tics les plus « plagiaires » (ces fameuses notes suraiguës qui précèdent des incarnations graves et macabrement opératiques), il nous séduit de la beauté pure et puissante de ses cordes vocales qui rappellent même le meilleur Michael Kiske (et avec ces « Watch Out, beware » qui traînent de çà et là sur le morceau, comment ne pas penser à HELLOWEEN ??).
Impossible aussi de résister à l’accrocheur « Ghost In The Graveyard », pourtant le plus connoté de l’ensemble, qui sait sautiller joyeusement d’un plan à l’autre, comme un fantôme arpentant les couloirs d’un château une fois minuit passé, et qui ose des harmonies très claires et apaisées, avant d’embrasser la grandiloquence sur un refrain sans complexes, truffé d’arrangements inquiétants. Les riffs sont aiguisés, la rythmique affûtée, tout est en place pour un ballet de l’étrange, qui nous entraîne dans la danse, avec beaucoup d’arrière-pensées évidemment…
Quelques intermèdes pour bien nous plonger dans l’ambiance (le collégial « The Quiet Room » et son carillon doucereux qui accentue le malaise d’un chant vraiment malsain, « Salve » et ses grandes orgues balayées par le vent), mais surtout, de vraies tueries Heavy déroulées par un groupe au sommet de son art qui ne fait pas semblant d’aimer ce qu’il fait, à l’instar du terrible « Blood From Blood », aussi Heavy que Power maudit, ou « The Harrowing Path To Hollow » qui virevolte de riffs tournoyants en arabesques de basse hypnotisantes.
Un dernier morceau épique en diable (« When The Clock Strikes Twelve »), pour plus de sept minutes de condensé des chapitres passés, et qui porte l’œuvre à ébullition dans un enivrant pas chassé progressif/agressif. La lourde porte se referme, nous laissant face à nos choix…Qui sont, comme précisé en amont, multiples…
J’aurais pu comme d’autres démonter l’effort en le résumant à une simple copie impeccable mais sans âme, mais plusieurs facteurs m’en ont empêché. D’une, Sweet Hollow est un excellent album de Heavy à tendance Power, sombre, théâtral, épique, joué par des musiciens d’un calibre certain, qui s’écoute de bout en bout sans jamais lasser. De deux, King Diamond n’ayant pas sorti d’album depuis presque dix ans, et n’ayant jamais réussi à réitérer ses exploits des 80’s, on a bien besoin d’un remplaçant valide évoluant dans le même univers.
Et en outre, la jeune génération n’ayant jamais connu des disques aussi essentiels qu’atypiques comme Them, Fatal Portrait ou Conspiracy n’auront cure de savoir que les THEM sont considérés comme une pâle resucée de l’original.
Alors ne soyons pas plus élitiste que le roi, et sachons nous faire plaisir au son Heavy de cet album déjà maudit, et applaudissons le talent et le respect de musiciens qui ne cachent en rien leur admiration. Et puis, il y a pire comme modèle non ?
Je trouve aussi.
Titres de l'album:
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