Jon Asher, l’homme qui promeut plus vite que Promark, m’a gentiment aiguillé vers un duo canadien qu’il estime d’importance. Fondé en 2019, l’association ARTACH résulte de la rencontre artistique entre Fíochmhar (aka Michael Small, batterie, chant) et Sruthán (aka Geoff Waye, guitare, basse). Les deux hommes ont souhaité développer une vision globale du Black Metal en se montrant allusifs à son passé, mais en restant totalement conscients de ses attentes les plus contemporaines. Et si Jon n’hésite pas à lâcher les noms de VENOM, IMMORTAL, CELTIC FROST, DARKTHRONE et SATYRICON pour situer la démarche de ses poulains, vous pouvez immédiatement laisser tomber ces comparaisons trop génériques pour définir avec acuité les options prises par les deux musiciens. Toutefois, si un savant mélange de l’IMMORTAL le plus emphatique et glorieux et du CELTIC FROST des premières années peut à la rigueur s’appliquer à placer le contexte de « Ice Throne », rien ne saura vous préparer au choc immense que représente le pavé central « Endless Tundra », qui du haut de ses vingt minutes épiques balaie la concurrence la plus directe.
Epique, le mot est lâché, et il est certain que le BM des canadiens est de proportions conséquentes et traite de thématiques en lien. S’acharnant à décrire un univers froid et désolé, les deux comparses évitent les effets de manche les plus faciles, et se basent sur leur sens de l’instrumentation pour suggérer des climats. Après tout, on ne balance pas sur le marché un pamphlet de plus d’une heure pour seulement huit morceaux sans avoir les moyens de ses ambitions, mais le voyage est long, riche, semé d’embuches, mais aussi de satisfactions intenses pour le pèlerin qui déteste son Black Metal prévisible. Produit et mixé par Fíochmhar lui-même, et masterisé par Fredrik Folkare, Sworn to Avenge est donc une longue quête en spirale qu’il convient d’affronter en étant préparé, et rompu à l’exercice du BM le plus progressif et ample.
En tant que triptyque d’intro, « Tuiteam an Duine », « Ice Throne » et « Shimmer » posent les bases, évoquent subtilement les DISSECTION, MAYHEM, HELLHAMMER, BATHORY, et nous préparent au voyage avec beaucoup de pertinence. Les deux acolytes, loin d’être des manches proposent des riffs vraiment persuasifs, des soli convaincants, des enchaînements logiques et très fluides, et leur Metal prend même des proportions plus Heavy et limite Thrash par moments, comme si l’extrême dans un sens global était l’univers qu’ils avaient choisi, plus que le simple BM. D’ailleurs, les premières minutes du monumental « Endless Tundra », très mélodiques et apaisées abondent dans ce sens, avant que le duo ne suive les traces du Viking Metal de Quorthon, avec toujours cette distance prise avec la violence la plus crue et gratuite. Très musical, l’album n’est donc pas qu’une longue agonie programmée, mais bien une description un peu froide de l’univers d’ARTACH, qui utilise tous les codes pour peindre son propre tableau.
« Endless Tundra », placé étrangement en plein milieu de l’album, lui confère une aura nimbée de flou, comme si les deux musiciens tiraient leur meilleure cartouche au moment le moins opportun. Il faut afficher un sacré degré de confiance pour oser vingt minutes de périple alors que l’auditeur doit encore se remettre des trois premiers morceaux, mais grâce à leur science de la construction, Fíochmhar et Sruthán emballent cette suite progressive envoutante dans un déluge d’écho et de riffs très classiques, loin des tourbillons habituels du BM des nineties. Constellé de cassures, de breaks, rythmiquement surprenant, ce morceau est un haut fait de créativité, et ressemble parfois en version très améliorée au classique « At War With Satan », mais composé par des gens connaissant leur boulot, et ayant la technique et l’imagination nécessaires à ce genre d’entreprise.
La musique sur Sworn To Avenge est un mélange froid de sujets concernant la nature et ses interactions avec les côtés les plus sombres de l’humanité. La désolation du monde, notre planète, et l’incapacité de notre société à évoluer en tant que partie de la nature et non en tant que destructrice de tout ce qui s’oppose à elle.
De fait, outre la froideur générale de l’ensemble, on note une humeur assez véhémente de la part des musiciens, qui s’articule évidemment autour d’un chant raclé au-delà de toute humanité, mais aussi autour de parties instrumentales glaciales qui opposent les mélodies les plus délicates aux rythmiques les plus rigides et heurtées. « Into the Frozen Woodlands » illustre d’ailleurs parfaitement cette démarche, avec son faux tempo qui déstabilise et sa guitare qui passe de riffs sentencieux à des licks plus fluides. L’opposition permanente entre la lumière des harmonies et les ténèbres du chant est donc l’un des points forts de cette aventure, mais son ouverture représente aussi un point important. Le groupe avoue emprunter à droite et à gauche de quoi alimenter son inspiration, acceptant le legs du Punk, du Doom et du Thrash pour enrichir son vocabulaire musical.
On sent du VENOM de début de carrière sur le très rageur « She Gathers Leaves», de l’IMMORTAL de légende sur « Mistress of Black Thorns », l’un des morceaux les plus chaotiques du lot, et on se voit offrir un final Ambient, aux mélodies de guitare encore plus prononcées sur le long épilogue « Winter’s End », qui propose quand même un crescendo homérique dans la plus pure tradition de MAIDEN.
Beaucoup de variété donc sur ce second LP des canadiens d’ARTACH et une réelle volonté de s’écarter des sentiers battus sans verser dans l’avant-gardisme ou l’abstrait. Un trait d’union entre le Heavy Metal épique et le BM âpre mais mélodique, et une aventure passionnante à la thématique d’importance.
Titres de l’album:
01. Tuiteam an Duine
02. Ice Throne
03. Shimmer
04. Endless Tundra
05. Into the Frozen Woodlands
06. She Gathers Leaves
07. Mistress of Black Thorns
08. Winter’s End
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