Le 1er mai, c’est la tradition du muguet, on en offre un brin, et puis tout va bien. Et tout sent bon ? Le muguet c’est joli, ces petites cloches blanches évoquent la virginité des grenouilles de bénitiers, mais personnellement, je préfère d’autres plaisirs, comme celui du Thrash. Car le 1er mai de cette année a aussi été l’occasion de découvrir le premier album d’une horde américaine méchamment armée, fondée en 2018. Mais permettez-moi de préciser que l’origine de ce groupe remonte beaucoup plus loin. En effet, en 2004, le batteur James Nicademus et le guitariste/chanteur Jay Johnson, alors âgés de 13 et 14 ans forment le groupe DIAMOND PLATE. Trois ans plus tard, Jay quitte le groupe pour suivre sa propre voie, mais DIAMOND PLATE se fait signer par Earache, label anglais pour lequel il signe deux albums, et tourne en compagnie d’OVERKILL, DEATH ANGEL, TESTAMENT, MEGADETH, D.R.I. et pas mal d’autres références. En 2018, l’aventure continue sous une autre forme, et James Nicademus continue de maltraiter son kit en compagnie de Tommy Denniger d’END OF SANITY, et Sean Coogan de VITRIAL. Le trio se baptise MISFIRE, mais las, Tommy Denniger s’envole vers d’autres horizons. A ce moment-là, et bien décidé à ne pas laisser tomber le coup, James se souvient de son vieux/jeune pote Jay Johnson qu’il appelle à la rescousse. Ainsi, la boucle est bouclée, et MISFIRE devient le prolongement du DIAMOND PLATE des origines, permettant aux deux musiciens de se replonger dans leur adolescence.
Sans surprise, MISFIRE surfe sur la vague de DIAMOND PLATE, et propose un Thrash virulent et efficace. Après deux EP en 2019 (Misfire) et 2020 (No Privacy), le groupe s’autorise donc des ambitions plus marquées, et décide d’enregistrer son premier long en partenariat avec les Fracture Studios. Et après avoir partagé la scène avec des pointures comme IRON REAGAN, SACRED REICH et une poignée d’autres, le trio se sent pousser des ailes et capitalise sur son expérience de la nostalgie pour s’ancrer dans son époque vintage. En résulte un album court, concis, qui sent le soufre et les barils de poudre Bay-Area prêts à exploser.
En une dizaine de titres, le trio (Sean Coogan - basse/chœurs, Jim Nicademus - batterie et Jay Johnson - guitare/chant) survole l’histoire du Thrash américain avec beaucoup de brio, mais se permet aussi quelques allusions à la sauvagerie brute made in Germany. Très classique dans le fond, mais efficace en diable dans la forme, Sympathy for The Ignorant ne prend pas les néophytes pour des imbéciles, et flatte les fans dans le sens du poil. En accentuant son Thrash d’une légère touche de Death, le trio affole les compteurs, joue avec la vitesse et la cruauté, et signe l’une des œuvres les plus remarquables de ce premier semestre. Soyons clair, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ce premier album n’a rien d’original, mais son énergie et sa foi lui permettent de s’élever au-dessus de la masse grouillante des imitateurs appliqués, bien qu’on sente de sérieuses effluves d’INCUBUS et MALEVOLENT CREATION au détour de certains morceaux. Il faut dire que la voix grave et rauque de Jay Johnson permet de souligner la violence d’un instrumental bien huilé, et que les riffs méchamment velus ne se contentent pas des saccades habituelles du genre.
Rapide, fluide, constamment sur la brèche, Sympathy for The Ignorant n’est rien de moins qu’une gigantesque calotte infligée à la mauvaise humeur ambiante, et nous replonge dans le bain d’acide de la fin des années 80. Doté d’une production énorme au mixage clair et équitable, avec une basse qui se la joue subtilement Crossover sans tomber dans la pâle copie, ce premier jet est du genre vitriol en pleine face pour défigurer les hérétiques. On le comprend dès ses premières mesures, bien que la nuance ne soit pas non plus hors-sujet. James et Jay se sont souvenus de leurs débuts adolescents, et ont retrouvé cette complémentarité qui permet à MISFIRE de sonner aussi solide et persuasif. Et le résultat est aussi impressionnant de puissance que malin d‘aisance, revisitant le répertoire de l’orée des années 90, lorsque des groupes comme EXHORDER, DEMOLITION HAMMER poussaient le bouchon plus loin que leurs aînés, sans tomber dans les affres d’un Death trop prévisible.
Parfaitement agencé, parfaitement agressif, doté de parties en mid à faire danser un réparateur de photocopieurs, Sympathy for The Ignorant est un genre de copie parfaite, qui possède une âme propre. Entre des lignes vocales qui se télescopent à grande vitesse, un nombre conséquent de plans par morceau, et une hargne ne se démentant jamais, ces dix titres sont autant d’hommages à la génération des années 80, et si ce premier pas n’en est pas un de géant de son formalisme assumé, il permet de placer les MISFIRE dans le peloton de tête des sprinters du passé.
A vous de vous faire votre propre idée, mais avec des soli tout à fait capables, des breaks qui cassent les vertèbres, une voix sentencieuse qui impressionne, et une facilité déconcertante dans la vulgarisation d’une technique poussée, Sympathy for The Ignorant est une révélation qui mérite d’être considérée en tant que telle. Comme quoi, le destin se charge parfois de rapprocher les âmes sœurs, même celles qui ont des desseins plus sombres que la moyenne.
Du all killer no filler garanti.
Titres de l’album:
01. Fractured
02. Red Flag
03. War of Mine
04. Skin of Mirrors
05. Death Trap
06. No Offense
07. R.I.P.
08. He Said She Said
09. L.Y.S.
10. Sympathy for the Ignorant
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