Si je chronique très peu d’albums de Death Metal, c’est que j’estime avoir fait le tour de la question il y a plus de vingt ans déjà.
Et aujourd’hui, peu de groupes me contredisent dans mon choix de ne pas parler d’eux, puisqu’entre les nostalgiques d’une musique barbare et primaire et les Techno Death metalleux, les Brutal Death metalleux, tous tournent en rond et se mordent la queue, beaucoup moins fourchue que celle de Lucifer, et surtout, un peu à la ramasse derrière un corps pourrissant qui refuse de se laisser exhumer pour reposer en paix.
Qui pourrait contredire cet état de fait ? Les fans évidemment, qui vont me honnir, et peut-être une poignée de groupes plus aventureux que la moyenne et qui ne confondent pas vitesse et précipitation, grognements et hurlements stériles du fond d’une caverne en carton.
Oui messieurs, la brutalité outrancière se gère, se domestique, s’apprivoise, pour la restituer sinon d’une façon créative, au moins suffisamment efficacement pour convaincre les plus réticents.
Mais finalement, le salut attendu des USA ou d’Europe du Nord pourrait venir d’ailleurs. Des Pays-Bas peut-être. D’où mon envie d’écrire ce matin sur l’un des représentants bataves les plus vaillants, mais aussi des plus anciens, SINISTER.
SINISTER, c’est d’abord une carrière respectable, mais chaotique. De l’orée des années 90 jusqu’au début des années 2000, une pelletée d’albums admirables en entame, puis un léger glissement vers un Death de plus en plus sous influences et perfusion externe, bouffant à tous les râteliers Brutal Death environnants au point d’oublier sa propre essence.
D’ailleurs, les fans ne s’y sont pas trompés, louchant sévèrement sur le répertoire des rivaux au point de provoquer le split après un LP hautement dispensable, Savage Or Grace, le plus mal noté de leur parcours, et à juste titre.
Après une séparation de quelques mois, et des ajustements de formation, les SINISTER s’en sont donc revenus avec l’album de la réhabilitation, Afterburner, qui semblait retrouver le souffle épique et brutal de leurs jeunes années. Depuis, les efforts se sont accumulés, au point d’atteindre aujourd’hui le chiffre respectable de 13 albums studio à l’occasion de la sortie ce mois-ci de Syncretism, qui si j’en juge par les quelques réactions observées sur la toile, pourrait non pas incarner la poisse symbolique, mais plutôt le pinacle d’une seconde partie de carrière qui en effet, mérite bien des éloges.
Pourtant, les Hollandais n’ont rien changé à leur approche, ni à leur label. Toujours fidèles aux Allemands de Massacre Records, et à ce Death emphatique qui use mais n’abuse plus d’effets dramatiques et orchestraux, ils continuent leur travail de sape et nous proposent donc une fois de plus de nous intéresser à l’éternelle lutte entre le bien et le mal, dont ils pourraient incarner une sorte de point médian en termes de qualités musicales et instrumentales.
Sauf que pour une fois, tout a été mis en œuvre pour expurger la musique de ses excès les plus dérivatifs, et que l’emphase a été mise sur la pertinence et la puissance.
Si l’on retrouve une fois de plus ces orchestrations épiques qui ont fait la trademark du quintette (Adrie Kloosterwaard – chant, Dennis Hartog & Batiaan Brussaard – guitares, Alesa Kloosterwaard – basse et Toep Duin – batterie), ils sont cette fois-ci parfaitement intégrés aux compositions qui ne les utilisent plus comme simple décorum ou haut-parleur branché sur un au-delà Wagnérien pompeux et superfétatoire. En témoigne la terrassante intro de près de six minutes « Neurophobic », qui développe de beaux arguments pompiers pour instaurer un climat délétère qui prend à la gorge dès les premières secondes, ou même le concassant « Dominance By Acquisition », qui n’hésite pas à incruster des chœurs célestes en pleine débauche de violence crue et impitoyable.
Devenus fréquentables les SINISTER ? Non, ils se vautrent toujours dans l’ultraviolence grasse et compacte, mais pour une fois depuis très longtemps (Dark Memorials restait quand même assez moyen dans l’ensemble), ils sont parvenus à trouver un compromis parfait entre leur boucherie mode pilotage automatique et leurs aspirations de grandeur stigmatisées par des arrangements pertinents qui interviennent toujours au bon moment.
Le résultat attient donc des sommets d’efficacité, qui pourraient d’ailleurs se vouloir pics d’une carrière riche, et coup d’œil dans le rétro, lorsque leur musique n’était pas encore sous assistance respiratoire pour cause d’abus de SUFFOCATION.
D’ailleurs, le « hit » de l’outrance « Syncretism » le prouve sans ambages de son mid tempo écrasant et concassant, qui avance tel un panzer fracassant les rochers de ses chenilles, tout en évoquant de son parcours une évolution naturelle qui suggère une sorte de Death progressif envoutant et occulte, un peu dans une optique à la NOCTURNUS amplifiée de déflagrations assourdissantes. De l’excellent travail qui démontre une fois de plus que les Hollandais ont enfin trouvé le juste milieu entre sauvagerie et mysticisme.
En alertant les titres courts et les plus longues digressions, Syncretism se veut plus créatif et moins roboratif que la majeure partie de la production du quintette, et même les attaques les plus franches et bruyantes ont ce je-ne-sais-quoi de fascinant, tel cet asphyxiant « Black Slithering Mass », qui n’offre pourtant rien de neuf à la cause, mais la présente sous son meilleur jour. Dotés qui plus est d’une production qui offre le meilleur des deux mondes old-school et contemporain, les SINISTER se montrent sous leur lumière la plus aveuglante, parvenant même à faire passer quelques soli plus chaleureux et MORBID ANGEL qu’à l’habitude.
Guitares tronçonneuses et polisseuses, rythmique en coup de fusil qui sait se montrer inspirée, et chant évidemment gravissime, les astuces sont les mêmes, mais fonctionnent à plein régime. Et lorsque le groupe termine son effort comme il l’a commencé, en posant sur les deux plateaux de la balance les bonnes composantes à parts égales sur le final « Confession Before Slaughter », on se dit que finalement, le Death a peut-être encore des arguments à avancer, non en renouvelant son discours, mais en le focalisant sur ses points les plus pertinents.
Syncretism taille dans le gras, mais avec des couteaux affutés. Et du coup, désosse, décharne et présente des pièces de viande rougeoyantes, mais marinées dans une sauce épicée les rendant délicieuses et addictives. On peut avoir fait le tour de la question du steak tartare et quand même continuer à le déguster avec appétit. Surtout lorsqu’il est servi rapidement, mais avec élégance.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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