Je sais que le jour où vous lirez ces lignes, l’année 2019 sera bien avancée, mais aujourd’hui, c’est le 1er janvier. Le premier jour d’une nouvelle année porteuse d’espoir, et pas seulement à titre personnel, mais aussi à un niveau artistique. 2018 fut très chargée, en déceptions comme en confirmations, en émergence comme en déchéance, et espérons que ces douze prochains mois sauront révéler de nouvelles gloires montantes. Mais en attendant, 2019 ou pas, c’est vers 2018 que je me retourne une nouvelle fois, pour me rendre du côté de la Grèce, à Serres plus exactement, et y faire la connaissance d’un « faux » groupe local qui depuis 2012 agite la Macédoine centrale de ses riffs francs et de ses rythmiques massives. Et à l’écoute de ce troisième album, difficile de croire que le projet SCORCHER est le fait d’un seul homme (deux à l’heure actuelle), tant la puissance qu’il dégage et la cohésion qu’il engage évoquent plutôt un effort collectif signé d’un quatuor ou d’un quintet. Mais ne vous leurrez-pas, SCORCHER, en l’état, n’est que le jouet et le plaisir coupable de Vangelis Tekas, qui depuis six ans mène sa barque comme il peut sur les flots d’un Heavy Metal qui ne fait pas semblant d’en être. Rejoint depuis peu par son propre frère à la basse, Chris, le tempétueux leader peut s’enorgueillir de tracer sa route avec une foi sans faille, lui qui a déjà proposé au public hellène via un label national deux longue-durée d’égale qualité. Fondé en 2011 sous le nom de TEX, le groupe s’est vite rebaptisé, juste à temps pour proposer son premier long, le très remarqué Armageddon From The Sky. S’ensuivirent des concerts, des festivals, des ajustements de line-up, et un second chapitre, Steal The Throne, qui de son intitulé ne cachait en rien ses aspirations True. Et Systems of Time, publié en toute fin d’année vient donc compléter le tableau de ses riffs d’airain et de ses lignes vocales nobles, se situant dans la plus droite lignée de ce qu’on l’on pourrait définir comme un Power Metal à l’Américaine. Du Heavy donc, mais traité au prisme de la puissance, de la constance et parfois de la vitesse, pour un nouvel album qui sans peine se hisse au rang de meilleure sortie des grecs, qui affirment ainsi leur suprématie.
SCORCHER en substance, rappelle beaucoup de références. Certaines évidentes, comme PERIPHERY dans les moments les plus techniques, mais aussi la scène de série B US des HELSTAR, LAAZ ROCKIT, VICIOUS RUMOURS, ainsi que quelques allusions plus anglaises, dont les JUDAS PRIEST constituent la principale obsession. Du Metal franc donc, mais surtout, hautement incendiaire, qui peut se reposer sur des qualités individuelles notables, celles de Vangelis Tekas, qui loin d’être un manche manie très bien le sien, tout en peaufinant des lignes vocales flamboyantes dans la plus droite lignée lusophone des ANGRA. Il n’est pas non plus interdit de voir parfois en ce troisième album un Crossover génial entre les CRIMSON GLORY et METAL CHURCH, spécialement lorsque l’inspiration louvoie entre les tempi et les inflexions (« Wired Nature », impressionnant de maîtrise et de fougue par surprise), mais l’emphase de l’ensemble et son lyrisme très insistant en font une œuvre à la majesté indéniable, qui place les grecs en tête de liste des confirmations du mouvement revival Power N’Heavy de ces dernières années. Et ça, « Nightwatch » nous le confirme dès ses premières secondes, en se la jouant STRATOVARIUS déchaîné, plaquant une mélodie pure sur une rythmique capricieuse de vitesse, pour offrir une sorte d’opéra Metal de première catégorie, faisant d’ailleurs étrangement penser à la scène Néo-Heavy asiatique de ces quatre dernières années. C’est incroyablement bien fait, fougueux comme un adolescent en surplus de testostérone, et ça nous plonge dans le bain sans attendre et sans tour de chauffe. Et loin de représenter une accroche en piège destinée à nous faire passer des couleuvres pour des vipères, ce morceau se veut au contraire symptomatique de la démarche générale, et surtout, d’un niveau de qualité que rien ne viendra altérer par la suite.
D’ailleurs, « War Terror » ne prend pas de gants pour nous le rappeler, et mêle la fougue des PANIC aux aspirations mélodiques des BLIND GUARDIAN pour suggérer une nostalgie de circonstance, et nous rappeler le meilleur du Speed des années 80. Les structures de base reposent toute plus ou moins sur le même principe d’alternance entre passages rapides et accalmies harmoniques, pour synthétiser tout ce que le courant Power a pu proposer de meilleur depuis son émergence des mid eighties, et la voix assurée de Vangelis assume le rôle de liant narratif pour que la guitare et la rythmique puissent s’exprimer en toute liberté, nous enivrant de soli tous plus sauvages les uns que les autres. On notera évidemment la pertinence de refrains qui se veulent fédérateurs, et surtout, l’intelligence de breaks tombant toujours pile, mais ne semblant jamais téléphonés. Et ce sont la fougue et la fraîcheur de l’ensemble qui fascinent, puisque malgré des durées toujours étirées (pas grand-chose ne tombe sous les cinq minutes), les morceaux restent passionnants de bout en bout, un peu comme si le principal compositeur n’avait pas à forcer son talent naturel pour toujours trouver la bonne idée. La complémentarité guitare/basse est d’une efficience redoutable, et on se demande même si le tout ne pourrait pas se classer dans une frange progressive, tant les changements de direction et autres facéties techniques nous aiguillent sur cette piste (« Shadowing », riff redondant mais fioritures assez prenantes). Alors, on encaisse, et avec le sourire, puisque malgré le côté démonstratif de l’affaire, l’opération séduction marche à plein régime et qu’une certaine humilité transpire à travers l’enthousiasme. Et même en version plus posée, la magie continue d’opérer, comme le démontre le plus sombre et puissant « Systems of Time ». D’aucuns reconnaîtront un côté plus formel, campés sur leurs positions classiques, mais ces glissements d’une optique vintage à une approche instinctive forment un assemblage diabolique de spontanéité, et c’est finalement la passion qui l’emporte, plus que le flair pour recréer des ambiances traditionnelles qui sonnent beaucoup plus honnêtes que d’ordinaire.
Difficile alors de placer en exergue un morceau plutôt qu’un autre, puisque tous une fois assemblés forment une symphonie d’exubérance totalement assumée, et le tracklisting défile, toujours à bonne vitesse, mais sans rabâcher, tâtant parfois d’un riff Thrash pour catapulter le Metal dans une dimension de classe et de luxe (« Words Like Fire »). La fin de l’album révèle même des prétentions encore plus ambitieuses, et dissimule des trésors d’ingéniosité, entre adoucissements presque FM transposés dans un vocable Power (« Void ») et dédales progressifs aux motifs chaleureux et agressifs. Ainsi, la grosse pièce de résistance « In The End » laisse enfin filtrer une émotion plus tamisée, révélant une fois encore tout le talent de vocaliste de Vangelis, qui en volutes presque Folk nous séduit de ses capacités. Rythmique toujours aussi créative, en rupture de linéarité, pour un crescendo en archétype qui fonctionne à plusieurs niveaux, empruntant à RUSH de quoi rendre aux JAG PANZER, histoire d’honorer le patrimoine européen d’IRON MAIDEN, les rois de ce genre de progression toute en nuance. Ne reste plus à « Remembrance » qu’à clore les débats en s’accrochant au souvenir d’un Heavy épique, assurant la transition entre la NWOBHM des SATAN et la future scène Heavy américaine, et le tour est joué, un diamant sortant du chapeau en lieu et place du proverbial lapin. Ainsi, 2019, grâce à 2018, commence très bien. Espérons que les SCORCHER parviennent à régler ces problèmes de line-up, mais même en configuration réduite, le duo grec assure pour cinq, et nous offre avec Systems of Time l’un des albums les plus incendiaires de l’année passée. Souhaitons-leur une suite des événements tout aussi passionnée.
Titres de l'album :
1.Nightwatch
2.War Terror
3.Shadowing
4.Wired Nature
5.Systems of Time
6.Words Like Fire
7.Void
8.In the End
9.Remembrance
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