Vous avez déjà entendu parler de ces albums qui parviennent à convaincre à la force du poignet. Ces disques enregistrés par des musiciens passionnés, qui n’ont cure de l’originalité à laquelle ils préfèrent l’efficacité, au risque de passer pour des brutes épaisses ou de simples suiveurs sans personnalité. On aime ces albums, en sachant pertinemment pourquoi : parce qu’ils donnent envie de boire un verre avec des potes, de lever le poing sur des refrains fédérateurs, et de partir en virée sans connaître la destination. On pourrait parler d’AIRBOURNE évidemment, d’AC/DC, mais aussi de milliers d’autres combos moins connus qui jouent le Hard et le Heavy comme il a toujours été joué, avec les tripes et le cœur, et pas le cerveau. Les irlandais font partie de cette caste de musiciens qui n’ont ni inventé ni fabriqué la poudre qu’ils font exploser, et qui pourtant parviennent à séduire de nouveaux fans à chaque sortie. Il faut dire que les TRUCKER DIABLO ont toujours clairement affiché leurs convictions. Du nom de leur groupe à leur look, de leurs chansons à leurs tournées, ils ont toujours prôné l’honnêteté et la sincérité sur l’expérimentation fausse et déviante. De fait, aucune surprise que leur cinquième album ne propose…aucune surprise et qu’il se contente d’un Rock costaud joué Hard. Et autant dire que malgré la prévisibilité de la chose, Tail End Of A Hurricane remporte encore la palme de l’album le plus jouissif et enthousiaste du mois.
Tom Harte (guitare/chant), Simon Haddock (guitare), Terry Crawford (batterie) et Jim McGurk (basse) ne vendent rien qu’ils ne possèdent. Ils connaissent leur stock d’idées, assez sobre, et y piochent de quoi agrémenter notre quotidien en bonafide et gasoil de premier choix. A l’image de cette pochette au camion rutilant et légèrement impressionnant, ce nouvel album fait la part belle aux riffs gras, mais aussi aux mélodies vocales malignes. Après avoir tourné avec des artistes comme les FOO FIGHTERS, BLACK STONE CHERRY, RICKY WARWICK, THUNDER et quelques autres pas moins importants, les irlandais ont appris par cœur la recette du hit musclé instantané, sans passer pour des bourrins, ou des camionneurs en mal de reconversion facile. Certes, en entamant les hostilités par un « BTKOR » (Big Truck Keeps On Rollin), TRUCKER DIABLO joue la franchise, et admet immédiatement son parti-pris. Une musique de bouffeur de bitume, le bras à la fenêtre, la bière à portée de main, la main sur le volant, et les oreilles gorgées de décibels. Du Hard à l’australienne, franc du collier, mais qui n’a pourtant pas oublié les concessions des années 80, lorsque le plan était d’introduire le genre sur les ondes.
Ainsi, entre deux charges bourrues, à la poignée de main virile, les irlandais nous proposent des choses plus faciles d’accès, et plus accessibles aux physiques plus fluets. Ainsi, la sensibilité rétro du tube parfait « Rock Kids of the 80's », proche d’un BACKYARD BABIES du week-end permet de ne pas considérer la chose uniquement en termes de consommation de carburant, mais aussi de voyage dans le temps pour retrouver des sensations adolescentes. Collection de riffs à faire pâlir les frères Young, Tail End Of A Hurricane confronte la tradition THE ALMIGHTY au réalisme Rock des FOO FIGHTERS, et se pose en jonction parfaite des époques comme une intersection qui peut vous emmener vers ailleurs, mais aussi vous laisser ici. « Tail End of a Hurricane » démontre que le quatuor n’est pas que graisse et chiffons sales, jurons et bière tiède. Passés maîtres dans l’art de combiner la puissance et la modulation, les quatre irlandais nous offrent une suite de voyage digne de ce nom, un voyage qui passe de la lumière du levant à la demi-pénombre des chiens et des loups, et qui ne transige pas entre la sensibilité et la fougue.
Epais mais léger, ce cinquième tome sait parfaitement quand il doit s’emballer pour rejoindre temporairement le camp des punk-rockeurs les plus débridés (« Insects », du BAD RELIGION survitaminé dans le texte), avant de célébrer la fin d’une longue journée sur fond de guitare nostalgique et d’harmonie sensible (« The Edge of Tonight »). Playlist parfaite d’un trip qui traverse de nombreuses régions pour livrer sa cargaison, Tail End Of A Hurricane vous laisse donc les yeux embrumés dans le rouge des feux arrière d’un camion qui sait dépasser les limites de vitesse quand il le faut mais aussi ralentir pour admirer le paysage.
J’ai toujours apprécié l’authenticité de ces artistes qui savent de quoi ils jouent, et qui le jouent sans détour, mais avec un certain nombre de nuances. Des artistes capables de sinuer entre les divers sentiments suscités par la vie sur la route, qui savent se montrer fragiles quand il le faut, sans en avoir honte. Des mecs qui ne font pas que foncer dans le tas, et qui proposent un Hard Rock de première classe, allusif à toutes les décennies traversées, sans jouer l’opportunisme, ou la séduction putassière à outrance. Ainsi, lorsque le lourd et emphatique « The Trade » passe d’un Post-Grunge à un Hard-Rock de première bourre, le cœur s’emballe et les pédales s’écrasent au sol. Des chœurs unanimes qui jouent fermement la radiophonie, quelques mid tempi pour attirer les plus modérés, mais avec une basse lourde et ronde (« This Burning Heart »), et un sacré talent pour trouver systématiquement LE riff qui s’incruste dans la mémoire bien après l’arrêt pipi de rigueur (« Woodstock to Vietnam »).
Entre burners burnés et tradition adaptée, ce cinquième album pourrait bien être le plus ouvert et équilibré de la bande, et en tout cas, l‘une de leurs plus grandes réussites. Malgré ses cinquante minutes bien tapées, et son riff final à la BLACK SABBATH, Tail End Of A Hurricane fascine, passionne, fédère, et s’impose comme le disque le plus honnête de ce premier semestre. Alors si ces mecs veulent bien vous prendre en stop, ne vous faites pas prier. Le voyage sera agréable, subtilement perturbé, mais vous laissera des souvenirs impérissables d’humanité et de valeurs.
Titres de l’album:
01. BTKOR
02. I Am Still Alive
03. Rock Kids of the 80's
04. Don’t Hold on to Hate
05. Set the Night on Fire
06. Tail End of a Hurricane
07. Insects
08. The Edge of Tonight
09. The Trade
10. This Burning Heart
11. Woodstock to Vietnam
12. Slow Dance
13. Bury the Ocean
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30