Décidemment, la nostalgie fait de plus en plus recette…On la constate dans l’inspiration des séries, d’une poignée de films qui tentent de recréer la magie des années 80, mais surtout dans la musique évidemment, qui n’en peut plus de retrouver l’esprit festif d’une décennie regrettée…De là à tenter de se renouveler, le pas est grand, et certains préfèrent avancer timidement, à reculons, puisque l’avenir ne leur semble créativement pas forcément folichon. Je peux les comprendre, ayant grandi pendant cette tendance, lorsque les enceintes résonnaient des accords exubérants d’une faune bigarrée, qui n’avait d’autre obsession que de festoyer, tout en tassant dans leur poche une grosse liasse de billets. Mais les cotillons, le make-up, les parties de fin de saison, tout ça a de quoi satisfaire même à postériori, et quel postériori d’ailleurs que trois décades qui n’ont depuis jamais réussi à éteindre la flamme originelle, qui brille de plus belle depuis que quelques inconscients ont décidé de se rebeller pour retrouver l’essence même d’une insouciance programmée…C’est le cas de notre ami anglais du jour, qui seul dans sa lande a décidé de tenté l’aventure qui balance, et nous propose donc un album bourré de petites pépites Hard, Sleaze et Glam, pour une grosse demi-heure de bonne humeur qu’il assume seul, mais qu’il a la gentillesse de nous offrir sur un plateau numérique. Cet homme, musicien et poly-instrumentiste s’appelle Rob Lewis, ne s’embarrasse pas de principe, mais connaît ses classiques, dont il récite les leçons sur ce tonitruant Take Life By The Throat And Scream!, qui est plus qu’un LP dans le fond, mais bien une injonction, celle de vous éclater comme si votre vie en dépendait, en oubliant vos soucis, et en vous souvenant des hymnes teen que les héros des années 80 vous hurlaient à l’oreille le matin.
Rob Lewis est donc DEMONS SING OF THE END et DEMONS SING OF THE END est Rob Lewis, ce qu’on a vite pu comprendre en regardant le clip tourné pour illustrer le morceau éponyme. L’homme s’est amusé à se démultiplier via la magie du blue screen, en se présentant comme groupe global et comme concept fatal. Il faut dire qu’il a des atouts dans ses manches, qu’il a relevées pour accoucher d’un longue durée qui tient largement la route, tout du moins aussi bien que des groupes complets qui font semblant de se la jouer. Quatre Rob pour le prix d’un ? C’est un peu la sensation qu’on a en écoutant de petits brulots aux chœurs finauds comme « Anthem for the Last Day of Earth », qui nous replonge dans l’époque bénie du Glam chéri, celui des HANOÏ, des POISON et autres chantres du make-up débordant, mais c’est aussi celui des SLADE et SWEET qui n’hésitaient jamais à mouiller la chemise pour faire tomber celle des filles. Lewis ne cache aucunement ses influences d’ailleurs, et les revendique même, puisqu’il avoue au détour d’une interview qu’un morceau comme « A Soul To Sell » n’est rien d’autre qu’un hommage au film Trick Or Treat de 1986 (avec l’immanquable langue de Gene Simmons dans le rôle de Nuke, et une BO signée FASTWAY, à l’époque en pleine crise Hard Rock mélodique), ce qui permet de situer son inspiration avec précision. Mais si Take Life By The Throat And Scream! emprunte au vocable du passé de quoi agencer son discours, il n’en est pas moins bien à l’aise dans son époque, en termes de production tout d’abord, mais aussi de respirations, puisque si les guitares tapent dans la grande bible du riff efficace, elles n’en gardent pas moins une accroche très contemporaine qui peut aussi rappeler la vague suédoise n’roll des HELLACOPTERS. Une jonction donc, mais surtout, une envie énorme, celle de nous faire bouger, headbanguer, au son de titres simples, mais très intelligemment composés.
Il est même possible d’entrevoir toute l’entreprise comme une adaptation des critères eighties dans un contexte paillard à la Rob Zombie, même si le spectre de la Californie bénie nous menace de son ombre tapie. La voix du leader rappelle d’ailleurs les intonations de notre monstre préféré, alors que sa musique adapte les conditions de vie américaines à la réalité crue européenne (« Crawl Back To Hell »), pour conserver une authenticité Rock qui nous écorche joyeusement les oreilles, et qui ne tombe jamais dans le tape-à-l’œil superficiel. Mais si les morceaux semblent parfois bâtis sur le même moule, la brièveté de l’intervention évite de faire fuir les foules, et autant dire que quand Rob nous trousse un refrain comme détrousse un bandit de grand chemin (« A Soul To Sell »), on tombe dans le piège comme un gamin. Pas de temps à perdre en breaks inutiles, pas le temps non plus de verser dans un sentimentalisme de pacotille, on est ici pour rocker, et on s’éclate comme un damné sur de petites perles brillamment tricotées, qui aménagent des couplets accrocheurs pour nous mener vers des refrains fédérateurs (« City Of Nightmares », de quoi secouer le Roxy jusqu’à une heure avancée), même si la tendresse d’une acoustique à tresses nous prend parfois de revers, sans sombrer dans les travers de larmes de crocodile pervers (« (I'm Not Ready To) Say Goodbye », CINDERELLA et SLAUGHTER dans la même salle de répète qui rivalisent de délicatesse). Alors évidemment, tout ça est convenu, très prévisible et déjà entendu, mais ça fonctionne, parce que l’homme derrière le projet n’est pas du genre à s’y cacher, mais plutôt à assumer une passion pour une époque qui nous manque à longueur d’année. Et lorsque l’énergie explose au détour d’un Hard-Rock vraiment cowbellisé et amphétaminé (« Take Life by the Throat and Scream! »), le spectre des KIX, AC/DC, JACKYL et autres ZODIAC MINDWARP ne tarde pas à montrer le bout de son nez enfariné.
Et avec son cœur de rockeur, Rob a su nous dire je t’aime, comme peu nous ont vraiment aimé, et termine même son exercice de style par un déhanché binaire chaloupé, qui place en avant une basse qui n’en peut plus de ronfler et briller, histoire de nous laisser sur une merveilleuse impression de fête qui s’achève une fois la lumière levée. Cette conclusion se veut clin d’œil ultime en termes de reprise sur le ring, puisque l’anglais s’attaque à l’hymne que Stallone avait cautionné de ses poings serrés, l’œil légèrement mouillé de constater qu’une fois encore, SURVIVOR lui avait accordé sa confiance jusqu’à la mort (« Burning Heart », cover un peu brouillonne niveau son, mais crédible niveau passion). Et finalement, d’un point de vue légèrement dubitatif, nous passons à une satisfaction garantie, et le capital sympathie que nous accordons à Rob Lewis ne sera pas facilement démenti. Seul dans son coin, le musicien anglais nous a brossé un tableau assez bien patiné, au classicisme ressenti, mais à l’énergie assumée, pour une révérence bien tirée, et une bordée de chansons qu’on n’a pas fini d’entonner. Un disque qui paraîtra anecdotique à la plupart d’entre vous, mais qui permet de s’éclater sans se prendre la tête, et de la dodeliner pour continuer la fête. Le parangon du « c’était mieux avant » ? Non, juste un regard en arrière qui conjugue le passé au présent.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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