Je cherchais nonchalamment une chronique facile pour terminer cette matinée, j’ai donc déambulé dans les couloirs des Bandcamp pour m’offrir la primeur d’une nouveauté vintage ou d’un inédit old-school. En tombant sur le cas des THE CRIMSON MASK, je pensais être assuré d’une découverte mineure, de celles qui meublent la catégorie « chroniques » lorsque les mammouths font une longue pause entre deux albums. Mais en écoutant les premières pistes de ce premier album, je comprenais rapidement que j’avais suivi la mauvaise : ces américains étaient tout sauf de simples faiseurs nostalgiques, et leur Death Metal revêtait un caractère inédit qui méritait bien mieux qu’une simple prose automatique.
Trio originaire de Birmingham, Alabama, THE CRIMSON MASK fait partie de ces groupes fourbes qui vous coupent l’inspiration sous le pied de la leur, multiple, complexe et divergente. Power-morbide-trio (Andrew Young - basse, Saíd López - batterie et Allen Eaton - guitare/chant), à l’expérience conséquente (CAITIFF, MECHANYZED, PUDWICH, THRONG OF SHOGGOTHS, AVAVAGO et plein d‘autres), et aux liens ténus (les trois lascars se connaissent bien pour avoir déjà joué ensemble), THE CRIMSON MASK nous offre avec Tales of Mayhem & Madness l’une des plus grosses surprises brutales de ce mois de janvier 2023. Loin des photocopies fatiguées et des discours biaisés par la (fausse) passion, ce premier album se veut oraison d’une vague old-school qui sent de plus en plus la putréfaction, et ose des choses moins évidentes, et osons le terme, « Progressives ».
L’enfer et la folie.
Voilà le programme alléchant que cache cette sublime pochette de Judi Romney, et autant dire que le voyage ne se fait pas sans encombre. Assez proche de l’école américaine de la fin des années 80, et des astuces autrichiennes de la décennie suivante, Tales of Mayhem & Madness se vautre dans le marigot d’une civilisation à la dérive, et prête à suivre n’importe quel messie pour peu qu’il lui promette une fin heureuse et l’impression de faire partie des élus.
Entre AUTOPSY et DEATH (celui des débuts), à côté d’UNLEASHED mais pas trop loin de MGLA, THE CRIMSON MASK n’est ni rétrograde, ni futuriste. Son Death Metal semble intemporel, et sans attache particulière, et les riffs pondus par Allen Eaton sont gras, insistants, obsédants, hypnotiques, et finalement, emblématiques d’une école de pensée contemporaine qui tente de remettre le passé au goût d’un jour plus original qu’un simple hommage.
Ainsi, l’énorme « Peter Trepan (The Picker) » et son jeu de mot habile nous traîne aux confins de la mort, et répète son thème comme un leitmotiv d’agonie. Archétype du morceau redondant à l’extrême, ce titre pose les bases d’une philosophie personnelle, et attaque les sens comme une sale odeur de caniveau qui remonte de l’évier. Truffé de petits arrangements efficaces (flanger, écho, delay, cassures abruptes, silence inquiétants), « Peter Trepan (The Picker) » est un peu la façon la plus pertinente de cuisiner AUTOPSY en compagnie des DISHARMONIC ORCHESTRA, tout en respectant les doses d’un KING CRIMSON. Le mélange et les comparaisons seront peut-être osés mais le résultat est bien là : on ne sait pas à quoi s’attendre, et l’expectative est délicieuse.
Même constat positif pour le ténébreux « Lysergic Acid Deity ». Plus de sept minutes de dérive en noir et blanc, malgré les couleurs d‘une pochette d’un orange flamboyant. Feedback en insistance, atmosphère déliquescente, et une descente de plus dans les abysses pour y découvrir des vices cachés, des démons atterrés et autres créatures résignées. Cette façon d’alterner la vélocité et la lourdeur est l’apanage de ceux qui ont tout compris au genre, et qui refusent de se faire cloisonner dans la petite prison des influencés qui rêvent de devenir influenceurs.
Longue litanie agressive et tendue comme une corde à piano, « Lysergic Acid Deity » est donc l’autre gros morceau de l’album, dominé par la basse ronde et concentrique de Young, qui utilise à merveille le plus aigu de ses graves.
BPM qui s’affolent, vibrato qui décolle, les ingrédients sont classiques, mais leur utilisation plus moderne. Sans vraiment pouvoir définir la démarche du trio US, on craque pour cet art aventurier qui louvoie entre les récifs, à la recherche d’un trésor à la valeur inestimable : l’inspiration.
De l’autre côté du spectre, la bestialité sanguinolente de « Out for a Ride » qui nargue le spectre du Swedish Death, et « Domhan na Súl Marbh », qui joue sur la redondance d’un mid tempo méchamment accrocheur. Le meilleur de tous les mondes donc, pour un tour de force incroyable, conchiant l’apathie de ses contemporains qui la plupart du temps reprennent à leur compte des idées déjà émises depuis des années.
Sans être foncièrement original dans le fond et la forme, Tales of Mayhem & Madness se montre intelligent, et plein de morgue. En découvrant « Old Man of the Desert », on aperçoit un cimetière en oasis dans le désert humain, et en avalant d’un trait « Pariah », on morfle des articulations et de la raison.
Impeccable de bout en bout, ce premier album est bluffant de maturité et de maîtrise. Beaucoup rêveraient d’avoir pondu telle œuvre, même après des années de carrière, mais THE CRIMSON MASK n’en tire aucune gloire déplacée. Juste le sentiment d’un travail bien fait, et d’une bordée de morceaux moins prévisibles que la concurrence.
Finalement, ma matinée fut chargée. Mais je ne regrette rien. Rien de rien.
Titres de l’album :
01. The Old Hag
02. Going Out the Heming-Way
03. Peter Trepan (The Picker)
04. Out for a Ride
05. Lysergic Acid Deity
06. Domhan na Súl Marbh
07. Old Man of the Desert
08. Pariah
09. The Unnameable Horror
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