Après une courte intro orageuse mais mélodique, on est immédiatement happé par la voix infâme de Daniel Santome. De ces voix écorchées au possible qui vous remuent les méninges et les tripes en même temps, pour leur faire épouser des formes hideuses. Tiens, un peu comme celles du légendaire KRAKEN, cette créature mythique aux tentacules voraces agrippant la coque des bateaux pour les faire chavirer et se sustenter de leurs marins. Le choix de ce patronyme a d’ailleurs été tout sauf gratuit dans le cas de ces péruviens, qui en effet, on de faux airs de tornade légendaire surgissant de nulle part pour mettre un équipage à mal. D’ailleurs, l’histoire même de ce trio ce Lima a tout d’une légende. Alors que ce premier album a vu le jour en 2021, le groupe accuse plus de trente ans d’une existence erratique, qui a connu plus de hiatus que de périodes d’activité intense. Pensez-donc, né en 1989, le combo a attendu 2014 pour enfin proposer son premier EP éponyme, et sept ans de plus pour dérouler son premier long, sous la forme de neuf morceaux rageurs et ambiancés.
1989-1990, 1992-1993, 2013-present
C’est ce que vous pourrez lire dans la biographie du groupe sur The Metal Archives, ce qui en dit long sur les accidents connus par la formation. De cette formation d’origine, ne reste plus que Johnny Villacorta, fermement accroché à sa guitare, mais maniant aussi la basse. Et si la photo promo montre les faciès grimaçants de cinq hommes, Johnny et Daniel ne sont soutenus dans les faits que par la batterie de Diego Porturas (EVIL DAMN, MISERABLE, NMK, ROCKER PRIDE, SEBASTIAN BELTRAN'S SEIGNIORY, ZAVOTAGE, NATTHAMMER (live), ex-AKRATEIA, ex-TWO FACE SINNER) depuis trois ans. Power trio ? L’expression est lâchée et colle à la peau de KRAKEN, bien décidé à prendre sa revanche sur ce destin qui visiblement, en a après lui.
Alors, un seul album en trente ans, mais quel album ! Dans un registre Thrash/Death ou Death/Thrash (selon les morceaux/options) de premier choix, les KRAKEN n’ont pas hésité à accentuer l’intensité de leur rage pour nous servir bouillant le meilleur cocktail SODOM/PROTECTOR/DEMOLITION HAMMER/INCUBUS du marché. D’ailleurs, il se dit dans les bars de Lima qu’un seul verre de ce breuvage vous rend aveugle et fou pour le reste de votre vie, comme une absinthe démoniaque frelatée vendue sous le comptoir. Et après un démarrage un peu trop raisonnable, Tales of Terror trouve sa vitesse de croisière, et faites-moi confiance, elle vous amènera à bon port des enfers plus rapidement que Tom Warrior ne dégaine ses légendaires « Huh ! »
Impeccablement produit et mixé pour sonner raw, strié de soli totalement hystériques dans la veine d’un MORBID ANGEL, costaud musicalement et épais rythmiquement, ce premier album laisse exploser une colère saine. On le sent rapidement dans l’échine, lorsque le frisson « Knife Man » vous détruit la colonne de ses BPM, et le spectre d’un Thrashcore épaissi en Death/Thrash à la CRIMSON SLAUGHTER laisse alors traîner ses chaines sur le pont du navire. Très remontés et décidés, les péruviens foncent dans le tas, déroulent leur tentacules pour effrayer les marins, et pourfendent les océans à la recherche de leurs victimes.
Sorte de post-KREATOR qui serait revenu à ses racines les plus crues, KRAKEN ne fait preuve d’aucune empathie, mais de beaucoup de créativité dans la méchanceté. Jamais les derniers à jouer les sirènes via quelques rares arpèges mélodiques annonçant la tempête, les trois musiciens jouent donc la montre, comme si le temps leur était compté. Il l’est d’ailleurs, quarante-deux minutes et pas une de plus, ce qui suffit largement à entrevoir un potentiel monstrueux et diabolique. Car loin d’être de gros bourrins avides de sang frais, ces instrumentistes agencent leurs compositions comme une créature fait tanguer un bateau pour jouer avec, avant de lâcher ses patounettes pleines de ventouses à l’assaut de la coque. On sent le danger imminent sur « The Evil Within », aux nombreuses cassures Heavy et sombres, on le sent se rapprocher de plus en plus sur l’hymne éponyme « The Kraken », qui joue médium avec nos nerfs, avant que la déferlante de brutalité n’explose enfin sur un triptyque final de plus d’un quart d’heure.
Alternant atmosphères poisseuses et riffs Heavy, accélérations brutales et hurlements de bestiole enragée, Tales of Terror est très loin de son homonyme HALLOWS EVE, et prône des valeurs de violence permanente, insidieuse, et terrifiante. Etre ces licks qui prédisent une tempête de tous les diables (« The Lost Mission »), avant de laisser le roulis parler, ces fulgurances qui empilent les nœuds (« The Quest »), et ce final très honnête qui fait office de profession de foi (« When Thrash Prevails » grosse basse et grosse base Thrash germaine), ce premier album est une véritable démonstration, et un avertissement :
Le KRAKEN est lâché, alors un conseil : ne sortez-pas du port.
Titres de l’album:
01. Diablo
02. Knife Man
03. Rise
04. The Evil Within
05. The Kraken
06. The Lost Mission
07. The Quest
08. The Wandering Avenger
09. When Thrash Prevails
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30/11/2024, 08:58
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8 lettres: KHOLOSPVÇa veut dire "coloscopie" en langage mec bourré en fin de soirée.
26/11/2024, 18:14
Je ne suis pas au courant.. il s'est passé quelque chose récemment avec le groupe Al Namrood?
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