J’affirmais il y a peu que plus c’est long, plus c’est bon. Ce qui était valable pour le Doom en général ne l’est pas forcément pour les autres styles. Et dans d’autres contextes. Ainsi, les italiens de BRAINDAMAGE me manquaient terriblement depuis leur silence post The Downfall, sorti en 2016 et qui était jusqu’à aujourd’hui leur dernier message musical. Alors, l’annonce d’un nouvel EP pour cet automne avait réveillé mon ardeur, et surtout, stimulé mon clavier dans l’attente d’un retour probant au premier plan. Un format long eut été plus judicieux, je le reconnais, mais la joie de pouvoir poser mes oreilles sur du matériel neuf était plus forte que mon espoir initial, avant que la sentence ne tombe, comme un couperet.

Tales Of The Secret Wars n’avait rien d’inédit, et se résumait à des relectures de morceaux déjà proposés sur Collapse.

Pourquoi pas, mais la déception est grande. Alors que le groupe ne donne plus vraiment signe de vie depuis presque une décennie, un tel procédé est un tantinet cavalier. Ma mère m’ayant élevé dans le respect de ce qui est donné, j’accueille quand même cette fausse nouveauté avec le sourire. Mais les enfants, s’il vous plaît, faites un effort.

BRAINDAMAGE est l’un des trésors les plus jalousement gardés d’Italie. Présents sur la scène depuis la seconde moitié des années 80, le groupe de Turin jouit d’une réputation immaculée totalement méritée, depuis la sortie de son premier album en 1993. Signal de Revolta offrait en effet le visage étrange d’un Thrash progressif, aux contours métalliques, quelque part entre VOÏVOD et SANCTUARY, avec cette pointe de folie opératique symptomatique des orchestres transalpins.

Depuis, beaucoup d’autres œuvres sont venues compléter le tableau, refermé il y a huit ans sur un long qui montrait les dents. Alors certes, Tales Of The Secret Wars n’est qu’un travail de restauration, comme ces œuvres que l’on dépoussière avec le plus grand soin, mais il renferme cinq compositions jouées avec énergie et envie. Plus simple que WATCHTOWER, moins psychédélique et tordu que VOÏVOD, et en phase avec les convictions christiques de BELIEVER, BRAINDAMAGE a toujours été injustement méconnu, et mérite avec cet EP de revenir au premier plan.

Ces cinq morceaux vont l’y aider justement. Le son est plus dense, plus précis, la guitare plus fine et la batterie en roue libre, et lorsque « 6 P.M. After the War » vient achever la courte aventure, le spectre de Piggy traîne ses cordes du côté de vos tympans. Même volonté de s’écarter du chemin bien balisé de la violence ordinaire, même talent pour transcender des idées simples, même incorporation d’influences externes, pour un résultat extraordinaire qui multiplie les perspectives et les contrastes. Le talent de ce groupe hors-norme éclabousse l’actualité, comme avait pu le faire le dernier EP d’un WATCHTOWER reformé, et si le regret de n’avoir pas pu se faire les dents sur du matériel contemporain est grand, le plaisir d’écouter ces réenregistrement permet de patienter encore un peu.

Mais jusqu’à quand ?

Titres de l’album:

01. Control the Eclipse                     

02. Blind Inside a Tank                    

03. How Could We Fail Now?                    

04. Stalingrad's Beyond the Gate                

05. 6 P.M. After the War

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