Il y a des groupes qui n’enregistrent pas d’albums, mais vous racontent leurs cauchemars. Des cauchemars pas toujours logiques, comme tous les rêves après tout, mais qui vous embarquent dans un monde de ténèbres, de folie émergente ou récurrente, de schizophrénie, enfin de toutes les pathologies qu’un être humain peut avoir à affronter dans la vie réelle et concrète et qui s’amplifient dans un contexte irrationnel.
Les Danois de HEXIS font partie de cette catégorie, et depuis sept ans ou presque, nous entraînent dans leur propre pathos, construit de murs de béton, de parois qui glissent et de portes dérobées, qui s’ouvrent sur un univers Hardcore détoné de Black Metal horrifique, fermant des serrures Post aves des clés industrielles.
Depuis 2010, les parutions s’enchaînent, les démos, les splits, les EP et un seul album au palmarès de la terreur, le séminal et cathartique Abalam, lâché en 2014 à la face de fans maso hébétés de tant de vilénie assumée.
Car cet amalgame de courants virulents, devenu monnaie courante aujourd’hui, avec cette horde de combos se répandant dans un Blackened Core de bon aloi et très à la mode, est symptomatique d’une démarche individuelle et personnelle chez les HEXIS, que personne ne pourra pointer du doigt en invoquant un quelconque opportunisme.
Pardonnez-les messieurs les redresseurs de torts, ils étaient là avant tout le monde. Alors respect.
Une kyrielle de labels dont Halo Of Flies se chargent de propager la bonne parole bruitiste en vinyle, cassette et CD à travers le monde, qui va découvrir avec Tando Ashanti une nouvelle percée dans les tréfonds de l’ignominie, et gageons que peu d’auditeurs sauront vraiment ce qu’ils écoutent.
Car depuis leur dernière livraison, les Danois ont un peu plus brouillé les pistes, un peu plus amalgamé leur brouet pour l’assombrir encore, et vomissent sur la bienséance à grands coups de rythmiques hypnotiques et de riffs répétitifs un torrent de bile/violence à l’intensité rarement atteinte.
Tando Ashanti est donc le type même d’album qui fait mal, qui effraie, mais qui finit par séduire de ses déviances BM Indus traitées et déformées par un prisme Darkcore presque opaque, et finalement sans tain pour mieux observer les réactions hébétées de ceux qui colleront leur spleen dessus.
Mais pas de spleen ici. De la rage, de la fureur, et du bruit, pas toujours agencé, mais toujours concentré et compressé.
Il est certain que certains et certaines regretteront certainement le côté un peu Catchy d’Abalam (toute proportions gardées…), mais on ne peut pas vraiment en vouloir au groupe d’avoir voulu pousser le bouchon encore plus loin histoire de voir ce qui allait se passer…
Mais autant vous prévenir si vous n’avez jamais passé les portes de leur univers, Tando Ashanti est un album vraiment méchant et repoussant, de ceux qui érigent la laideur en tant que dogme de beauté concrète, et qui n’hésitent pas à franchir les barrières Noisy du BM à tendance Indus en jouant le tout d’une énergie résignée qui transforme n’importe quelle tentative Chaotic Hardcore/Mathcore en simple poussée de non énergie larvée. Un disque qui ferait passer GNAW THEIR TONGUES et les délires de Mories pour de gentils hommages à la génération flower-power, avec marguerites dans les cheveux et air niais de rigueur.
Chansons courtes, frappantes, et trois ou quatre longs pamphlets qui enfoncent le clou dans le cercueil déjà pourri de mélodies rachitiques et anémiés, mortes avant d’être nées.
« Ashanti » par exemple, fonctionne sur un bourdonnement de fond en riffs mute, qui se superpose à un chant absolument ignoble, comme vomi des enfers par un Attila Csihar pas vraiment satisfait de devoir partager la vedette avec le malin.
Une version tout à fait individuelle de l’art claustrophobique des GODFLESH associé au manque d’empathie cruel des PRIMITIVE MAN, le tout chassé d’une lourdeur de pas intolérable, vous menant directement au cimetière musical des extrémistes de l’étrange.
C’est moite, sale comme un vieil entrepôt servant de planque à un psychopathe, et pourtant, ça fonctionne, même sur cinq longues minutes de croisement total. Cassures en faux silence strident, jeu de cymbales qui sillent dans les oreilles, et union basse/guitare en totale gravité.
Difficile, mais finalement, assez épanouissant dans l’atrocité.
« Condolium », le plus étendu de tous, ne déroge à aucune règle qui n’existe de toute façon pas, et lance une attaque arythmique, tourbillonnée de guitares qui gravitent en rond, cherchant une queue à mordre pour l’infecter d’un Post BM annihilé.
Variations aux abonnées absentes, chant sous-mixé qui se prend pour un appel Industriel à l’apathie mortelle, et thème unique, répété, asséné, martelé comme un leitmotiv de mort.
« Presagium », et ébullition finale d’un style qui finalement en est plusieurs, avec toujours ce refus constant d’apporter un quelconque éclairage sur la pénombre pas du tout tamisée. Double grosse caisse qui concasse et brise les os, tir de barrage de cordes qui s’unissent dans un même élan sauvage de négation fatale, pour une relecture des pires moments d’un Black plus du tout Hardcore, et ridiculisant les itérations de REVENGE pour mieux redéfinir les contours d’un DØDHEIMSGARD subrepticement débarrassé de ses encombrants oripeaux labyrinthiques.
Mais Tando Ashanti ce sont bien évidemment aussi des fulgurances, sur une poignée de minutes, « Tando », l’ouverture qui pousse le silence dans le dos pour l’accabler de sons dérangeants.
« Molestus », symphonie outrancière qui laisse des percussions tribales post-Industrielles faire le boulot pendant que le reste de la bande s’accroche une fois n’est pas coutume à un motif mémorisable. « Calamitas » qui pousse dans le rouge tous les potards et tente le coup d’une impulsion en cartouches BM qui tombent à terre à un rythme affolant. On pense BILE, on pense BLUT AUS NORD, le tout en version bottom pit, sans la folie, mais avec une réelle envie d’aller beaucoup trop loin, en semant enfin quelques blasts sur son passage.
« Resurrection », qui place l’Ambient malsain à la ABRUPTUM au centre des débats.
Et « Septum » qui ne fait pas grand-chose pour dévier d’une trajectoire en spirale descendante, se rapprochant cette fois encore d’un suicide BM ultime et enfoncé dans la terre humide d’illusions harmoniques fracassées.
Alors non, Ce second LP de HEXIS n’est pas beau. Il est même vraiment horrible lorsqu’on l’écoute les oreilles dans les yeux. Vous le trouverez redondant, malsain, inutile, répétitif, mais je ne peux m’empêcher d’y voir une certaine forme d’absolu dans l’absolu.
Une matrice, une force primale qui pousse le monde dans l’abime.
Et qui vous abime, vous et le monstre qui vous êtes lorsque le monde regarde ailleurs.
Titres de l'album:
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