En parlant d’albums laissés sur le carreau, je tiens à présenter aux STRIKE MASTER mes plus plates confuses. Non pour avoir tâché leur veste avec du jus de kloug, mais bien pour avoir omis de parler de leur sixième album. D’abord, parce que je ressens une certaine affection pour eux, qui a grandi avec les années, et ensuite, parce qu’il s’agit de leur premier effort en six ans, l’éponyme cinquième ayant vu le jour en 2017. Or, quand on déniche un groupe de cette qualité, on honore chacune de ses interventions d’un laïus mérité et soigné.
Car les STRIKE MASTER sont les plus américains des musiciens mexicains. Leur attitude découle clairement des enseignements de la Bay-Area, qu’ils ont pris un malin plaisir à adapter à la sauce allemande, pour devenir une sorte de monstre proto-DESTRUCTION/FORBIDDEN de premier choix. Un golem qui écrase tout sur son passage et qui pourfend de sa boue les réfractaires au Thrash le plus élémentaire. Et le massacre, même quelques mois après sa découverte n’a rien perdu de son aspect choquant.
Un véritable plaisir de retrouver Kmu (guitare/chant), Konspirator (batterie) et Walter Kleinert (basse) qui en six ans n’ont rien perdu de leur puissance et de leur aisance. En à peine plus d’une demi-heure, le trio fait table rase, et excuse son silence de la plus tonitruante des façons. Classique jusqu’au bout des ongles, mais bouillonnant de rage, Tangram Apocalypse est bien l’Armageddon annoncé, et nous pulvérise de ses rythmiques infernales et de ses lignes de chant amorales.
Agressif, percutant, violent mais fluide, entre CRIMSON SLAUGHTER et GAMA BOMB, pour un Crossover tirant plus sur le Thrash que sur la corde à linge Hardcore. Avec un paquet de riffs mémorisables, ce nouveau pamphlet ne fait pas dans le détail, mais réserve quelques surprises plus fines que la moyenne, dont un bon niveau en ralentissements écrasants.
Kmu n’a rien perdu de sa haine vocale, et survole les débats en vociférant comme un beau diable, ou comme un anarchiste en pleine colère. Le frontman multiplie les prouesses brutales, malmenant sa guitare et son micro pour bien asséner ce message traditionnel, mais appréciable. A tous les niveaux.
Tangram Apocalypse se place donc dans la droite lignée de ses cinq grands frères, et nous enthousiasme de son élan. Excellemment bien produit, interprété avec fougue, il incarne la quintessence de cette vague old-school très attachée aux valeurs d’un passé qui ne sera jamais caduque. Et c’est ainsi que « Crystallized » ouvre les hostilités avec son rythme à la SLAYER et ses riffs à la INCUBUS. Radicale et sans pitié, cette ouverture synthétise vingt années de savoir-faire, et une existence entière dédiée aux gémonies d’un style ouvertement brutal, mais qui sait rester musical.
Et si les soli sont un peu perdus dans le chaos, si la basse doit jouer des cordes pour se faire une place, le tout tient debout comme un monument érigé au Thrash le plus enjoué, celui que nous hurlions à pleins poumons entre 1987 et 1990.
Outsider de luxe, le trio mexicain évite de sombrer dans la paranoïa bestiale sud-américaine, et reste d’une précision létale. Les plans, bien que se percutant à vive allure gardent leur personnalité, et le ballet proposé est outrancier, au moins autant qu’un KREATOR soudainement fasciné par les débordements californiens de la première moitié des nineties.
Parfois à la lisière d’un Thrash/Death suffocant, STRIKE MASTER n’en garde pas moins un contrôle total sur sa créativité. J’en tiens pour preuve le très EXODUS/ENFORCED « Here Comes the Incubus », incroyablement syncopé et addictif, qui nous trimbale en arrière vers San Francisco ou Phoenix. Les petits arrangements, sobres mais utiles décorent le sapin avec beaucoup de soin, et les syncopes fonctionnent à plein régime pour permettre au concept d’être plus fluide.
Fluide mais épais et costaud, cela va sans dire.
Et en restant concis, le trio pioche la bonne carte. Difficile en effet de pondre plus compact, et de jouer aussi serré. Avec un flow imperturbable, Kmu stimule ses partenaires, et laisse son phrasé faire le job (« Lost Within Compass »), et les trois acolytes se permettent même un formel « Heavy Metal » sincère, mélodique, en mid tempo ravageur nappé de chœurs rageurs.
La foi de ces trois-là est impossible à remettre en question. Ils ne jouent pas le Thrash, ils l’incarnent de tout leur être, animés d’une passion indéfectible pour ces saccades popularisées par Gary Holt, James Hetfield, Dave Mustaine et autre Mike Sifringer. Sauf qu’une addiction aux BPM transforme cet hommage aux grandes légendes en explosion nucléaire, et « Black to the Future » de teinter notre avenir de noir cendre.
Avec ces éléments portés à votre connaissance, vous savez ce qui vous reste à faire. Si vous n’avez pas déjà craqué pour Tangram Apocalypse il est toujours temps de vous pencher dessus, et d’y trouver votre compte en décibels et autres idées féroces.
Titres de l’album:
01. Crystallized
02. Here Comes the Incubus
03. We Die Tonight
04. Lost Within Compass
05. Heavy Metal
06. Black to the Future
07. Prototype God
08. Save the Fire
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