Mais quel est donc ce son étrange qui agite mes tympans ? Ces sons plutôt, désorganisés, stridents, agencés bizarrement, comme une symphonie jouée faux ou au-delà de toute gamme connue…Le Black Metal se gargarise souvent de sa non-compromission, alors qu’il fait désormais partie du mainstream, comme en témoignent les concerts à guichets fermés, les documentaires, et les films qui lui sont consacrés. Il faut donc aller chercher plus profondément l’esprit originel, sans sombrer dans le chaos du Raw Black ou chuter dans la casse des idéaux expérimentaux.
Qu’est ce qui anime un musicien pour qu’il préfère se débrouiller seul plutôt qu’en groupe ? Problème d’éthique, manque d’empathie, nihilisme de circonstance, ou trop d’idées personnelles pour les partager ? Dans le cas de l’américain Jimmy Hamzey aka Theophonos aka SERPENT COLUMN, plusieurs options se dégagent. Le nombre d’idées évidemment, puisqu’il en faut pour meubler un morceau de plus d’un quart d’heure, mais aussi ce sentiment d’urgence qui vous fait réaliser qu’autrui n’a rien de plus à vous proposer que ce que vous possédez déjà. C’est ainsi que le musicien omnipotent mène sa carrière sur deux projets depuis des années, nous proposant un quatrième album sous ce nom.
Une ode à la lutte contre le temps, les armées occupantes, les conditions météorologiques, les limitations physiques, les influences maléfiques et les courants sociaux.
Jimmy Hamzey affirme en petite présentation que ce quatrième long est un retour aux sources, et surtout, une recherche de sons plus drus, plus rudes, et une mise en place quasiment ascétique. C’est ainsi que ses deux projets se rejoignent aujourd’hui, via les quarante minutes de Tassel Of Ares, et les amateurs s’y retrouveront sans aucun doute. Si la recherche sonore a été privilégiée, c’est visiblement la guitare qui est au centre des débats, et la collection de riffs emballés a de quoi laisser songeur. Mais lorsqu’on laisse son inspiration divaguer pendant plus de dix minutes, il est inévitable qu’elle vous mène dans des endroits obscurs, où la force et la malice sont des vertus cardinales.
C’est ainsi qu’on note de nombreux plans plus fondamentalement Metal sur cet album, qui tranchent avec les longues suites atmosphériques, sans que le projet ne glisse sur la pente de l’Ambient. L’agressivité de l’ensemble, sa force, sa fougue en font un exercice de style très pertinent, et surtout très efficace. Le riff principal introduisant l’interminable « The Long War of Essential Struggle », accrocheur en diable, permet de se raccrocher au traditionalisme, alors que l’essentiel du morceau est constitué de parties disparates, arythmiques, comme un puzzle s’assemblant au hasard, et dépeignant une scène pour le moins abstraite.
Mais SERPENT COLUMN ne se contente pas d’un abus de dissonances pour cacher une misère d’inspiration. Bien au contraire, celles-ci sont rares, et toujours bien placées, s’intercalant dans un espace négatif pour ne pas prendre trop de temps. Cette lutte contre le temps est le cheval de bataille de ce disque, aux thématiques contemporaines, qui n’hésite pas à utiliser des sons étranges et mélodiques pour couvrir le chaos ambiant. « The Long War of Essential Struggle » est donc le point d’orgue d’un travail de titan, et a de faux airs de Free-Jazz trempé dans le fiel du Black Metal, eu égard à cette liberté de mise en place qui surprend toujours.
Mais l’abus d’originalité nuisant à l’originalité elle-même, Tassel Of Ares oppose deux approches, l’une définitivement violente et discordante, l’autre plus contemplative et absconse. Mais il faut être patient pour supporter cet assaut incessant de blasts, de coups de vibrato hystériques, et de lignes de chant qui se confondent avec la rythmique. Les blasts sont incontrôlables, et on a le sentiment d’écouter une nouvelle version des classiques de GORGUTS ou CRYPTOPSY transposés dans un idiome plus norvégien.
On se demande même si la technique est prédominante, ou si la production chaotique n’est qu’un leurre pour imposer un boucan infernal. Mais en tendant l’oreille sur les passages les plus denses, on se rend facilement compte que SERPENT COLUMN suit un chemin bien tracé, et que chacune de ses idées est menée à son terme. Le choix d’avoir inséré au chausse-pied toutes ces mélodies Folk permet d’aérer un ensemble très renfermé, et d’offrir des respirations bienvenues.
Et le son clair de l’épure « In Death I Will Remember the Color of Her Irises » de conclure une fuite en avant, qui pourtant aimerait arrêter le temps. Un paradoxe qui sied à merveille à ce projet, qui se débat dans l’ombre pour y rester, et ne surtout pas être exposé à grande échelle.
Titres de l’album :
01. Reclaiming Decades Erased
02. Unto Works and Days
03. The Long War of Essential Struggle
04. In Death I Will Remember the Color of Her Irises
Ou alors personne n'aurait sorti de flingue, et ça aurait fini autour d'un pastis.
03/05/2025, 16:30
Faut dire quand même qu'il n'y a rien d'plus soulant que de ramasser des putains d'feuilles hein...Surtout si c'est celles de l'aut' con !
03/05/2025, 10:09
Oui je n'avais pas précisé les causes de la mort... C'est tellement cliché comme mort pour un ricain
03/05/2025, 08:34
“According to The Daily Journal, Montana was involved in a dispute with his neighbor in South San Francis(...)
03/05/2025, 08:09
Armé et dangereux, il a été flingué par la police de SF. Visiblement il est allé jusqu’au bout du concept du nom du groupe..
03/05/2025, 08:03
Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)
01/05/2025, 23:51
Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"
01/05/2025, 22:41
Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)
01/05/2025, 21:22
Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)
01/05/2025, 19:06
Le nouveau line-up est top ! Mais le morceau ne me fait pas grimper au rideau... Finalement j'aime Suicidal quand c'est plus Metal que Punk, avec les solis magiques de Rocky George. Bref, je suis un nostalgique, et même si je serai intéressé pour revoir le groupe sur(...)
01/05/2025, 17:54
Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle
01/05/2025, 16:57
Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)
01/05/2025, 09:15
Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...
01/05/2025, 09:11