Titre énigmatique pour un groupe ne l’étant pas moins, et dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à lors. C’est donc du Costal Rica que nous vient ce Power-trio infernal (Marco Leitón González – chant/guitare, Mauricio Rodríguez Sánchez – chant/basse et Elman Martínez Sánchez – batterie) et qui nous offre un longue-durée assez intéressant dans la démarche. Je parlais de ce titre cryptique, qui se réfère évidemment au protocole Internet du même nom, mais qui se veut aussi subtile allusion à la situation mondiale actuelle. Vous pouvez donc interpréter ce codage selon le sens que lui a donné le groupe, « Terror Contra Los Pueblos/Insurrección Popular 2.0 », ce que même les non-hispanisants comprendront assez facilement. Le nom d’INFERNO est quant à lui plus facile à appréhender, comme la musique de ces instrumentistes assez doués, mais méchamment énervés. Nous avons donc droit à une solide charge Thrash/Crossover, soit un extrême raisonnable pimenté de Hardcore, et la quintessence d’une approche métallique radicale. Pourtant, le groupe aussi rageur soit-il reste mesuré dans son attaque, et dévoile un visage colérique typiquement sud-américain, sans la bestialité d’usage. Ici, la précision est de mise, mais pas au dépend de la brutalité. C’est donc un équilibre assez stable qui nous est proposé, et surtout, une méchante collection de riffs pluriels, qui n’hésitent pas à respecter la tradition Thrash US tout en invoquant parfois la fluidité d’un Groove plus contemporain. Pas grand-chose à raconter à propos de ces costariciens, puisque leur maigre bio Facebook ne donne qu’une date de naissance (2008), mais à vrai dire, inutile d’en savoir plus, ces douze nouveaux morceaux donnant suffisamment d’indications sur la philosophie générale.
En autoproduction, INFERNO se débrouille très bien par ses propres moyens, et joue la générosité. Avec presque une heure de Thrash hardcorisé au compteur, T.C.P/I.P 2.0 affiche un débit assez impressionnant. Premier grief à formuler donc, la longueur un peu excessive de cet effort qui finit par devoir en faire pour garder notre attention. Avec une dizaine de minutes de moins, l’effet eut été encore plus percutant, et certains titres, un peu génériques, ralentissent le rythme, à l’image du plutôt linéaire « 43 », au solo malgré tout mélodique et bien troussé. L’optique des musiciens repose sur une alternance rythmique assez bien foutue, et sur une dualité vocale grave et légèrement hystérique sur les bords. On en apprend beaucoup à l’écoute des deux premiers titres, parmi les plus brefs du lot, qui nous brossent le tableau d’un groupe bien dans son époque, conscient des impératifs Thrash classiques, mais qui ne sombre jamais dans la nostalgie gratuite. Leur Thrash est d’ailleurs si intense en ces prémices qu’il se teinte légèrement de Death, ce qu’on remarque lorsque les riffs deviennent plus rigides et froids. La batterie, en pleine bourre nous offre une démonstration de force, et cogne comme à la grande époque de la Bay-Area, se parant parfois d’atours plus solides dans la veine de MACHINE HEAD et SEPULTURA. Mais on ne peut pas toujours éviter les influences les plus marquantes, d’autant plus que les passages les plus rapides nous ramènent à l’âge d’or du Thrash des années 80, avec ces violentes embardées. Le tout s’avale donc assez facilement, laisse un goût assez fort et épais en bouche, et « Consumido » confirme la vitesse de croisière, nous laissant augurer d’un album Thrash symptomatique de la fin des années 80. Mais le trio sait aussi se montrer plus Heavy que la moyenne, et la cassure s’opère assez rapidement, d’autant que les morceaux s’allongent petit à petit.
« Entre Sangre de Muertos », sans retenir les coups, les module un peu pour tenir les cinq minutes réglementaires, et alterne avec flair double grosse caisse assassine et riffs mortels. On aime ce son dur et sans artifices, et cette façon de jouer sur la brutalité sans l’exacerber. En tant que MC, Marco Leitón González assure dans les grandes largeurs de ses saccades précises et de son chant hargneux, au phrasé conséquent et soutenu. Soutenu d’ailleurs par les harangues caverneuses de son collègue bassiste, qui n’est jamais le dernier à grogner pour renforcer l’aspect vindicatif de la chose. Proposant une sorte d’alternance entre la puissance brute et la vélocité sans pitié, INFERNO nous travaille au corps, et lâche les missiles avec précision, se montrant très habile au moment de viser malgré ces syncopes persistantes. « Fe Corrupta » insiste donc sur la furie globale, tandis que « Obsolescencia Programada » commence à insérer des mélodies plus nuancées pour diversifier les propositions. Aussi habiles en sol meuble qu’en terrain sec, les costariciens savent aussi manier la finesse et la lourdeur, lorsqu’ils se rapprochent d’un SLAYER médium obscur et poisseux. On laisse donc le métrage défiler avec plaisir, et l’unité frappe les sens, spécialement lorsque l’ambiance s’assombrit et que le chant va s’arracher le larynx Hardcore pour nous convaincre du bienfondé de ses convictions. Résolument Hardcore hispanique, « Descartado » se la joue lent et oppressant, avec toujours cette guitare qui laisse traîner ses riffs dans l’écho avant d’accentuer la gravité. Toutefois, en fin d’album, les redites viennent à bout de notre patience, en recyclant des plans pas forcément pertinents et légèrement redondants. D’autant plus que les musiciens nous ont gardé au chaud les deux chansons les plus longues en fin de parcours, ce qui n’est pas forcément le choix le plus heureux.
Un peu de tapping sur « Abuso », et toujours ces harmonies sur fond de Heavy/Thrash pesant, une accélération manifeste sur l’épilogue « Infeccion Mundial », qui se démène comme un beau diable pour nous offrir la révolte finale, et l’affaire est pliée. Avec un ou deux segments de moins, ou quelques scories évacuées avec pertinence, ce T.C.P/I.P 2.0 eut été plus convaincant et frappant, mais en l’état, et malgré quelques plans pas indispensables, il reste un album énergique à la croisée des chemins temporels. Belle tentative largement couronnée de succès, pour un groupe encore méconnu qui mérite plus de lumière sur sa contestation.
Titres de l’album :
01. Ixil
02. Consumido
03. Entre Sangre de Muertos
04. Fe Corrupta
05. Obsolescencia Programada
06. Descartado
07. Jauría de Hienas
08. 43
09. Tras las Consecuencias
10. Coltán
11. Abuso
12. Infeccion Mundial
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