Dans les méandres de la production BM actuelle, il devient bien difficile de faire son marché à l’aveugle. Fut un temps où une pochette, un nom ou un label suffisaient à piocher la bonne carte, mais face à la cadence de sorties de l’underground, cette méthode est devenue aussi peu fiable qu’une course d’orientation au feeling. Mais il est encore possible de faire confiance à des maisons de disque pour nous guider, et un produit estampillé du sceau finlandais de Primitive Reaction nous permettra d’éviter une sévère déconvenue. C’est ainsi que les nordiques nous proposent le premier longue durée de l’entité maléfique PRECAMBRIAN, qui s’éloigne des thématiques rebattues du mal et du nihilisme pour s’intéresser de près à la géologie et à la nature. Fondé en 2014 sur les cendres de HATE FOREST, un nom bien connu des fans d’un BM abrasif et sans concessions, PRECAMBRIAN (Première ère géologique de l'histoire de la Terre. Elle commence à la création du globe il y a 4,55 milliards d'années, pour s'achever voilà 540 millions d'années) propose donc ni plus ni moins de continuer le chemin parcouru dans le passé en proposant un Black Metal furieux, rapide, cru et ultraviolent. Déjà responsables de deux EP’s (Proarkhe en 2014 et Aeon en 2016), réunis sous une seule compilation en 2019 (Glaciology), les trois originaires de Kharkiv se proposent donc d’étaler leurs théories sur un premier longue-durée se montrant d’une redoutable homogénéité. C’est ainsi que K (basse), V (batterie) et R (guitare/chant), forts de leurs expériences au sein de combos actifs ou anciens (DELIBERATE CHAOS, DRUDKH, RATTENFÄNGER, WINDSWEPT, BLOOD OF KINGU, OLD SILVER KEY, PRAGMATIK, NECROM), se reposent sur de solides bases pour regarder vers l’avenir sans rien renier de leur présent.
Et pour cause, puisque les trois musiciens se connaissent très bien pour évoluer ensemble au sein de DRUDKH et WINDSWEPT. C’est donc à une formation rodée à l’exercice et anticipant parfaitement les envies de l’autre que nous avons affaire, et les morceaux de Tectonics font montre d’une maitrise parfaite du vocale BM, tirant parfois sur le Raw, mais ne tombant jamais dans les affres du lo-fi. Calant une rythmique implacable à la MARDUK de Heaven Shall Burn sur des motifs de guitare mélodiques, les ukrainiens nous donnent une leçon de stabilité dans la brutalité, et signent cinq tranches de vie sans pitié, tout en évitant les clichés inhérents à leur créneau. Il est évident que l’ensemble aura des allures de monolithe pour le néophyte plus habitué à savourer son Black pluriel, et s’il n’y a rien d’avant-gardiste dans l’art de PRECAMBRIAN, son traditionalisme ne le pousse pas à adopter des postures trop formelles héritées du Black norvégien. La filiation directe avec HATE FOREST frappe évidemment les esprits, et il n’est pas incongru de voir en l’œuvre de PRECAMBRIAN une continuité logique des travaux antérieurs, sans que cela ne choque. Les fans de HATE FOREST sont donc depuis longtemps abonnés à la newsletter musicale des trois musiciens, et autant dire que la charge portée par ce premier LP est rude, malgré un timing d’apparentant à un long EP.
Et cet album est assez dur à décrire avec acuité, puisque les cinq compositions reposent sur le même schéma, avec cette vitesse omniprésente que seuls quelques passages lourds chantés viennent interrompre. Le chant de R, traditionnel et raclé comme à la grande époque rassurera les nostalgiques, bien que le vocaliste ne rechigne pas à aller puiser dans des graves Death de quoi moduler ses inflexions. On reconnaîtra avec lucidité que les riffs sont toujours un peu les mêmes, mais cette sensation d’unicité fait justement la force de ce premier album qui se présente sous la forme d’un bloc de brutalité indivisible. A la rigueur, il serait même possible d’envisager l’œuvre comme un tremblement de terre du aux glissements des plaques tectoniques (logique…), ravageant tout sur son passage et créant des fissures et des trous béants dans le paysage. Le fait que rien ne vienne interrompre cette méchante marche en avant, aucune transition, aucun insert acoustique ou instrumental renforce la cohésion d’ensemble, et si le résultat pourra sembler linéaire à certains, les esthètes reconnaîtront la véritable animosité d’un groupe qui n’est pas près de céder à une quelconque accommodation pour plaire aux masses. En choisissant la brièveté des interventions, le trio a fait le bon choix. Une fois la demi-heure passée, on ressort de l’écoute complètement lessivé, les oreilles épuisées de tant de véhémence, mais cette douleur/fatigue a quelque chose de cathartique, ce que les groupes contemporains ou trop nostalgiques oublient souvent.
Belle réalisation donc pour les PRECAMBRIAN qui proposent avec Tectonics un effort unidimensionnel et redondant, mais suffisamment riche pour ne pas laisser une impression de linéarité stérile.
Titres de l’album:
01. Archaebacteria
02. Fossilization
03. Cryogenian
04. Volcanic Winter
05. P-Tr. Extinction
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