Avec quelques efforts, vous vous souviendrez de cette comédie stupide mais amusante de 1985, réalisée par Rod Daniel, au scénario complètement débile que je reproduis ici :

Un lycéen ordinaire découvre que sa famille descend d'une lignée inhabituelle lorsqu'il se transforme en loup-garou.     

Ce Teen Wolf, avec un Michael J. Fox en lycéen velu a laissé des traces dans le cinéma de série B, a connu les joies d’une suite encore plus absurde, et même d’une série peu recommandable. Et aujourd’hui, il est devenu le titre du dernier album des anglais de GETS WORSE. Voilà pour le contexte Grind.

En fait, pur accoucher de ce nouvel album, les originaires de Leeds ont du se montrer plus patients que la moyenne. Au départ, un projet de 7’’ tué dans l’œuf, les laissant avec un simple titre. Et puis, des allers retours dans le répertoire, des reprises, dans un contexte peu propice à la création, celui de la pandémie de CONVID confinant tout le monde, musiciens compris.

Et puis, entre deux impossibilités d’enregistrer, des adaptations de morceaux, et cerise sur le gâteau, deux membres atteints de la COVID au moment d’enregistrer, GETS WORSE a dû ronger son frein pendant des mois avant de pouvoir nous proposer e nouveau cri, qui résonne comme un écho haineux de leur propre passé…et présent.

Mais en 2022, GETS WORSE est soigné, pas frais ni dispo, mais méchamment en colère, même si le parallèle avec les loups garous n’en est pas pour autant évident. Et d’aucuns se diront que quinze minutes pour un retour après une longue période de frustration, c’est quand même un peu court. Et au vu de la qualité du barouf, on ne saurait dire le contraire.

GETS WORSE en 2022 fait du GETS WORSE mieux que personne, et du Grind de première qualité, à l’anglaise, sombre, méchant, teigneux, aux riffs graves, aux accélérations fulgurantes, à la basse distordue, et à la dualité de chant extraordinaire de fureur. Totalement inscrit dans son époque, Teen Wolf est un exutoire fabuleux aux évènements extérieurs qui nous briment de plus en plus chaque jour, un défouloir extraordinaire de violence, et une façon d’envisager l’extrême de façon cathartique, mais lucide.

Avec seulement neuf morceaux, le groupe s’est recentré sur l’essentiel, et empile les coups fourrés, les passages Mosh et joyeux (« Peer Friends »), mais n’oublie pas en route les blasts affolés et les stridences assommées. Sifflantes, chaos, Noisy, tout y passe et trépasse, pour le plus grand bonheur des fans de bordel organisé. On sent clairement que le groupe avait une revanche à prendre sur son destin, et qu’il souhaitait nous asséner une claque monstrueuse. Alors évidemment, le tracklisting fait la part belle aux saillies immédiates, aux crises de folie Grind aménagées d’une humeur Hardcore sombre, mais il laisse aussi filtrer des choses plus glauques, insistantes et poisseuses, comme ce final lancinant et obsédant « Scaffolding », aux frontières d’un Death/Indus vilain, morne et gluant. Entre GODLESH et FETISH 69, GETS WORSE nous laisse sur une note méchamment pessimiste, mais en adéquation avec son temps, entre catastrophes humaines et climatiques, guerres d’expansion, et racisme pourrissant la société.

Une fois les quinze minutes avalées, j’ai commencé à sentir des picotements sous la peau. Quelque chose me démangeait salement, et ma chienne me regardait d’un air interloqué, alors que je l’imitais hurlant à la lune. Mais cette lycanthropie était plus psychologique que physique. Devenu loup-garou mental, je brisais mes chaînes sociétale pour faire exploser le monde au son d’un Grind touffu et plein de puces.

Boum. Barf. Nonosse. A la niche les boloss.     

Titres de l’album :                                              

01. Five Year Sentence

02. Headbutt Specialist

03. Soz 'Ard

04. Thick Nathan

05. Limb Dragger

06. Retrobate

07. Hard Grafter

08. Peer Friends

09. Scaffolding

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